L’éditorial de Michel Guilloux :
Pitoyable. Il aura fallu arriver au moment le plus creux de l’été pour assister à un forfait pour ne pas dire une forfaiture. La décision de la ministre du Travail d’autoriser le licenciement de Vincent Martinez, délégué CGT d’Air France, est d’une indignité totale.
La CGT, sa fédération des transports et le syndicat de la compagnie aérienne ont entièrement raison, dans le texte commun qu’ils ont rendu public, de parler de la « chasse aux sorcières » que gouvernement et Medef « mènent contre toute forme de lutte et de contestation ». Saisie sur l’affaire dite « de la chemise », la justice, fin mai, a été tellement embarrassée que, pour exercer son pouvoir sans être expéditive, et à la demande des avocats des quinze salariés concernés au total, elle a reconvoqué une audience sur deux jours, les 27 et 28 septembre prochains.
Quatre salariés ont pourtant déjà été licenciés. En l’absence de décision ministérielle au 4 juin, le licenciement de Vincent Martinez aurait dû être annulé de fait. Rappelons que l’inspection du travail parle d’un dossier vide. Quel courage il aura fallu à Myriam El Khomri pour attendre deux mois de plus et ce 8 août pour faire cet « exemple » réclamé par la direction d’un groupe qui entend museler toute contestation en son sein.
Un mauvais coup de l’été ne suffisant pas, ce même 8 août, sa signature rejoignait celles de pas moins de onze membres du gouvernement et du locataire de l’Élysée pour promulguer la loi travail. Le pouvoir a non seulement refusé d’entendre l’opposition populaire, syndicale, politique, parlementaire à un de ses textes mais il se sera joint aux plus indignes clameurs de haine à l’égard de la CGT et, au fond là encore, de toute contestation. Le seul regret qu’a eu François Hollande, comme il l’a confié en revenant de Rio, est de ne pas avoir profité de la loi Macron, promulguée, elle, en août – décidément – 2015 pour faire passer sa machine de guerre contre le Code du travail. Rendez-vous en septembre, alors