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Outcast (2016): prisonnier du genre

Publié le 01 juillet 2016 par Jfcd @enseriestv

Outcast est une nouvelle série de 10 épisodes diffusée depuis le début juin sur les ondes de Cinemax aux États-Unis et HBO Canada avec quelques jours d’intervalle. Le titre fait référence au personnage principal Kyle Barnes (Patrick Fugit) qui est en dépression depuis quelques années depuis qu’il a été abandonné par sa famille. En effet, traité par les habitants comme véritable paria, il finit néanmoins par s’associer avec le révérend Anderson (Philip Glenister), lequel lutte contre le démon qui s’empare d’âmes innocentes et inflige des dégâts irréparables. Si le jeune homme parvient à guérir certaines des victimes, c’est d’abord et avant tout un voyage dans son passé qu’il effectue en essayant de panser autant que possible ses plaies. Adaptation d’une bande dessinée éponyme et création de Robert Kirkman (The Walking Dead), Outcast pique notre curiosité dès le premier épisode, mais peine à livrer la marchandise dans les deux suivants. Enquêtes brouillonnes, violence excessive : on en vient à se demander si le thème de l’exorcisme n’est tout simplement pas d’une autre époque avec les récents échecs et ses codes trop rigides.

Outcast (2016): prisonnier du genre

Le seigneur n’intervient plus

Dès le départ, nous retrouvons Kyle qui a manifestement touché le fond du baril. Il vit reclus, la maison est dans un désordre épouvantable et la ville lui a même coupé l’eau. De ses échanges avec Megan (Wrenn Schmidt), sa bonne amie et conseillère en orientation, on comprend qu’un juge lui a interdit de revoir sa femme et sa fille et que cette décision serait survenue après une crise de folie du principal intéressé. D’ailleurs, sa propre mère succombait souvent à ce genre d’excès : l’œuvre du diable paraîtrait-il. Ce phénomène semble courant dans la ville puisque le révérend Anderson a souvent dû exorciser des paroissiens : on ne sait si au cours des années ce fut fructueux, mais toujours est-il que dans le présent, ses incantations n’opèrent plus. C’est que dernièrement, un jeune garçon a été pris d’accès de rage et Kyle a réussi à l’exorciser, ce qui l’a en quelque sorte redonné confiance en lui, mais depuis, il n’est pas parvenu à répéter cet exploit, notamment sur sa mère qui séjourne en permanence dans un hôpital, aussi vive qu’une plante verte et sur un policier qui a tué sauvagement la femme de son meilleur ami. Néanmoins, Kyle et le révérend ne baissent pas les bras, tandis que la police enquête sur des phénomènes plus qu’étranges : l’œuvre de sadiques ou du diable?

Les séries sur l’exorcisme forment toujours un mélange dans lequel le surnaturel, horrifique bien entendu, vient perturber la réalité et sans s’écarter de cette prémisse, Outcast se révèle très efficace, et ce, dès les premières minutes à commencer par le superbe générique qui nous montre une ville endormie, mais avec des plans tous à l’envers. Tout de suite après, l’on voit un gamin se cogner la tête sur le mur, manger un insecte puis son doigt, le tout, avec une bonne dose de sang bien entendu; de quoi satisfaire les amateurs du genre. Le personnage de Kyle aussi est intrigant avec son lourd passé, ses zones d’ombre et le fait qu’il cherche à se réconcilier avec lui-même. Par contre, notre intérêt diminue fortement au cours des deux épisodes suivants. Pour une fois, on se serait peut-être accommodé d’une série procédurale avec un cas d’exorcisme chaque semaine et une guérison par Kyle et le révérend, mais ces deux-là se révèlent impuissants dans leurs tentatives de guérisons et Anderson à l’air particulièrement ridicule avec son crucifix, son livre de prières et ses incantations qui ne changent rien à l’état de leurs patients. De plus, près de la moitié des épisodes sont entrecoupés d’enquêtes policières obscures qui ne semblent pas avancer non plus, comme la mort de plusieurs ratons-laveurs que l’on a dépecés…

Outcast (2016): prisonnier du genre

Et étant donné que chaque cas est unique, les actes perpétrés par les victimes du démon représentent en quelque sorte plusieurs problèmes réels de la société comme la violence conjugale ou envers les enfants, les déviances sexuelles ou encore la maniacodépression. Tant qu’à y être, on aurait dû mettre l’accent sur ces différentes métaphores, entendre davantage le point de vue des victimes collatérales et si possible de trouver des moyens de guérison alternatifs, mais pour l’instant, Outcast peine à trouver sa ligne directrice, alors…

L’excessive Cinémax

Cinémax n’a pas produit beaucoup de séries originales, mais disons que les siennes ne font habituellement pas dans la dentelle. Le mot d’ordre : exagération, qu’il s’agisse de sexe (Lingerie (2009)), de violence (Banshee (2013)) ou encore de gore dans The Knick (2014) avec ses opérations chirurgicales début XXe siècle qui nous donnaient parfois des hauts-le-cœur. Une série comme Outcast sur l’exorcisme ne fait pas exception à la règle. On voit par exemple le révérend ou Kyle asséner de coups de pieds un petit garçon ou encore la mère du protagoniste dans les flashbacks l’agripper violemment par les cheveux : ce genre de violence brutale est justifiée dans le scénario puisque l’on combat le diable ici. Reste qu’on n’a droit qu’à quelques moments choc et que la mise en scène « d’horreur » qui se limite à des cris de corneilles et des prises de vue automnales alors que la nature est pour ainsi dire en « repos » n’est pas suffisante pour créer un état de tension permanent chez le téléspectateur.

Outcast (2016): prisonnier du genre

Damien, Rosemary’s Baby, Constantine et même Midwinter of the Spirits en Angleterre : toutes ces séries traitant de près ou de loin d’exorcisme n’ont pas fait long feu autant du côté des critiques que du public. Et Outcast ne fait pas exception à la règle : 152 000 téléspectateurs ont regardé le pilote en direct avec un maigre taux de 0,06 chez les 18-49 ans. Il est vrai que celui-ci avait été mis en ligne 2 semaines avant sa diffusion à la télévision, mais c’est à peine si ça a servi à mousser l’écoute en direct puisque la semaine suivante, on comptait un léger gain pour un auditoire de 193 000 (taux de 0,07) pour redescendre en semaine #3 : 170 000 (taux de 0,06). À titre d’exemple, la saison finale de Banshee fédérait 377 000 téléspectateurs pour un taux de 0,12. On est loin du succès espéré, mais qu’à cela ne tienne : Cinwmax, avant même la diffusion de sa nouveauté a annoncé qu’elle aurait droit à une seconde saison.


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