Imaginez, dans un monde de fiction, un Président, élu notamment grâce au soutien sans faille d’un puissant média audiovisuel, se précipiter, quelques mois après, sans prévenir les membres concernés de son gouvernement pour faire le cadeau d’une manne publicitaire estimée à presque un milliard d’€ à ce même média ainsi qu’à un autre que contrôle l’ami qui possède un yacht sur lequel le Président va se reposer à Malte, plongeant par la même occasion la télévision de service public dans un marasme sans nom. Une chronique du Monde d’hier: “Dépouiller le public pour aider Bouygues” pourrait même s’en émouvoir.
Imaginez que ce même Président monte par ailleurs une usine à gaz financière pour permettre au même propriétaire (42,9% des parts) de ce puissant média audiovisuel de mettre la main sur un des fleurons de l’industrie du pays, un des premiers groupes mondiaux dans l’industrie nucléaire que nous appelerions Avera.
Imaginez toujours que ce même propriétaire, bénéficiant par ailleurs de nombreux marchés publics dans le BTP, ait été le témoin au mariage dudit Président et soit parrain d’un de ses fils.
Imaginons, encore, qu’un autre magnat, ayant des ennuis dans une affaire de délit d’initiés d’un consortium aéronautique et propriétaire d’une grande radio implantée dans un petit pays limitrophe ait présenté ce même Président comme “son frère” et que la première fortune du pays, propriétaire notamment de beaucoup d’industries de luxe, ait été l’autre témoin au même mariage.
Imaginons enfin que la première mesure de ce président élu consiste en un blouclier fiscal en faveur des plus riches.
Vous me diriez certainement qu’il y aura certainement des renvois d’ascenseur et que tout cela se passe dans une quelconque république bananière loin, très loin des moeurs policées de notre beau pays. Auriez-vous raison ?
On se dirait alors que J. Chirac, avec les sept mises en cause judiciaires, n’était qu’un petit bricoleur et même S. Berlusconi n’apparaîtraît que comme un artisan besogneux.