Le Président de la République continue ses consultations au sujet de l’Europe, abasourdie mais loin d’être destabilisée.
Après différents partis politiques de l’hexagone, Jean-Christophe Cambadélis, Premier Secrétaire du PS, était reçu à l’Elysée par le Président de la République, aux côtés de Pervenche Berès, Présidente de la Délégation socialiste française au Parlement européen, Bruno Le Roux, Président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain à l’Assemblée nationale et Didier Guillaume, Président du groupe Socialiste et apparentés au Sénat.
A l’issue de cette rencontre, Jean-Christophe Cambadélis déclarait, sur la situation au Royaume Uni.
Le peuple de Grande-Bretagne a tranché. Il n’est plus temps de finasser. Le divorce est consommé.
Ce n’est plus à la Grande-Bretagne de fixer l’agenda. Il nous faut répondre à l’urgence de l’Europe: la sécurité, la défense, la modernisation et la démocratie. Ce sont les positions du Président de la République, nous les soutenons.
C’est à la gauche européenne de l’assumer car la droite est à terre.
Nous n’oublions pas que M.Cameron était membre de la droite européenne. C’est à la gauche européenne de porter le renouveau. L’Europe n’est pas à terre elle a besoin seulement d’un recommencement et de répondre concrètement aux demandes des peuples.
Jean-Christophe Cambadélis avait déjà, au préalable, fait la déclaration suivante
Le peuple du Royaume Uni a fait le choix de sortir de l’Union européenne. Cette décision, pour regrettable qu’elle soit, ne met pas l’Europe à terre. Elle continue de fonctionner, et il n’y a aucune raison d’ajouter à ce divorce la panique boursière.
L’Europe concentre toujours le plus grand nombre de consommateurs au monde.
L’Europe reste toujours une puissance industrielle et financière inégalée, même sans la City.
L’Europe a un modèle, l’Etat social, que l’on peut critiquer, pays par pays, mais qui est le trait commun, la spécificité de la civilisation européenne.
L’Europe, c’est une culture, c’est une démocratie, c’est une histoire. Ce sont des peuples qui se sont combattus à mort et qui ont fait la paix. Et cela restera.
Nous voilà instruits, en revanche, de ce qui arrive lorsqu’on sème le vent du populisme : on récolte la tempête du nationalisme. Lorsqu’on agite l’immigration, on récolte la xénophobie. L’expérience des conservateurs britanniques devrait inspirer la droite française.
Du fait même des crises européennes – crise de légitimité, crise de solidarité, crise d’efficacité – nous sommes aujourd’hui confrontés à un débat entre le recommencement européen et la résurgence nationaliste.
Le recommencement européen, parce que nous avons bâti l’Union sur des contenants plutôt que des contenus. Nous sommes désormais arrivés au bout de la construction par la norme et de la soi-disant capacité intégrative du Marché. Cette Europe-là est une impasse. Elle produit la désintégration. Nous en avions vu les prémices, avec les élections danoises, puis les élections polonaises.
Les signaux n’ont pas manqué, avec les présidentielles en Autriche, les régionales en Allemagne et en France, les municipales en Italie. Au sein même du Parti populaire européen, cet esprit de revanche gagne du terrain, comme Victor Orban en Hongrie. Derrière ces contestations souverainistes, le nationalisme avance masqué. Il finit toujours par lancer les peuples les uns contre les autres. Mme Le Pen ne manque pas à l’appel : elle se précipite donc pour transformer la présidentielle en référendum pour ou contre l’Europe. C’est un peu court, mais la pauvreté de son programme l’explique aisément.
Les socialistes ne se déroberont pas. Ce que nous voulons, c’est recommencer l’Europe et faire barrage au nationalisme, en France comme en Europe.
Recommencer l’Europe, c’est concentrer son action sur les questions qui nécessitent la mutualisation des nations : la sécurité, la défense, face au terrorisme. La modernisation industrielle, la protection de la diversité culturelle. Tout cela porté par un New Deal écologique.
C’est ce que le Président de la République a ébauché. C’est ce que le Conseil européen devra adopter.
Depuis vingt ans, l’Union s’occupe de son élargissement. La voilà confrontée au rétrécissement. Le divorce avec le Royaume-Uni est là, il prendra le temps qu’il faudra, mais ce n’est plus à la Grande Bretagne d’en fixer l’agenda. En tout cas, il ne doit pas occuper notre énergie, ni entraver notre action. Nous devons nous tourner vers l’avenir. C’est ce que feront les socialistes. Les 7 et 8 juillet, je réunirai à Paris l’ensemble des partis sociaux-démocrates européens et je soumettrai ce plan d’action à nos partenaires.