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Si on perd, je t'épouse !

Publié le 18 juin 2008 par Chroneric

"Mince !" a du se dire Estelle, "Je vais pas y échapper !". Qui pouvait croire encore à une chance de participer aux quarts de final de l'Euro 2008 ? Même les spécialistes étaient sceptiques. Avec un enchaînement d'échecs sans faute, cela aurait été un miracle de passer le premier tour de la compétition. "Si la France gagne et si les Pays-Bas perdent…", cela fait beaucoup de "si" je trouve. Alors ce matin, les commentaires des spécialistes de bureau sont allés bon train. Tous ces sélectionneurs et entraîneurs en puissance qui pensent être des experts techniques et stratégies en matière de football parce qu'ils regardent un match devant leur télé, avachis sur leur canapé, une canette à la main, vociférant tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables. Mais c'est bien facile de parler après coup, de donner ses conseils ou ses avis sur la question. Mais qu'auraient-ils fait à la place de Raymond Domenech ? Avait-il vraiment toute la maîtrise nécessaire sur le jeu et les joueurs pour amener la France vers une qualification ? Je vais aussi m'y aventurer, prenant le risque de passer aussi pour un beau parleur sans connaissances footballistiques minimum. On a tous besoin de refaire le monde.

Il y a malheureusement des facteurs incontournables à prendre en compte. En premier lieu, les joueurs. Car c'est bien là le problème majeur en sport. Pour gagner, la règle primordiale est que les joueurs aient envie de gagner, qu'ils aient "faim". Or, nos joueurs français n'ont pas assez de "niaque" et manquent de motivation. Toute l'année, pendant leur carrière, ce sont des hommes cocoonés et traités comme des stars, qui passent beaucoup de temps devant les micros des journalistes, et dans ces conditions qu'est-ce qui pourrait les motiver pour réussir ? Cela me fait penser à la blague du chat qui est placé dans des locaux pour chasser les souris et qui au bout de quelques mois ne fait plus rien car il a été titularisé.

Evidemment, on ne peut pas éviter la question financière, surtout en football, un sport roi dans ce domaine qui fait brasser des milliards et fait courir des hommes-sandwichs sur les pelouses des stades. Nos joueurs sont bien payés grassement pour taper dans un ballon. En règle générale, quel que soit l'issue d'un match, ils percevront un fixe confortable, donc pourquoi fournir des efforts ? On a bien vu le cas Beckham aux Etats-Unis où il n'a pas été capable de fournir un minimum trop occupé par son image et blessé au moindre effort. Un vrai flop. Le football est beaucoup trop représenté dans la téléphonie mobile, l'automobile, l'optique, l'équipement sportif (grosse virgule et trois bandes célèbres). Au niveau professionnel, les joueurs sont vite placés sur un piédestal, il n'y a pas d'étape intermédiaire, pas d'échelon à franchir. C'est tout de suite couvertures de magazines, publicités télévisuelles et affichages de quatre mètres par trois. Dans ce domaine ils sont champions, mais dès qu'il faut taper dans un ballon, les sourires se crispent, les tensions sont exacerbées et les pieds se dérobent.

Un autre facteur essentiel pour un sport d'équipe c'est justement le principe de jouer en équipe. Quand c'est l'entente cordiale, la complicité entre joueurs, les résultats sont à la hauteur. Seulement, malgré toutes les déclarations contraires, il y a quelques accrochages dans notre équipe nationale. Si les footballeurs se font la guerre pour des histoires de gamins, des conflits d'intérêts, des jalousies de base voire peut-être des histoires de fesses (passez-moi l'expression), le jeu s'en ressent immédiatement. L'équipe adverse n'a plus qu'à profiter de cette désunion pour l'emporter au sifflet final. Prenez par exemple l'équipe lyonnaise qui a remporté pour la septième année consécutive la coupe de France : c'est une équipe unie et solidaire qui s'entend parfaitement. Cela donne ainsi un jeu plus fluide et plus efficace. Chacun est dans la tête de l'autre et sait exactement comment il va jouer. Cela n'empêche pas bien sûr les accidents de parcours, mais au final, le résultat est là.

Et puis, dernier facteur non négligeable pour mettre toutes les chances de notre côté, c'est la composition de l'équipe. Cela fait partie de la stratégie. Faire participer les bons joueurs au bon endroit au bon moment parait évident mais il faut tout de même le rappeler. Choisir le meilleur du moment à un poste qu'il maîtrise parfaitement. Celui qui pourra le mieux garder son sang-froid face aux situations délicates. Celui qui résistera le mieux à la pression. Combiner des joueurs d'expériences avec des joueurs jeunes qui n'ont peur de rien. Tous ces choix et décisions peuvent faire basculer un match d'un côté ou de l'autre. Cette tâche ingrate incombe à l'entraîneur et à son staff qui ont ainsi leur part de responsabilité dans la victoire comme dans la défaite. Parce qu'il bien aisé d'incriminer seul l'entraîneur quand tout va mal et d'embrasser les joueurs quand tout va bien.

Voilà ce qui me semble important de mettre en avant pour une analyse d'après match et d'avancer en arguments pour un débat. Je vous passerai le côté technique car je crois que nos joueurs savent jouer et ont le potentiel pour y arriver mais cela ne fait pas tout, loin de là. Ce sont des hommes avec leur force et leur faiblesse et si ce n'était qu'une question de technique de jeu, on ferait mouche à chaque fois.

Et maintenant ? Bien maintenant, nous allons reprendre une vie normale, tourner la page et continuer comme si de rien n'était. Ce n'est que du sport et il n'est pas nécessaire de se prendre la tête pour ça. Il ne me reste plus qu'à souhaiter tous mes vœux de bonheur aux jeunes mariés. Mais je ne jetterai pas de grains de riz car vu le prix au kilo il est préférable de le garder pour remplir son estomac plutôt que les marches d'un escalier.


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