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L'encensoir de l'Elysée

Publié le 17 juin 2008 par Malesherbes
Lors du Conseil des ministres du 11 juin a été annoncée une progression de 8,4% du budget de l’Elysée entre 2006 et 2007. Cela nous a valu cet impérissable commentaire de M. Chatel, porte-parole de l’Elysée : "Effectivement, il y a 8% d'augmentation des dépenses, mais pour 300% d'activité en plus".
Il y a quelques semaines, notre Président s’était montré prompt à manier les décimales pour s’enorgueillir du fait que la croissance en 2007 s’était élevée à 2,2% alors que les sachants avaient prévu une valeur de 1,9%. L’aimable M. Chatel néglige quant à lui les décimales pour ramener 8,4% à 8%. Mais ce n’est encore que brise légère comparé à sa deuxième affirmation. L’augmentation du budget est une valeur avérée, qui a d’ailleurs pu être minorée par d’astucieux maquillages : affectation de tel voyage au budget des Affaires étrangères, de tel autre à celui de la Justice et ainsi de suite. Mais il faut être totalement inculte et surtout grossièrement malhonnête pour comparer ces 8,4% à un 300% d'activité en plus tiré d'on ne sait où.
Ecoutons-le poursuivre : "Les déplacements en province ont été multipliés par trois, les déplacements à l'étranger ont été multipliés par deux ". Apparemment ce monsieur ignore tout des mathématiques, à l’image de notre ministre de l’Education qui a montré qu’il ne savait rien de la règle de trois, outil pourtant indispensable pour qui veut calculer des pourcentages ou au moins comprendre ce qu’ils signifient. Apprenons-lui donc qu’augmenter une grandeur de 300% revient à multiplier sa valeur par quatre, tout comme la doubler consiste à l’augmenter de 100%. D’autre part, comment mesure-t-il l’accroissement des déplacements, en nombre, en temps passé, en kilomètres parcourus, en taille cumulée de la suite, en effectifs policiers mobilisés, en volume des applaudissements, en nombre de personnes vues ou empoignées, en butin de stylos ? Et où a-t-il vu que des déplacements incessants étaient un signe certain d’activité ? C’est possible, mais ce peut être aussi de l’instabilité, une incapacité à rester en place et à travailler sérieusement sur des dossiers.
Et M. Chatel nous assène ensuite cette perle : "il y a aussi des résultats sur ces déplacements: 50 milliards d'euros de contrats collectés grâce aux déplacements du président de la République dans les différents pays qu'il a visités cette année". En somme, tous les ingénieurs qui planchent sur des projets techniques d’avant-garde, tous les commerciaux qui négocient des contrats, ne servent à rien. Notre super-président, notre génial hyper-voyageur de commerce rafle à lui seul la mise. Dommage qu’il n’ait pas encore réussi à vendre un seul de nos Rafale ! Mais M. Chatel nous montre la voie pour réaliser des économies : licencions tous ces incapables et, grâce à une augmentation modique du budget de l’Elysée, nous rétablirons la balance commerciale de la France.

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