Pas les vieux de Brel qui devraient dire "Je t'emmerde" à la pendule sinistre qui leur dit "Je vous attends", mais les vieux vivants. Les vieux exubérants. Les vieux chantants. Les vieux fous. Subjugué, étourdi, abasourdi, conquis, mercredi dernier par la prestation mémorable d’Iggy Pop. Festival de ziq de Cognac. Du meilleur vieux : Iggy, au pire : Polnareff.
Polnareff dans tout ce qu’un vieux chanteur peut ne pas donner, dans tout ce qu'une vieillesse chez un chanteur a de plus détestable. Pathétique. J'ai été fan de l'homme, du chanteur, du musicien, du compositeur. Il n'en reste rien, même pas un squelette blanchi. Juste des frisettes délavées et des lunettes dont n'aurait pas voulu Antoine au temps de sa gloire Atolienne. Polnareff, un vieux maq qui michetonne. Rengaine sans âme d’anciens tubes géniaux. Géniaux mais inhabités. À peine concert fini, jet, Paris, dîner au Bristol à 3 h du mat. La clâââsse quoi… Organisateurs fantastiques et méritants du festival de Cognac, je vous emmerde, pas envie de becter avec vous après le spectacle. Avec les autres artistes.
Polnareff une triste vieille diva. Polnareff atteint par la date de péremption, non renouvelé, pas de disque nouveau, que de la rengaine surannée, pas de travail, le minimum syndical, même pas le respect du public (retard sur scène, conversations affligeantes avec le public pour meubler, départ après 1 heure pour faire une sieste sans doute et laisser ses 2 guitaristes dans une battle tiédasse... allez chez Mountain Men pour des battle digne de ce nom), Polnareff qui cachetonne, qui rançonne les michetons. Polnareff est le proto du vieux de Brel qui converse avec sa pendule. Vraies fausses clodettes, voix sans voix. Paillettes stupides. Degré zéro de l’indigence.
Heureusement que le festival a aussi été sauvé par de vrais, supers et extraordianires "jeunes" chanteurs comme les Mountain Men, Manu Lanvin et ses Diables et les vrais Cranberries...
Mais L’Iguane. Heureusement l'Iguane pour faire mentir les jeunes qui voudraient jeter les vieux cons aux orties. L’Iguane fou, l’Iguane transcendant, l’Iguane qui dit merde, fuck plutôt, à sa maudite jambe plus courte que l’autre. L'Iguane qui a traversé le Styx sur la barque de Charon himself, l'Iguane qui a subi mille passions dans le sens pascal et christique, l'Iguane qui a vécu mille résurrections. Iggy et sa voix, sa voix fantastique, sa voix de vieux vivant, de vieux splendide, sa fièvre de ce mercredi soir, sa fièvre qu’il file à tous ceux qui veulent bien l’écouter. Sa vraie fièvre folle de vieux divin revenu de tout, sauf de son public et de ses convictions (voir plus bas l'article de TRA). Iggy Pop tour à tour Thor, Tristan, Hercule, Ulysse, Prométhée, Sisyphe, rocker fou ou Roméo. Iggy Pop comme Iggy Pop. Tel qu'en lui-même. C'est pas peu dire. Iggy Pop, torrent d'amour assaisonné de crachats extatiques, de sueur rageuse, d'énergie folle, de vrais décibels modelés sur de vraies paroles, tout ça, balancé sur le public conquis. Iggy Pop vivant, pas une ride qui tienne, qui se voit, sous les centaines qui lézardent son beau corps de vieux.
Prends-en de la graine Polnareff. Tu étais grand, tu es vieux maintenant. Si seulement tu montrais encore ton cul comme l'Iguane montre son corps d'Iguane. Les vieux encore, comme Johnny (et oui, il travaille, sort des disques, ses tripes pour son public chéri), comme maître Cohen, comme Christophe, comme Marianne Faithfull elle aussi à Cognac et descendue en flamme par la presse qui n’a rien vu d’une vraie vieille. Marianne habitée, âme habitée par le désir, par l’envie, par la joie, par la présence du public.
Les vieux, ces vieux-là, j’en veux. Ils font du bien à ma vieillesse qui s’en vient.
http://www.telerama.fr/musique/iggy-pop-j-etais-fatigue-d...