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L’histoire derrière les folles photos de Mohammed Ali avec les Beatles

Publié le 02 juillet 2016 par John Lenmac @yellowsubnet
L’histoire derrière les folles photos de Mohammed Ali avec les Beatles

En 1964, personne n’aurait parié qu’Ali et les Beatles deviendraient deux des plus resplendissants monuments de la culture occidentale. Cinq décennies plus tard, cette série de photographies prend un sens historique.

En février 1964, le monde occidental est encore englué dans le passé. La ségrégation raciale est toujours en vigueur aux Etats-Unis, où les héros de la musique populaire sont encore Frank Sinatra et Elvis Presley. Le 18 du mois, deux champions du nouveau monde en construction se rencontrent. À gauche, un jeune boxeur de 22 ans originaire du Kentucky, Cassius Clay, qui abandonnera son “nom d’esclave” un mois plus tard en se convertissant à l’islam. À droite, quatre gamins aux cheveux longs issus des quartiers populaires de Liverpool, arrivés onze jours plus tôt pour conquérir l’Amérique des salles de concerts et des plateaux télé. Organisée par la promotion des Beatles, l’entrevue, immortalisée par les clichés mythiques du photographe écossais Harry Benson, a bien failli ne jamais avoir lieu.

“Cette grande gueule qui va perdre”

Star montante de la boxe US, Cassius Clay n’est pas encore Ali. Pour devenir champion du monde, il doit battre un géant, le tenant du titre Sonny Liston. À Miami et partout dans le monde, l’issue du clash ne fait aucun doute : Liston est le favori à 7 contre 1. En pleine promo, John Lennon veut lui aussi miser sur le bon cheval, et refuse de rencontrer Clay : “Cette grande gueule qui va perdre.”

Seulement voilà, Liston, qui n’a jamais entendu parler des Fab Four décline lui aussi. Lorsque le groupe se pointe à son centre d’entraînement, il leur jette un regard méprisant et balance : “Je ne pose pas avec ces chochottes.” Vexés, les Beatles remontent dans leur limousine et se rabattent sur le QG du futur Mohammed Ali.

À peine mieux traité, le groupe est poussé dans les vestiaires par la sécurité, qui verrouille la porte à clef. Envoyé par le New York Times pour couvrir l’événement, Robert Lipsyte se retrouve enfermé avec eux. Le journaliste fait la conversation, et demande un pronostic aux popstars qui prédisent une victoire par KO au premier round pour Sonny Liston. Il se souvient :

“Je ne savais pas du tout qui était les Beatles ou ce qu’ils allaient devenir. C’était des petits gars avec beaucoup de cheveux qui portaient tous des vestes blanches en tissu-éponge. Ils gueulaient et se plaignaient parce qu’on venait de leur dire que Clay n’était pas encore là et ils voulaient partir.”

Les Beatles comme des gamins

À ce moment là, le boxeur est la vraie star, et non le groupe de pop étranger, débarqué du Vieux Continent. Au bout de 15 minutes, Cassius ouvre la porte. “C’était la plus belle créature qu’on avait jamais vu. On oublie à quel point Cassius Clay était grand (1,91 m, ndlr), parce qu’il était si parfait. En riant, il leur dit ‘Allez les Beatles, allons faire de l’argent !’ Et ils l’ont suivi comme des gamins.”

Dans une salle pleine à craquer, les cinq légendes montent sur le ring, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Clay donne un faux coup de poing à George Harrison, qui s’écroule, les trois autres l’imitent en tombant comme des dominos. Le boxeur prend Ringo Starr dans ses bras comme un bodybuilder soulevant une pin-up, puis les Beatles s’allongent, mimant la terreur sous le corps immense d’un Cassius Clay levant les bras en signe de triomphe.

À la fin du shooting, les quatre de Liverpool remontent dans leur limousine, et le kid de Louisville s’entraîne devant un parterre de fans ayant déboursé 50 cents pour l’admirer. Lipsyte conclut : “ Il sont retournées à leurs affaires et lui aux siennes. Puis quelques minutes plus tard, il (Clay) m’appelle et me dit ‘C’était qui ces petites chochottes ?’”

Une semaine plus tard, Cassius Clay vient à bout de Liston qui abandonne au bout de six rounds. Exalté, il danse au milieu du ring en scandant “I am the greatest”. En 1973, Ringo Starr sort un single justement intitulé I’m The Greatest.  Les paroles ne sont pas signées par le batteur, mais par John Lennon, définitivement meilleur songwriter que parieur.

Publié le: Samedi 2 Juillet 2016 - 02:30Source: lesinrocks

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