JUSTICE – La ministre du travail Myriam El Khomri a validé le licenciement d’un délégué CGT d’Air France accusé d’avoir participé à l’épisode de la « chemise arrachée », d’après un communiqué de son ministère publié lundi 8 août.
« À l’issue d’une analyse longue et minutieuse des faits survenus le 5 octobre 2015 en marge du comité central d’entreprise du groupe Air France, et sur la base des éléments portés au dossier, il ressort que la faute reprochée est d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement du salarié protégé », précise le communiqué du ministère.
« Cette décision est cohérente avec le licenciement des quatre autres salariés impliqués dans le même dossier, qui ne bénéficient d’aucun mandat syndical et dont le cas n’est donc pas soumis à l’autorisation de l’inspection du travail », ajoute-t-il.
« Le salarié concerné conserve bien entendu la possibilité de former un recours de la décision de la Direction générale du travail devant le tribunal administratif », conclut le communiqué.
Un licenciement refusé en janvier par l’inspection du travail
L’inspection du travail, saisie en cas de licenciement d’un salarié protégé, avait refusé en janvier le licenciement pour faute lourde du représentant du personnel (CGT), magasinier à la maintenance. La direction avait alors formé un recours auprès du ministère du Travail.
La Direction générale du travail (DGT) avait décidé de « procéder à un complément d’instruction », selon le ministère du travail.
Réintégré à son poste après une mise à pied, le délégué CGT est accusé par son employeur d’avoir agressé le DRH d’alors de la compagnie, Xavier Broseta, ainsi que deux vigiles le 5 octobre à l’occasion d’une manifestation organisée au siège d’Air France à Roissy contre des suppressions d’emplois.
Xavier Broseta avait été contraint de fuir la foule en colère en escaladant une grille, avec la chemise arrachée.
Le délégué et les quatre autres salariés licenciés doivent répondre de « violences en réunion » les 27 et 28 septembre au tribunal correctionnel de Bobigny.
« Un nouveau 49-3 »
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a jugé « proprement scandaleux » que la ministre du Travail ait validé le licenciement du délégué CGT, y voyant une « attitude revancharde » du gouvernement après la bataille menée par le premier syndicat français contre la loi Travail. Philippe Martinez parle « d’une décision éminemment politique » qui « désavoue (celle) de l’inspection du travail ».
La CGT va « étudier tous les recours possibles. On ne laissera pas cette décision en l’état », a-t-il averti.
Mehdi Kemoune, porte-parole de la CGT à Air France, a de son côté déploré une « chasse aux sorcières contre la CGT et tous ceux qui se dressent contre la politique du gouvernement ». « C’est un nouveau 49-3 contre un salarié qui n’a rien à se reprocher », a-t-il ajouté.
« L’exécutif, dans sa toute-puissance, se substitue à la justice en pleines vacances d’été. Incapable de défendre le pavillon français, il criminalise des hommes et rallume le feu. La rentrée risque d’être animée », a aussi commenté Karim Taïbi, responsable de FO à Air France