C’était, il y a vingt ans. Je venais d’être chargé par Le Ministre de l’Enseignement Supérieur, feu Daly Jazy, de la fondation de l’Ecole des Beaux-Arts de Sfax. Durant toute la première année, nous avons été les hôtes de la Faculté des Lettres qui nous a hébergés dans les locaux du département d’Histoire. Je devais démarrer avec une équipe dont une partie étaient déjà désignés par l’Université et le reste nommés par les commissions de recrutement . J’avais appelé à mes côtés, pour ma part trois grands artistes dont la notoriété est établie au niveau national et même international . Il s’agit de mes amis , feu Khlil aloulou, Hachemi Jmal et Mohamed Al Yangui, tous deux grands céramistes et camarades de promotion de Escola Massana de Barcelonne, de Ridha Ben Arab et Khaled Ben Sliman.
J’étais redevable du résultat. Je me devais donc de faire avec. Parmi les assistants non encore titulaires, il y avait Sadika Keskes qui avait déjà son espace à Gamart et comme il n’y avait pas d’atelier de verrerie, sa spécialité, je l’avais chargée d’un cours de dessin, aux côtés de Khlil Aloulou, pour que les étudiants et la jeune stagiaire bénéficient de l’expérience de ce grand artiste. Elle y trouva son compte, puisque je lui avais bloqué ses heures, pour qu’elle puisse faire l’aller et le retour dans la journée, par avion , Tunis-Sfax-Tunis qu’elle prenait tous les jeudis. Dès les premières semaines je commençais à recevoir, par fax, de nos différentes ambassades de Rome à Pékin des préavis d’absence pour mission à l’étranger. Jusqu’au jour où Sadika m’appelle de Gamart pour m’informer qu’elle ne pouvait pas venir pour raison de maladie. Je lui avais alors demandé de m’envoyer un certificat médical. Un quart d’heure après avoir raccroché, ma secrétaire, apparemment surprise m’annonce le prénom d’une grande référence en matière de coiffure qui n’était autre que la propre soeur de Sadika venu m’apporter un certificat médical signé par un gynécologue connu et qui n’était autre que son propre frère. Trop c’est trop : j’ai constitué un dossier comprenant tous les documents que j’avais reçus de nos différentes ambassades et le certificat médical en question en précisant qu’il ne peut s’agir que d’un document de complaisance, établi à distance. Le tout envoyé par courrier officiel au Directeur de l’Enseignement Supérieur qui n’était autre que l’ancien président de l’Université du Sud à Sfax. Ce dernier avait adressé à Sadika un questionnaire lui demandant de justifier ses absences. Lorsque je lui avais présenté le questionnaire en question , elle refusa net de répondre et me proposa de donner sa démission. Elle a alors rédigé quelques lignes dans une langue pour le moins incorrecte et comme on étaient réunis Hachemi Jmal, Mohamed Yangui, et Khlil Aloulou pour ne citer que les plus agés, elle ajouta à l’adresse de nous tous أنا ما نيش كيفكم نتمعش من التعليم . En retour du courrier que j’avais adressé au Ministère,j’ai
appris que Sadika a été radiée de la fonction publique.