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En novembre 2014, une édition originale des pièces de clavecin de Rameau étaient vendues pour 15 000 livres sterling (17.780e). Peu de temps avant, une partition manuscrite du Psaume Hongrois de Kodaly avait était achetée à 22 500 livres (26.670e).
Les partitions, ou tout du moins les plus recherchées, sont devenues de véritables œuvres d'art au même titre que les manuscrits de grands auteurs de la littérature. Elles sont le centre de toute musique. C'est sur elles que la musique s'écrit et grâce à elles qu'elle se joue. Nous ne pouvions pas ne pas écrire d'article sur cet élément, omniprésent dans tous les concerts auxquels vous assistez.
La partition, nous l'imaginons plutôt tous de la même manière : des portées de 5 lignes, des notes rondes, des dièses, des bémols... Pourtant la notation musicale a évolué et avec elle l'esthétique de la partition. La première forme d'écriture musicale récupérée date du 3e siècle av. J.-C. et se trouve en Grèce Antique. Cependant, on estime que depuis que l'écriture existe, l'écriture musicale aussi.
Cette écriture a connu de nombreuses évolutions, notamment au niveau de la forme des notes. Cette dernière se stabilise avec l'imprimerie et la mise en place de la notation orthochronique que nous connaissons aujourd'hui. Les notes auparavant carrées deviennent alors rondes en raison des procédés de gravure au burin et du poinçonnage.
Mais, la forme de la partition ne se fige pas pour autant. Les partitions qui s'éloignent de ce standard sont nombreuses. Le Volumina de Ligeti est un bon exemple. Des masses noires d'épaisseurs variables qui correspondent aux variations des tessitures apparaissent ainsi sur la partition. Cette dernière reste donc une forme d'écriture plutôt libre.
Nous ne pouvions pas nous intéresser à la partition sans évoquer ceux qui l'utilise. Nous avons donc discuté avec David Bismuth pour comprendre le lien qui unit un artiste avec sa partition.
Par tradition, lorsqu'un pianiste joue seul il n'utilise pas de partition (une tradition qui remonte à l'époque de Lizt et dont le but est sans doute d'impressionner les auditeurs). La partition est utilisée lorsque le pianiste joue en groupe. Les deux cas sont alors ressentis de manière très différente par l'artiste avec à chaque fois des avantages et des inconvénients : " Quand on joue par cœur, on est libéré de la partition. On a une liberté physique qui fait que le regard peut aller vraiment n'importe où et donc on est peut-être plus dans la musique. En même temps, on a la pression de se dire : j'espère que je sais ce que je dois jouer dans cinq minutes. Avec la partition, il y a le confort de savoir toujours ce qui vient, mais en même temps on est prisonnier de ce contact visuel. "Mais ce qui ressort de notre entretien est surtout le rapport personnel que le pianiste entretient avec ses partitions. Il écrit constamment sur ses partitions et nous avoue : " je souffre beaucoup quand je les perds. Par exemple j'ai du en racheter des nouvelles et j'ai l'impression alors de devoir recommencer tout le travail depuis le début ". Il pense d'ailleurs qu'en ce qui concerne le piano, la partition est une véritable aide et envisage de plus en plus de l'utiliser lorsqu'il fait une performance soliste. En effet, jouer par cœur pour lui : " n'apporte pas de plus à la musique ".
En dernière partie de l'interview, nous évoquons ensemble une dernière évolution de la partition : le support. Comme tout ce qui est écrit sur papier se pose la question de " l'informatisation " du format. Écrire la musique sur l'ordinateur est possible, jouer avec une partition au format électronique également. Une évolution qui semble plutôt l'arranger. En effet il envisage de télécharger ses partitions sur une tablette pour ne plus avoir besoin que quelqu'un tourne les pages pour lui. Cependant, la condition est toujours la même : il faut qu'il puisse écrire dessus.
Eléonore Terville
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