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Solitaire.

Publié le 18 juin 2008 par Hoplite

« Germain Millet était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd’hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l’ordre social qu’elle est devenue dans une société qui a fait du vivre ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. »

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« Nous vivons avec les défunts bien plus qu’en compagnie des vivants ; notre mémoire les accueille inlassablement, ces défunts, non seulement ceux que nous avons côtoyés, mais les autres, l’ombreuse armée de ceux que les livres et les récits nous ont rendus familiers et qui nous sont plus proches que les inconnus croisés chaque jour. »

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« N’était-il pas plutôt parmi ces foules comme un spectateur amusé ? Reste que le 6 février 1934, jour ou des manifestations proches de la guerre civile éclatèrent à Paris et dans les grandes villes de France, il éprouva le besoin d’aller se renseigner autour du monument aux Morts, au carrefour Saint Etienne, et ne rentra que le matin, sans chapeau, tous les boutons de ses vêtements arrachés, et la tête en sang, soit à cause des gardes mobiles, soit de certains manifestants qui n’avaient peut-être pas apprécié qu’il fume le cigare en pareilles circonstances. Dernière hypothèse qui me plait et qui, sans faire de lui une sorte de dandy, le montre différent, distant mais non hautain, marginal par l’esprit, et pestant contre L’Humanité à qui il reprochait d’avoir poussé le peuple à ces extrémités. Il n’était d’aucun parti mais seul et désireux de l’être. »

Richard Millet. Petit éloge d'un solitaire.


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