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Brief Encounters (2016): ce « sexe faible » menaçant!

Publié le 01 août 2016 par Jfcd @enseriestv

Brief Encounters est une nouvelle série de 6 épisodes diffusée depuis le début juillet sur les ondes d’ITV en Angleterre. Celle-ci débute dans la ville de Sheffield en 1982 alors que quatre femmes : Pauline (Penelope Wilton), Stephanie (Sophie Rundle), Dawn (Sharon Rooney) et Nita (Angela Griffin) voient leur destin changer du tout au tout après qu’elles acceptent de devenir vendeuses pour l’entreprise de vente au détail Ann Summers, spécialisée dans les vêtements affriolants et les jouets sexuels. Pourtant, cette nouvelle carrière est loin de réjouir tout le monde, en particulier du côté de leurs maris. Vaguement inspirée de l’autobiographie intitulée « Good Vibrations » de Jacqueline Gold, la fondatrice d’Ann Summers, Briefs Encounters arrive à point nommé sur nos écrans en cette période estivale. Bien que légère, la série réussit malgré tout à nous transmettre l’atmosphère morose et anxiogène du moins du point de vue féminin au lendemain de la décennie caractérisée par sa révolution sexuelle où pourtant tout semblait possible. Reste que l’avenir semble beaucoup plus radieux pour ces dames auxquelles on s’attache rapidement.

Brief Encounters (2016): ce « sexe faible » menaçant!

« L’élève » qui dépasse le « maître »

La seule chose que ces femmes aient en commun est qu’à l’intérieur de leur couple, une sérieuse remise en question s’impose. Ainsi, Stephanie ramène un peu d’argent supplémentaire au foyer grâce à son emploi de femme de ménage chez Pauline, mais lorsque son mari Terry (Karl Davies) perd son poste, il devient impératif de trouver des revenus supplémentaires et à l’opposé des ventes à domicile des Tupperware, celle des objets sexuels est beaucoup plus lucrative. C’est un peu la même histoire pour Nita qui découvre qu’elle est enceinte pour une cinquième fois et ce n’est pas son mari Kieran (Don Gilet), empêtré dans toutes sortes de magouilles, qui viendrait sauver les meubles. Dawn quant à elle est coiffeuse, mais doit s’occuper de son père et de ses frères depuis que sa mère est décédée. Reste Pauline, plus âgée, vivant confortablement dans une grande maison, mais qui s’ennuie terriblement.

Dès le début du premier épisode cette auto-affirmation des femmes semble se produire au détriment de leurs maris, par la force des choses il est vrai, mais aussi dû à la plus que mauvaise volonté de ceux-ci. En effet, Terry, Kieran et les hommes de la famille de Dawn sont incapables d’assurer des revenus fixes à leurs foyers, tandis que Pauline découvrira plus tard que la boucherie de son mari Brian (Peter Wight) est déficitaire. En même temps, et c’est là le cœur de Brief Encounters, on voit ces femmes prendre leur destin en main envers et contre tous puisque même dans les années 80, il semble que ce soit encore la norme pour les femmes de rester chez elles pour s’occuper de leurs enfants, la plus fidèle porte-parole de ce mode de vie étant la mère de Stephanie; d’une autre génération.

Brief Encounters (2016): ce « sexe faible » menaçant!
En même temps, il n’est pas anodin que les créatrices de la série Oriane Messina et Fay Rusling se soient inspirées de l’autobiographie de Jacqueline Gold dans leur récit puisque non seulement les héroïnes deviendront des femmes d’affaire aguerries, mais c’est aussi une métaphore du fait qu’elles redonnent à leur clientes le contrôle de leur corps. En effet, dans ces ateliers ces dernières ont accès à des articles destinés à mousser leur libido en couple peut-être, mais aussi en solitaire, d’où la réaction quelque peu puérile de leurs maris, inquiets d’être remplacés par des godemichés! Qui plus est, selon eux c’est la faute de leurs femmes puisqu’elles agissent en véritables agentes de propagande. Un seul bémol quant à cet aspect de la série : on aurait aimé davantage de scènes où ces femmes effectuent leurs ventes, question de nous donner encore plus le sourire aux lèvres.

Sinon, de par sa structure, Brief Encounters ressemble beaucoup à In The Club lancée sur BBC One en août l’an dernier où l’on suivait les péripéties de six femmes enceintes qui se rencontraient chaque semaine à leurs cours prénataux. De milieux différents, les liens qu’elles soudaient entre elles n’en étaient pas moins touchants et cette chimie a même value une seconde saison à la série. La même chose se produit avec celle d’ITV : on apprécie l’affranchissement progressif de Stephanie, la verve de Nita et l’énergie positive qu’amène Dawn, mais c’est sans conteste le personnage de Pauline qu’on apprécie le plus. Pour ceux qui auraient la mémoire courte, son interprète, Penelope Wilton, c’est l’attachante Isobel Crowley de Downton Abbey.  Dans ces deux rôles, l’actrice incarne une femme mûre, mais nullement intimidée par le qu’en-dira-t-on et au nom du bon sens, n’a pas peur de s’ériger contre les convenances et préjugés de l’époque.

 Une leçon aux États-Unis…

Récemment, Netflix a lancé Stranger Things qui prenait place dans les années 80. Or, on a trop misé sur la nostalgie des artéfacts et les références aux films de cette décennie, ce qui donnait des scènes disparates avec des niveaux de jeu tellement différents qu’il n’y avait plus de cohérence. ABC a fait la même erreur à l’été précédent avec The Astronaut Wive’s Club alors qu’on se cantonnait aux clichés véhiculés par les magazines des années 50-60, nous laissant avec des épouses très superficielles, surtout préoccupées par leurs recettes au Jell-O et leur rouge à lèvres. Certes, les années 80 sont cruciales au récit de Brief Encounters, mais elles s’insèrent davantage dans le récit qu’au simple point de vue esthétique. Ainsi, on ne met pas tant l’accent sur les coiffures et la mode, mais bien sur le contexte dans lequel ces femmes se sont affranchies : la crise économique affectant durement les ménages et surtout le vent conservateur de Thatcher qui a soufflé sur l’Île contre un mouvement féministe qui commençait tout juste à être pris au sérieux par exemple dans les universités. Ce contexte plutôt maussade et bien dépeint ici rend nos héroïnes encore plus remarquables.

Brief Encounters (2016): ce « sexe faible » menaçant!

Alors que les grands networks américains peinent à attirer leur public avec leurs nouveautés fiction, l’Angleterre s’en tire très, notamment avec Brief Encounters qui a réuni 4,65 millions de téléspectateurs en direct, se classant au 11e rang des programmes les plus regardés de la semaine du 4 juillet et battant par le fait même la concurrence dans la case horaire du mardi 21h00 avec 21% de parts d’écoute. La semaine suivante, l’auditoire est resté fidèle à Pauline, Stephanie, Nita et Dawn puisqu’ils étaient encore 4,51 millions devant l’écran. Une seconde saison semble probable, mais serait surtout souhaitée!


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