L'Outsider // De Christophe Barratier. Avec Arthur Dupont, François-Xavier Demaison et Sabrina Ouazani.
Christophe Barratier, à qui l’on doit le succès de l’année 2003 Les Choristes et l’une des deux dernières adaptations de la Guerre des Boutons en 2011, revient ici avec l’adaptation de l’histoire de Jérôme Kerviel. Le registre est complètement différent. Les décors le sont eux aussi. Lui qui était plus habitué par les histoires d’époque, se retrouve ici en plein milieu du quartier de la Défense à Paris. Ces tours de verre, ces plans panoramiques depuis la tour de la Société Générale, etc. La première fois avec L'Outsider c’est que j’ai été assez surpris de la façon dont l’histoire est adaptée. Certes il y a une chronologie qui suit plus ou moins ce que l’on peut attendre d’un biopic mais c’est un peu plus que ça. Cela se transforme très rapidement en thriller financier au rythme de folie. On vit comme Kerviel et ses frayeurs avec les fluctuations des marchés. Il a tout de même été le seul trader a pouvoir gagner 1.4 milliards d’euros. Le film nous montre alors comment Kerviel a pu faire toutes les opérations qui ont conduit à sa perte et comment cette machine qui l’a détruit l’a aussi complètement déconnecté de la réalité.
On connaît tous Kerviel, l’opérateur de marchés de 31 ans dont les prises de risque auraient pu, en 2008, faire basculer la Société Générale - voire même le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais que sait-on de Jérôme ?… Entré dans la banque par la petite porte en 2000, personne n’aurait pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Et Jérôme Kerviel va gagner ses galons et sa place en apprenant vite. Très vite. Jusqu’à fin 2007, il sera dans une spirale de réussite : « une bonne gagneuse », « une cash-machine » - comme le surnommaient ses collègues…
Ce que j’apprécie avec Christophe Barratier c’est le fait qu’il n’ait pas vraiment choisi de faire de Kerviel ou de la Société Générale le méchant loup de l’histoire. Ce n’est pas un film qui prend parti, c’est au contraire un film intéressé par les faits et le fait que d’un côté certains ont joué les aveugles et le héros est devenu complètement fou à cause de l’argent qu’il pouvait faire gagner à la Société Générale. Ce n’est pas le premier film sur le monde de la finance qu’il y a eu en France. L’avantage de ce film est donc de nous faire vivre une folle course pour de l’argent face à des écrans. Mais le film n’oublie pas de rabâcher là aussi tous les poncifs qui vont avec l’argent (boire constamment du champagne, les clubs de strip-tease de la capitale, les belles voitures, etc.) tout en reconnectant le reste à la réalité avec Kerviel. Ce dernier est un gentil loup qui gagne de l’argent mais qui ne pense pas nécessairement à son confort personnel. Il aurait pu vivre dans un magnifique appartement dans Paris alors qu’il est resté dans un petit appartement à 200 000 euros (ce qui est légèrement moins que son bonus pour la 3ème année de trading). Bien entendu, Barratier est peut-être par moment la faiblesse de son propre film.
Ce n’est pas Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) mais je trouve qu’au fond la recherche est ici légèrement différente. On est loin de l’image superficielle et le film se concentre donc sur tout un tas d’autres choses. On aurait pu espérer aussi que les dialogues soient peut-être un peu mieux travaillés et nous plongent un peu plus dans cet univers mais grâce à Arthur Dupont et le reste du casting, L'Outsider s’en sort plutôt bien et nous propose donc un petit thriller sympathique qui saura divertir plus d’un spectateur. On aurait surtout apprécié que Christophe Barratier apporte un vent de modernité dans son film, cela aurait eu le mérite d’être beaucoup plus intéressant à mon goût.
Note : 6.5/10. En bref, un thriller financier bien sympathique.