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Olé n°116 : Démocratie bananée

Publié le 17 juin 2008 par Toreador

Olé n°116 : Démocratie bananéeLe dernier rapport d’Amnesty International sur le recul de l’Etat de droit dans le monde francophone m’a interpellé.

Prenons par exemple le cas très symbolique de cette république - le nom a été anonymisé – pour laquelle Amnesty a pointé des reculs évidents.

Pour que vous compreniez le contexte : ce pays s’est doté il y a peu d’un nouveau président après de nombreuses années d’immobilisme. Sitôt élu, ce président a parachuté des proches collaborateurs à la première chaîne d’information privée du pays, et même osé faire nommer une ex conquête féminine présentatrice du Jité. Poutine n’aurait pas fait mieux.

Cette mise en coupe réglée des médias – réelle ou apparente – avec un vieux fond de népotisme n’a fait que précéder la vassalisation du monde politique. Les grands nobles sous Louis XIV n’étaient pas logés à meilleure enseigne. Le nouveau maître du pays a ainsi composé son gouvernement avec ses créatures, et notamment pléthore de favorites, ainsi qu’avec des ralliés des autres partis, moyennant prébendes et médailles en chocolat.

Face au Parlement, tout en vantant sa nécessaire réhabilitation, il s’est comporté en autocrate : les raspoutine de tous poils ont prospéré, la représentation nationale étant tenue à l’écart des décisions. Enfin, il n’a pas plus respecté la démocratie directe. Il s’est par exemple assis sur les résultats d’une consultation populaire organisée par son prédécesseur en arguant de sa toute nouvelle légitimité électorale.

Le pompon fut quand même lorsque, dans la lignée d’un Omar Bongo, il a eu le culot de léguer son fief électoral à son fils – comme au Moyen-âge ! Ce dernier a à peine 21 ans, vient d’ailleurs d’y être élu président du groupe du parti de son père. Heureusement que cette charmante famille n’a pas un âne : il aurait été fait sénateur.

Ajoutons enfin, qu’il a significativement accru sa fortune personnelle en s’octroyant des hausses de 140% de salaire. Dans le même temps, il a mis au pain et à l’eau l’ensemble de l’administration mais cela ne l’a pas empêché de rénover somptueusement sa gamme d’avions présidentiels : charité bien ordonnée….

Bref, ce cas d’école est intolérable : on se demande pourquoi la diplomatie française n’y met pas bon ordre. Elle pourrait à tout le moins rappeler à cette république bananière que la France, patrie des droits de l’Homme, est attentive à la vitalité démocratique de nos partenaires francophones.

Sinon, ça finira mal. Vous verrez, au rythme où l’on va, tout est possible : ce président pourrait même finir par d’inviter des dictateurs sanguinaires à la fête nationale !

République bananière

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