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« Il n’y a qu’à Saintes qu’on entend ce genre de chose. Espérons que ça continue ainsi »

Publié le 16 juillet 2016 par Abbaye Aux Dames, La Cité Musicale De Saintes @Abbayeauxdames
« Il n’y a qu’à Saintes qu’on entend ce genre de chose. Espérons que ça continue ainsi »

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Aujourd'hui, nous sommes allés à la rencontre d'un certain Lucien Bertrand, un fidèle festivalier de 69 ans qui vient depuis 1987 à l'abbaye aux Dames. Cet Orléanais nous dévoile l'univers du festival des années 1990 et ces principales évolutions que ce soit musicalement, dans l'organisation ou du point de vue des prix.

" J'ai découvert le festival par France Musique qui retransmettait des concerts en direct ou en différé. À l'époque Saintes était vraiment le festival de musique baroque incontestable avec des très grands noms qu'on commençait à connaître et qui ont fait leur chemin depuis. L'idée de participer au festival m'est très vite venue à l'esprit, mais j'avais une activité professionnelle qui m'empêchait souvent de venir à ce moment-là de l'année. Je me suis alors organisé : mon frère s'est installé à Cognac et j'ai négocié avec mon chef pour avoir la paix pendant le mois de juillet. J'ai pris l'habitude de venir à certains concerts, puis très rapidement j'ai trouvé ça de plus en plus intéressant et j'ai donc pris des pass ".

Lucien s'est rapidement passionné pour le festival et a cherché à assister au maximum de concerts. Comme il le souligne : " de toute façon, une fois qu'on les a payés autant y assister. Finalement, la politique de prix faisait que même si on n'était pas intéressé par certains concerts ça valait la peine de prendre un pass. Et puis, même si la musique contemporaine n'est pas mon fort, ça permet de s'ouvrir l'esprit. Il faut souligner que l'esprit de Saintes c'est l'ambiance dans laquelle on est et puis l'ouverture musicale depuis quelques années. Mais, il faut noter qu'à l'époque, une journée était réservée à la musique contemporaine. Finalement, l'ouverture a du bon ! ".

En général, Lucien Bertrand adore la musique classique, mais a une préférence pour la musique baroque. " J'ai surtout commencé par la musique ancienne, j'étais fasciné par la voix d'Alfred Deller que j'écoutais sur un vieux poste de radio. J'ai donc commencé à découvrir des musiques du XII et XIIIème siècle. Petit à petit, je me suis intéressé à la musique baroque. C'était un peu dur au début et puis avec l'habitude j'ai commencé à acheter des disques par dizaine, centaine. Je me suis également documenté. En venant à Saintes, je me suis rendu compte que le baroque est un monde extrêmement riche où il y a des émotions extraordinaires à la limite plus que les grandes symphonies du XVIIIème. Je dirais que ma période de musique préférée est sûrement le début du XVIIème en France dans le siècle de Louis XIII, mais également en Europe avec Monteverdi, Purcell... Je reste quand même très ouvert aux autres périodes de la musique classique ", souligne le festivalier.

Il se souvient des premières années très folkloriques et de l'organisation qui n'était pas du tout la même. " Dans les années 1990, on attendait une heure en plein soleil pour avoir les meilleures places devant qui n'étaient pas numérotées. Heureusement, l'organisation a mis des places numérotées et ça s'est calmé. À l'époque, l'organisation était par moment mise de côté, mais c'était sympas tout le monde a survécu ", en rigole Lucien. Musicalement, le festival était majoritairement baroque et d'ailleurs " le festival s'appelait "festival de musique baroque de Saintes" ".

" C'était la première fois que je voyais des grands interprètes comme Jordi Savall en direct de l'abbaye, alors que j'avais l'habitude d'entendre ces interprètes en disque. Après avec l'habitude, on a vu, revu ces interprètes des dizaines de fois. Globalement, il y a des concerts qui m'ont marqué comme la première "Passion selon St-Mathieu" de Bach. On séchait la fin de concerts pour pouvoir assister aux passions de Bach, c'était extraordinaire et impressionnant. Il y avait des gens en pleurs à la sortie ", se souvient Lucien.

Il y avait donc plus de musique baroque que ces dernières années. " Il y avait moins de musique du XIXième. Par contre on a toujours eu du Mendelssohn (oratorio). Musicalement, le festival a petit à petit évolué vers le piano, les récitals de Brahms et Litz qui étaient de grande qualité. Il faut dire que le fait de se cantonner au baroque restreint les choix musicaux, cette évolution était donc nécessaire. Personnellement, ça m'a fait le plus grand bien d'élargir mon éventail musical ". L'évolution musicale s'est faite avant tout dans l'ouverture des styles musicaux laissant place à une présence plus importante de musique classique et contemporaine.

Mais, l'évolution s'est faite également au niveau des prix. Selon lui, " il y avait moins de concerts à l'époque et c'était effectivement moins cher. Je dirai que ces dernières années les prix ont tendance à augmenter et les vedettes sont moins fréquemment invitées même si en contrepartie le nombre de concerts est plus conséquent. Je suis retraité et j'ai de moins en moins de moyens, mais on se débrouille ! "

Le point fort de ce festival ces dernières années reste " la programmation qui est toujours de grande qualité et des artistes au top y compris les jeunes, qui je pense, ont réussi à s'imposer dans l'élite musicale ", annonce le festivalier. " On a connu des jeunes qui sont devenus "grands" comme les clavecinistes Rousset, Hantaï devenus des vedettes internationales ayant débuté au festival de Saintes. Après, le coût pour faire venir ces vedettes au festival est devenu trop important. C'est pour cela qu'on fait venir des jeunes formations qui sont par ailleurs extraordinaires, ils ont une pêche incroyable ".

De plus, " le charme de ce festival est le fait de pouvoir assister aux répétitions, de pouvoir observer les chefs d'orchestre, les choix d'interprétation faits par les musiciens ". Finalement pour Lucien Bertrand, la magie " des œuvres de Monteverdi et le concert d'ouverture de Vox Luminis " rendent ce festival unique. " Il n'y a qu'à Saintes qu'on entend ce genre de chose. Espérons que ça continue ainsi ".

Lucas Berard

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