Charente-Maritime : le retour des algues vertes sur les côtes
Publié le 04 juillet 2016 par Blanchemanche
#alguesvertes #LaFlotteenRéPubliéle 04/07/2016
par Alain BabaudPlage de l’Arnérault, la pelle mécanique de l’Association des étangs et marais de l’île de Ré passe tous les jours, depuis une grosse semaine, pour enlever le tapis d’algues vertes.© PHOTO PASCAL COUILLAUDLes algues vertes, potentiellement dangereuses, déferlent à nouveau sur les côtes charentaises-maritimes. À La Flotte, particulièrement touchée, le nettoyage est quotidien.
Les pelles mécaniques à godet sont de retour, depuis quelques jours, sur les plages de l'Arnérault et de la Clavette, à La Flotte. Le matin, à marée basse. Parfois le soir, aussi. Les marées d'algues vertes de l'été sont de retour, en effet, sur le littoral charentais-maritime. Et la petite commune rétaise, dont la baie vit au rythme du pertuis breton, renoue avec ce qui constitue pour son maire, Léon Gendre, « une hantise ». « Je n'ai pas honte de le dire. À chaque marée, je viens voir ce qu'il en est. Ces algues vertes, c'est un vrai problème de salubrité publique ! »Et pour cause, ces ulves particulièrement présentes en Bretagne sont riches en hydrogène sulfuré, un gaz qui présente deux inconvénients majeurs. À petite dose, il sent très mauvais. D'ailleurs, les « boules puantes » d'antan en contenaient. Et à forte dose, il est potentiellement mortel pour l'homme comme pour les animaux. En 2009, on se souvient que les algues vertes avaient ainsi provoqué la mort subite d'un cheval en promenade, sur une plage bretonne des Côtes-d'Armor.L'algue devient toxique par putréfaction et concentration, lorsque le dépôt atteint une certaine épaisseur (15 à 20 cm). Mais elle dégage très vite une mauvaise odeur. Quand il y a des commerces ou des logements autour, c'est un problème. Par ailleurs, les touristes rebutent à traverser un tapis vert, même léger, avant de faire trempette.
Une facture de 91 000 euros
À La Flotte, Léon Gendre a donc demandé à l'Association des étangs et marais de l'île de Ré que préside Jean-Bernard Ansoud de procéder à un nettoyage quotidien, en saison, des deux plages locales. L'an dernier, la mairie a ainsi évacué 1 992 tonnes d'algues vertes (avec une certaine proportion d'eau), un record ! Pour un coût de 91 000 euros qu'elle supporte seule.La Communauté de communes de l'île de Ré n'intervient pas en la matière. Le sujet a été abordé par Léon Gendre, jeudi, en réunion de conseil communautaire. Le maire considère qu'il s'agit d'un problème qui dépasse sa commune. Mais la position intercommunale reste inchangée. La dépense ne peut pas, non plus, entrer dans le cadre de l'écotaxe qui profite à l'île grâce au péage du pont. Mais surtout, la facture augmente. En 2014, le total des prélèvements n'était que de 850 tonnes. Alors, bien sûr, les marées vertes dépendent des courants et des vents dominants. Mais l'avenir inquiète.
Les nitrates agricoles
La Flotte n'est pas la seule commune rétaise touchée. Des algues s'amassent également du côté de la plage de cailloux de Vert-Clos, à Saint-Martin. La mairie les laisse repartir avec la mer, considérant qu'il ne s'agit pas d'un lieu très fréquenté. Des opérations de nettoyage ont également eu lieu, à Loix-en-Ré et La Couarde-sur-Mer, ces dernières années. Seulement ponctuelles.La commune le plus souvent et durablement touchée reste bien La Flotte, par son exposition aux éléments naturels, la forme de son littoral… Au grand dam de son maire, qui pointe volontiers du doigt les engrais et pesticides chimiques de « l'agriculture intensive » située en amont de l'estuaire du Lay et de la Sèvre niortaise.En s'écoulant dans les cours d'eau, les nitrates déversés dans les champs (y compris aux abords immédiats d'un site classé comme le Marais poitevin,) ou issus des élevages de porcs arrivent forcément jusqu'en bord de mer. Là, les algues marines en suspension dans l'eau jouent leur rôle écologique, en les absorbant massivement. Résultat : elles prospèrent, se multiplient, avant d'être poussées par les flots vers les côtes. Ironie du sort. C'est l'agriculture qui les récupère in fine. Sèches et enfouies dans la terre, les ulves constituent un très bon engrais « naturel ».La mairie de La Flotte écoule donc ce qu'elle prélève auprès d'un maraîcher et d'un agriculteur bio de la commune. Quand l'agriculture intensive sert, sans le vouloir, les intérêts de l'agriculture respectueuse de l'environnement…
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