En 2014, le ministre de la santé, Aaron Motsoaledi, accusait les compagnies pharmaceutiques d'être « sataniques » et « génocidaires ». Lors de son récent speech à l’occasion du vote du budget de son ministère, il continue en soutenant que « les prix sont tels que les médicaments anticancéreux sont devenus diaboliquement inabordables. Si aucune mesure drastique n’est prise aujourd'hui, nous allons compter les sacs mortuaires comme en temps de guerre. ».
De tels propos sont décalés car l’histoire nous enseigne que seuls des gouvernements ont été capables de commettre des génocides. Les sociétés pharmaceutiques que le ministre attaque à nouveau ont mis au point des vaccins, des antibiotiques et une pléthore d'autres médicaments qui ont augmenté l'espérance de vie à travers le monde et ont aidé l'humanité à jouir d'une vie plus longue, plus heureuse et plus prospère.
Les principales maladies mortelles en Afrique du Sud, à savoir la tuberculose, la grippe, la pneumonie et les maladies infectieuses intestinales, peuvent désormais être traitées avec des médicaments peu coûteux et facilement disponibles. Si des patients continuent de mourir de ces maladies ce n’est pas à cause des entreprises pharmaceutiques mais bien à cause du dysfonctionnement du système de santé. Le gouvernement est en effet tellement préoccupé par le contrôle du secteur privé qu'il ignore les problèmes colossaux qui existent dans le secteur public, et la souffrance chronique que fait subir la mauvaise qualité de ses services aux patients.
En avril 2001, les chefs d'Etat africains réunis au Nigeria, ont signé la déclaration historique d'Abuja, dans laquelle, entre autres, ils se sont engagés à consacrer au moins 15% du total de leurs budgets nationaux à l'amélioration de la qualité des soins de santé. Plus de 15 ans plus tard, l’Afrique du Sud n'a toujours pas rempli cet engagement.
Parlant du secteur privé, le ministre Motsoaledi a déclaré qu'il était contre la «marchandisation» des soins de santé, c’est pourquoi il s’acharne au contrôle de ce secteur. Des contrôles qui malheureusement ont pour conséquence de réduire la concurrence, faire pression à la hausse sur les prix, et dissuader l'entrée de concurrents potentiels. Le ministre est tellement concentré sur la traque du secteur privé qu'il ne voit pas que le gouvernement est en train d’entraver l’accès des citoyens aux médicaments.
En 2004, le gouvernement a introduit le mécanisme de prix de sortie unique (SEP), qui est appliqué à tous les médicaments produits par le secteur privé de la santé. Le SEP oblige tous les fabricants et importateurs à vendre leurs produits au même prix à tous leurs clients du secteur privé, quelle que soit l’importance de la commande sans aucune possibilité de rabais. Ainsi, aucune compagnie pharmaceutique ne peut faire don de médicaments au secteur privé et ne peut pas non plus vendre à prix réduit. Le secteur public cependant, a une bien plus grande liberté et arrive, lors des appels d’offre, à obtenir des prix dix fois plus bas pour les mêmes médicaments.
Pour faciliter l'accès aux médicaments, il faut impérativement que le gouvernement permette aux organisations du secteur privé et à des organismes de bienfaisance de négocier directement avec les compagnies pharmaceutiques pour obtenir les meilleurs prix.
Plutôt que de s’engager à financer la santé pour tous, ce qui est terriblement couteux pour le contribuable, le gouvernement devrait favoriser un secteur privé dynamique stimulé par le jeu de la concurrence. Il est scandaleux que les entreprises publiques telles que South African Airways, Eskom, Denel et d'autres, qui sont en concurrence directe avec des entreprises privées, engloutissent des milliards de rands des ressources des contribuables, dans des plans de sauvetage et des subventions. Ces ressources pourraient être consacrées à l'achat de services et produits de santé auprès d'entreprises privées.
En dépit de ces échecs, le gouvernement se permet d’accuser les entreprises pharmaceutiques de pratiquer des prix « diaboliquement » élevés au point d’écarter les plus pauvres de soins essentiels de survie. A côté de cela, c’est sans aucun état d’âme qu’il impose une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 14% sur tous les produits et dispositifs pharmaceutiques.
Si le gouvernement avait réellement la volonté de faciliter l'accès aux médicaments, il devrait, en premier lieu, éliminer toutes les taxes sur les produits pharmaceutiques et autres dispositifs médicaux, et supprimer les réglementations qui entravent le secteur privé et empêchent son bon fonctionnement. Le chemin le plus sûr vers la baisse des prix est bien celui d’une concurrence accrue.
Jasson Urbach, analyste pour The Free Market Foundation – Article initialement publié en anglais par la Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 13 juillet 2016.