La Normandie est réunifiée depuis le 1er janvier dernier. Nous nous en réjouissons d’autant plus que c’est l’action de ce Gouvernement et de nos majorités de gauche qui a permis que la Normandie unie (re)devienne réalité.
Hélas, alors que les Normands attendent que cette nouvelle organisation améliore concrètement leur quotidien, force est de constater que c’est encore loin d’être le cas. Au contraire, les derniers mois ont vu une dégradation des services publics dans nos territoires, causée par un désengagement des grandes collectivités normandes. Symbole par excellence de cette Normandie en droit qui peine à devenir une Normandie en fait : le franchissement de la Seine.
Est-il besoin de souligner l’importance de la Seine pour notre région, à la fois cœur démographique, poumon industriel et logistique, écrin environnemental et touristique ? Il est pourtant de plus en plus difficile pour les Normands de franchir leur fleuve.
Premier exemple: les Ponts de Normandie et de Tancarville.
Depuis que la Normandie est réunie, ils sont devenus… plus chers ! Le désengagement des Département du Calvados puis de l’Eure dans la prise en charge d’une partie de l’abonnement des usagers quotidiens des deux Ponts en est une des raisons principales. Près de 2000 familles sont concernées. Certes, les abonnés ont obtenu, par leur combat, gain de cause auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Estuaire. Mais cela ne doit pas masquer le désengagement des Départements du Calvados et de l’Eure, qui ne sont en rien compensés. Là aussi, ce sont les abonnés normands qui paient l’addition. A quoi sert de faire la Normandie si traverser la Seine devient plus coûteux?
En 2005, la gauche au Département de la Seine-Maritime instaurait la gratuité du Pont de Brotonne. Dix ans plus tard, à l’heure de la Normandie unie, le sens de l’Histoire aurait bien sûr été une prise en charge accrue du coût de franchissement des Ponts de Normandie et de Tancarville par les collectivités : c’était la proposition portée dès le 4 juin 2015 par les Présidents de Région d’alors, Laurent Beauvais et Nicolas Mayer-Rossignol, dans un courrier aux cinq Présidents de Départements normands. Aucun des cinq n’avait jugé utile de répondre, à l’exception du Président du Département de l’Orne Alain Lambert qui l’avait fait… par la négative. La Normandie n’a pas besoin de barrières et de frontières, elle a besoin qu’on y facilite les déplacements et qu’on les encourage.
Autre exemple : la menace que fait aujourd’hui planer la droite de Seine-Maritime et de l’Eure sur la gratuité des bacs de Seine.
La fin de cette gratuité (instaurée là aussi par la gauche en 2005), serait une catastrophe pour de nombreux habitants qui ont fait leur choix, personnels et professionnels, en pensant qu’ils pouvaient franchir gratuitement le fleuve, plusieurs fois par jour si nécessaire. Le combat exemplaire pour le maintien de la gratuité du bac de notre collègue Alain Tessier, maire de Quillebeuf-sur-Seine, est révélateur : ce sont des villages entiers qui risquent l’asphyxie. Les bacs de Seine permettent dix millions de traversées chaque année. C’est considérable.
Les Présidents des cinq Départements et celui de la Région, tous de la même couleur politique, multiplient les réunions au sein de ce bien étrange « G6 » censé construire l’avenir de la Normandie réunifiée.
Aujourd’hui, on peut se demander à quoi il sert. Les territoires normands seraient en droit d’en attendre des avancées concrètes et une meilleure articulation des politiques entre les territoires. Rien de tout cela. Le Pont de Normandie est désormais plus cher, la gratuité des bacs de Seine est menacée. Quant à l’ancien dispositif de coopération entre les deux Départements de l’Eure, de Seine-Maritime et la Région Haute-Normandie, le « 276 » réalisé par la gauche et qui permettait de soutenir les petites associations sportives et de solidarité dans de nombreux territoires, il a carrément été jeté aux oubliettes. Avec un peu moins de sectarisme, il aurait au contraire pu servir de modèle et être étendu à l’ensemble de la Normandie.
Nous alertons la droite normande, qui a aujourd’hui quasiment tous les leviers locaux et notamment la Présidence des cinq Départements et de la Région : la Normandie, les Normands ont besoin de services publics de proximité. Le « G6″ doit les conforter, pas les casser. La Seine est notre lieu, notre lien. N’en faites pas un obstacle.
Les premiers signataires :
Nicolas MAYER-ROSSIGNOL
Président du groupe « Socialistes, Radicaux et Citoyens » de la Région Normandie
Guillaume BACHELAY
Député de la Seine-Maritime
Christophe BOUILLON
Député de la Seine-Maritime
Jacques DELLERIE
Maire de Sandouville – Député de la Seine-Maritime
Jean Louis DESTANS
Député de l’Eure
Gilles DETERVILLE
Président du groupe socialiste du Département du Calvados
Philippe DURON
Député du Calvados
Valérie FOURNEYRON
Députée de la Seine-Maritime
Franck GUEGUENIAT
Maire d’Epron – Conseiller régional de Normandie
Estelle GRELIER
Secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales – Conseillère régionale de Normandie
Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil – Conseiller régional de Normandie
François LONCLE
Député de l’Eure
Didier MARIE
Sénateur de la Seine-Maritime
Hélène MIALON BURGAT
Maire de Mondeville – Conseillère régionale de Normandie
Luce PANE
Maire de Sotteville-lès-Rouen – Députée de la Seine-Maritime
Nicolas ROULY
Président du groupe « Pour les Seinomarins » du Département de la Seine-Maritime
Frédéric SANCHEZ
Président de la Métropole Rouen Normandie – Conseiller régional de Normandie
Nelly TOCQUEVILLE
Sénatrice de la Seine-Maritime
Catherine TROALLIC
Députée de la Seine-Maritime – Conseillère régionale de Normandie
Stéphane TRAVERT
Député de la Manche – Conseiller régional de Normandie
Les Conseillers régionaux Socialistes, Radicaux et Citoyens de la Région Normandie