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La chronique culturelle de Colette: Destin d'une grande danseuse espagnole

Publié le 23 juillet 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! L'une d'entre elles s'intitule "1930. En el Pacto de San Sebastián. Historia y síncope". Elle se tient dans la salle Ganbara du Koldo Mitxelena Kulturunea y San Telmo Museo de Saint-Sébastien jusqu'au 4 septembre 2016. Avec des photos, des lettres et des peintures venues notamment du Museo Reina Sofía de Madrid et du Musée basque de Bayonne. Ce Pacte évoquait la naissance de la Seconde République, laquelle sera proclamée le 14 avril 1931, après les élections municipales qui avaient eu lieu l'avant-veille. Le 7 août 1930, divers représentants de plusieurs mouvements républicains ou socialistes s'étaient donc réunis avec l'idée d'en finir avec le règne d'Alphonse XIII. Le roi partira en exil dans la nuit du 14 au 15 avril sans avoir abdiqué.

Dans cette exposition, une figure emblématique de l'époque est mise à l'honneur, celle de La Argentina, qui a fait connaître partout la danse espagnole en général et plus spécialement l'andalouse. Grande féministe, elle a été l'amie et la muse de nombreux artistes et écrivains républicains. La Argentina est née Antonia Mercé y Luque le 4 septembre1890 à Buenos Aires au cours d'une tournée de ses parents, danseurs espagnols eux-mêmes. Après des études de chant et de danse au conservatoire de Madrid, elle devient très jeune première danseuse au Théâtre Royal de la capitale espagnole. On la verra à Paris, au Moulin rouge, dans "l’Amour en Espagne", opérette de Quinito Valverde, et dans plusieurs établissements célèbres de la capitale dont l'Opéra, la Comédie-Française ou la Salle Pleyel . Elle se produira même aux conférences de Paul Valéry à l'Université des Annales, le 5 mars 1936.

Elle fut l'interprète de Manuel de Falla, Enrique Granados, Isaac Albéniz ou Federico García Lorca. Ce dernier lui dédia son poème en prose "Elogio a Antonia Mercé, La Argentina". En 1930, le président de la République française lui décerne la Légion d'honneur et le président espagnol, Manuel Azaña, la fait Dame de l'Ordre d'Isabelle la Catholique. De nombreuses tournées la conduisirent dans le monde entier avec un succès jamais démenti et des honneurs innombrables.

On ne compte pas les tableaux et les sculptures qui la représentent. En 1936, ses médecins lui avaient recommandé de se reposer un moment. Elle consentit à passer quelques jours dans sa villa de Miraflores près de Bayonne. Le 18 juillet, elle se rend à Saint-Sébastien pour assister à une fête folklorique donnée en son honneur par le R.P. Donostia. Ce capucin, José Antonio de Donostia, musicien, musicologue et folkloriste basque, par ailleurs un des fondateurs de l'Institut espagnol de musicologie, lui avait appris de vieux chants du folklore basque sur lesquels elle voulait danser.

C'est au retour dans sa villa qu'elle mourut d'une crise cardiaque. Un télégramme de Madrid lui aurait appris le soulèvement militaire en cours depuis le matin de ce 18 juillet 1936. Elle s'est effondrée en demandant ce qui lui arrivait… Elle n'avait pas quarante-six ans. La nouvelle de son décès fut relatée dans tous les journaux du monde, ils évoquaient "la déesse de la danse espagnole", "la reine de la grâce" ou "la Pavlova du flamenco"... Le masque mortuaire de la danseuse est placé au centre de la salle d'exposition.

Son souvenir inspira en 1977 au danseur japonais Kazuo Ōno le ballet "Admirando a La Argentina". Il avait commencé à étudier la danse en 1933, après avoir vu Antonia Mercé y Luque.


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