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Suicide Squad n’est pas un très bon film

Publié le 04 août 2016 par _nicolas @BranchezVous
Suicide Squad n’est pas un très bon film Exclusif

Inutile de tourner autour du pot, il y a quelque chose qui cloche avec le plus récent film mettant en vedette les antihéros de l’univers de DC Comics.

J’étais pourtant enthousiaste à l’idée de voir Suicide Squad, malgré les premières critiques hyper négatives parues dans les médias la veille. Par le passé, j’ai notamment aimé Terminator Genisys, un film qui pourtant a connu lui aussi une réception glaciale de la part des médias. À mes yeux, les critiques avaient sans doute été trop sévères, et cette superproduction ne pouvait pas être aussi mauvaise.

L’idée est bien entendu d’ajuster nos attentes, et de prendre le film pour ce qu’il est. Suicide Squad est un film de superhéros, alors il ne fallait pas s’attendre à un chef d’œuvre.

Le hic toutefois, c’est que d’excellents films de superhéros ont déjà vu le jour, et que celui-ci pâlit en comparaison.

Les fleurs

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D’abord, Margot Robbie incarne parfaitement le rôle d’Harley Quinn. Le jeu de l’actrice est impeccable : elle illustre avec fidélité toute la beauté et la folie de la psychiatre corrompue amoureuse / obsédée par le Joker. Malgré son excellente performance, Robbie ne parvient pas à sauver le film, puisque son personnage n’est pas celui qui occupe la majorité du temps à l’écran. Non, Suicide Squad est surtout un film mettant en vedette Will Smith, dans le rôle de Will Smith.

Suicide Squad est surtout un film mettant en vedette Will Smith, dans le rôle de Will Smith.

Vous aviez l’impression que Will Smith allait enfin incarner un méchant? Allons, vous rêvez en couleurs. Le personnage de Floyd Lawton (alias Deadshot) a beau être un mercenaire tireur d’élite et tueur en série, il a des sentiments, et une petite fille de 12 ans (exactement comme dans la bande dessinée cela dit). Il est un dur à cuire qui fait le bien, comme Will Smith. Et pour jouer Will Smith, Will Smith est excellent.

Que dire de la performance de Jared Leto? L’acteur a déclaré qu’incarner le Joker a été le rôle de sa vie. Rôle qui, à l’écran, aura duré tout au plus une vingtaine de minutes bout à bout. En effet, les chemins du Joker et d’Harley Quinn se séparent à quelques reprises, et le film garde son attention sur la Task Force X. Le Joker de Leto est loin d’équivaloir à celui de Heath Ledger, ni même celui de Jack Nicholson, mais demeure tout de même excessivement convaincant.

Jared Leto a affirmé que beaucoup de ses scènes avaient été coupées au montage.

Jared Leto a affirmé que beaucoup de ses scènes avaient été coupées au montage.

En fait, lorsqu’il est question du Joker, une théorie circule sur Internet suggérant qu’il n’existe pas un, mais bien trois Jokers distincts. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à regarder la vidéo sur le sujet partagée cette semaine sur la chaîne The Film Theorists.

La seule vraie surprise du film survient vers le début. Je ne vous en dis pas plus, mais je l’ai plutôt bien appréciée.

Le pot

Suicide Squad est un film qui se cherche, tant par ses longueurs que par son scénario.

L’humanité a été chanceuse que Superman soit un être équilibré souhaitant faire le bien. Mais qu’arrivera-t-il si le prochain Superman souhaite faire le mal? Quel moyen le gouvernement américain aurait-il à sa disposition pour enrayer cette nouvelle menace? Telle est l’idée qui oriente le scénario de Suicide Squad, et qui motivera la création de la Task Force X, un regroupement de criminels forcé d’affronter la prochaine menace de l’humanité. Une idée qui avait pourtant du potentiel, mais qui est plutôt mal exploitée. La menace de son côté à des airs de The Mummy et The Scorpion King.

Plus du premier tiers est alloué à une (médiocre) présentation des protagonistes.

Les 45 premières minutes du film sont réservées à mettre la table : on présente chacun des protagonistes, en prenant soin de parsemer des flashbacks à gauche et à droite pour expliquer comment ils en sont arrivés là, et l’élément déclencheur. C’est essentiellement plus du tiers du film, et le temps alloué à chacun des segments est inégal, faisant en sorte que l’on n’éprouve absolument aucun intérêt envers la moitié de l’équipe constituant la Task Force X.

On sent que le long métrage étire la sauce tout juste avant l’affrontement final; car évidemment, et ce n’est certainement pas un divulgâcheur, Suicide Squad se termine par une confrontation. Un dernier retour en arrière superflu est alors présenté pour expliquer les origines d’un personnage qui était demeuré très discret jusqu’ici.

Bref, pour bien présenter une horde de personnages fictifs et fantastiques (avec moult flashbacks) à un public de non-initiés, Suicide Squad n’arrive pas à la cheville de Watchmen.

Qu’est-il arrivé?

Je suis loin d’être fan de films de superhéros. Lorsqu’il est question d’exploiter un personnage de bande dessinée, je dois admettre être beaucoup plus charmé par les récentes productions de Marvel sur Netflix, plus sombre.

La recette suivie par les studios hollywoodiens est aujourd’hui bien établie : mettre en scène des films dans un univers commun afin d’y croiser les personnages et les acteurs à travers plusieurs productions et ainsi engranger des millions au box-office. À ce jeu, Marvel a une longueur d’avance sur DC, et Suicide Squad s’apprête à devenir la troisième superproduction ayant déplu la majorité des critiques.

Selon The Hollywood Reporter, la raison pour laquelle le film est découpé de façon chaotique s’explique par les craintes de Warner Bros suite à la réception négative – tant par les critiques que par le public – de Batman v. Superman  Dawn of Justice.

Warner Bros et DC avaient tout ce qu’il fallait pour accoucher d’un bon film de superhéros, mais le produit final a été entaché par le manque de confiance de ses décideurs.

Essentiellement, les grands patrons ont craint que la proposition du réalisateur David Ayer ne soit trop sinistre, et ont préféré une seconde version au montage misant davantage sur l’humour, les effets spéciaux, et la musique pop. Musique qui d’ailleurs atténue beaucoup les scènes plus glauques. Au final, on aura opté pour la projection d’un compromis entre ces deux versions de Suicide Squad, et c’est ce qui explique le manque de cohérence dans sa projection.

Oui, Batman v. Superman était sombre. Mais la trilogie de The Dark Knight l’était tout autant, et ses critiques ont été beaucoup plus élogieuses.

Les fans auront beau lancer une pétition visant à fermer le site Rotten Tomatoes à cause de ses mauvaises critiques envers Suicide Squad (et ce, sans même avoir vu le film en question), la réalité est que Warner Bros et DC Entertainment avaient tout ce qu’il fallait pour accoucher d’un bon film de superhéros, mais le produit final a été entaché par le manque de confiance ses décideurs.


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