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15 anecdotes que vous ne connaissiez pas sur « Revolver

Publié le 20 août 2016 par John Lenmac @yellowsubnet
15 anecdotes que vous ne connaissiez pas sur « Revolver

Comment a été enregistré Revolver, l’album chef-d’œuvre des Beatles sorti en 1966

Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band a marqué l’apogée culturel du groupe, changeant l’air du temps de la société occidentale durant l’Été de l’amour de 1967, mais son prédécesseur, Revolver, sorti le 5 août 1966, représente leur plus grand tournant musical. Jamais les Beatles n’avaient enregistré autant de chansons de cette qualité. Jamais Paul McCartney n’avait si bien écrit. Jamais un groupe n’avait fait autant pour changer le concept même de la production sonore.

Il existe un certain nombre de légendes sur la création de Sgt. Pepper. Maintenant que Revolver fête ses 50 ans, voici 15 anecdotes que vous ne connaissez peut-être pas au sujet de ce classique.

1. « Yellow Submarine » a presque tué John Lennon

Le mercredi 1er juin 1966, les Beatles, Marianne Faithful, Brian Jones des Rolling Stones et Pattie, la femme de George Harrison, se sont retrouvés dans le Studio Two d’Abbey Road afin d’enregistrer les effets sonores de « Yellow Submarine ».

John Lennon a toujours été intéressé par la folie. Cela remonte à sa passion pour The Goon Show. Après avoir essayé de chanter tout en faisant des gargarismes, il a demandé à Geoff Emerick, l’ingénieur qui travaillait sur Revolver, de l’enregistrer en train de chanter sous l’eau.

« Tandis que George Martin s’efforçait de le dissuader, a plus tard écrit Emerick, je commençais à réfléchir à une alternative. Est-ce que John devait vraiment chanter dans un micro immergé dans l’eau ? »

On emballa un micro dans un préservatif pour le protéger, ce qui fit rire Lennon, puis on le mis dans une brique de lait.

Personne à l’époque n’était conscient de la chance qu’avait eue Lennon. «Des années plus tard, a déclaré Emerick, j’ai réalisé avec effroi que le micro qu’on utilisait était en fait un objet électrique. Avec le système de 240 volts utilisé en Angleterre, n’importe qui se trouvant dans la pièce, y compris Lennon, pouvait facilement se faire électrocuter et on se serait souvenu de moi comme le premier ingénieur son à tuer un client dans le studio ».

2. Revolver a été le premier album sur lequel les armes soniques secrètes des Beatles ont été utilisées.

S’il existe un ingrédient clé dans le son de Revolver, c’est bien une technique inventée par les Beatles et par George Martin appelée Artificial Double Tracking. C’est ce que vous entendez dans « Tomorrow Never Knows », par exemple, lorsque la voix de Lennon se transforme en celle d’un extraterrestre.

« L’Artificial Double Tracking consiste à prendre une image d’un son et à la ralentir ou l’accélérer légèrement pour qu’on ait l’impression qu’il y a deux sons, explique George Martin dans Anthology. Si vous employez des termes liés à la photographie, c’est comme avoir deux négatifs : quand vous mettez un négatif sur l’autre, il n’y a plus qu’une image. Si vous avez une image son sur une autre, vous n’avez donc qu’une image son. Si vous la décalez un peu, de quelques millisecondes, vous obtenez un son qui semble provenir d’une conversation téléphonique ».

3. Paul McCartney joue le solo de guitare sur « Taxman ».

Avant Revolver, George Harrison réalisait tous les solos de guitare des Bealtes, à part certains qui étaient joués par Lennon (le premier solo sur « Long Tall Sally », par exemple).

Il écrivait également quelques chansons et chantait un peu sur les premiers LP du groupe, mais Revolver était son album. Il contient trois de ses chansons, y compris « Taxman », le morceau plein d’énergie qui crée l’ambiance de l’album. Harrison ne joue cependant pas le solo de cette chanson.

« Cette session d’enregistrement était un peu tendue, se souvient Emerick, parce que George avait beaucoup de mal à jouer le solo. En fait, il ne pouvait même pas faire quelque chose de convenable même si on jouait le morceau plus lentement. Après plusieurs heures à le regarder essayer désespérément, Paul et George Martin ont commencé à s’énerver. Ils n’étaient pas prêts à passer une éternité sur cette chanson ».

Aïe. C’est donc McCartney qui joue le solo. Harrison, quant à lui, joue sur « I’m Only Sleeping » et sur « Got to Get You Into My Life ».

4. Avec « Good Day Sunshine », McCartney tente d’imiter le groupe Lovin’ Spoonful

Paul McCartney était l’expert culturel du groupe. Il allait voir des pièces de théâtre, écoutait de la musique avant-gardiste, des compositions classiques et des groupes contemporains comme Lovin’ Spoonful.

« Avec « Good Day Sunshine », j’essayais d’écrire quelque chose qui ressemblait à « Daydream » », a déclaré McCartney. Le morceau particulier de Lovin’ Spoonful ne possède pas le brio de « Sunshine », mais il est un bon exemple pour montrer comment les Beatles pouvaient s’inspirer de chansons écrites par d’autres groupes et en faire quelque chose de différent. « C’était notre chanson préférée de Lovin’ Spoonful ».

Revolver

5. C’est un membre de Manfred Mann qui a réalisé la pochette.

La pochette iconique de l’album, un dessin psychédélique en noir et blanc représentant des mini-Beatles, a été réalisée par Klaus Voormann, tombé par hasard sur le groupe à Hamburg et qui l’a présenté à Astrid Kirchherr, qui allait devenir la femme du bassiste original des Beatles Stuart Sutcliffe. Malgré qu’il ne sache pas jouer d’un instrument, Voormann a déménagé en Angleterre et rejoint le groupe Manfred Mann.

Dans une interview qu’il a accordée à Jann Wenner dans les années 1970, Lennon demande « Pouvez-vous me dire si cet album blanc avec la pochette dessinée par Klaus Voormann est sorti avant Rubber Soul ou après ? », révélant qu’il avait oublié le nom du chef-d’œuvre des Beatles, mais pas le dessin de Voormann.

« On aimait la façon dont de petites choses sortaient des oreilles de gens et comment il avait assemblé des choses à petite échelle alors que le dessin était à grande échelle, a déclaré McCartney. Il nous connaissait suffisamment pour bien nous dessiner. Nous étions flattés ».

6. L’album a presque été intitulé en hommage à un jeu de mots épouvantable de Ringo Starr

Vous pensez que Revolver renvoie à une arme ? Faux. L’album a failli s’appeler After Geography, en référence à un jeu de mots qu’avait fait Ringo Starr sur Aftermath des Rolling Stones.

Beatles on Safari était également un titre possible pour l’album, tout comme Four Sides of the Circle, Fat Man and Bobby et Abracadabra. Ce dernier était le plus probable jusqu’à ce que le groupe apprenne qu’il était déjà pris par un autre groupe.

Le titre final est une référence à ce que fait un album : il tourne (revolve en anglais). Les Beatles étaient de grands amateurs de jeux de mots. Celui-ci aurait pu être mal interprété.

7. McCartney a écrit « Here, There and Everywhere » en attendant que Lennon sorte de son lit

Paul McCartney s’est rendu chez John Lennon pour une session d’écriture pour Revolver. C’était l’après-midi et Lennon était toujours au lit.

« Je me suis assis sur une chaise longue à côté de la piscine avec ma guitare », a expliqué McCartney dans le livre Many Years From Now de Barry Miles. C’est là qu’il a écrit « Here, There and Everywhere », une chanson qui est depuis devenue l’une des préférées de Lennon dans le catalogue des Beatles.

« John m’a aidé à écrire les derniers mots, déclare McCartney. Quand on l’a chantée en studio, je me souviens m’être dit que je la chanterai comme Marianne Faithfull. Quelque chose que personne ne saurait jamais ».

8. Le premier titre de « She Said She Said » était « He Said He Said ».

Avant de devenir « She Said She Said », la chanson morbide de Lennon s’appelait « He Said He Said ». « He » renvoyait à Peter Fonda qui avait fait peur à Lennon lors d’une expérience psychédélique en disant qu’il avait fait l’expérience de la mort.

C’était le 24 août 1965. Les Beatles s’étaient accordé un jour de repos durant leur tournée nord américaine et étaient invités à une fête organisée par Fonda et par les Byrds à Beverly Hills.

« Tout le monde était drogué, a déclaré Fonda à Rolling Stone. Ils trouvaient des filles qui se cachaient sous les tables et quelqu’un s’est jeté dans la piscine depuis une fenêtre ».

Lorsqu’il était enfant, Fonda a failli mourir d’une blessure causée par une arme à feu. Il a insisté pour la montrer aux Beatles, faisant paniquer George Harrison et Lennon lui a dit de se taire. Chez lui, Lennon s’est enregistré en jouant de la guitare acoustique et en chantant « He said, ‘I know what it’s like to be dead’/I said » encore et encore. Ce fut la dernière chanson enregistrée pour Revolver.

9. Le Père McKenzie de « Eleanor Rigby » aurait pu être Père McCartney

Pete Shotton était le meilleur ami de John Lennon. Ils ont grandi ensemble et Lennon lui a acheté un supermarché. Il l’invitait même lors de sessions d’écriture.

Durant l’une d’elles, Lennon et lui se sont rendus dans le studio d’enregistrement de John Lennon, ce dernier s’étant désintéressé de ce que tout le monde regardait à la télévision. Dans The Beatles, Lennon and Me, Shotton écrit qu’il se souvient l’avoir entendu dire « C’est de la merde ».

« Comme d’habitude, Paul McCartney avait apporté sa guitare. Il l’a sortie et a commencé à en jouer ». Il joua une nouvelle chanson : « Eleanor Rigby ».

Dans la chanson, le nom original du prêtre était Père McCartney. « Attends deux secondes Paul, a dit Shotton. Les gens vont penser que c’est ton père, seul à Liverpool en train de repriser ses chaussettes ». Pas faux. Tout le monde a proposé des noms jusqu’à ce que Shotton propose Père McKenzie et l’idée qu’il préside le service funéraire de la chère Mme Rigby.

« Je ne crois pas que tu comprennes où on veut en venir, Pete », a fait remarquer Lennon. « Va te faire foutre », lui a répondu Shotton.

10. McCartney en est presque venu aux mains avec le joueur de cuivres français sur « For No One »

Travailler avec les Beatles pouvait présenter de mauvais aspects. Parfois, l’apparition que vous faisiez sur un de leurs albums pouvait éclipser tout ce que vous aviez fait d’autre. Les fans des Beatles connaissent Alan Civil comme le musicien français qui a réalisé le solo de cuivres sur le très bon morceau « For No One » de McCartney, mais il n’a pas fait que ça.

Il a joué sur « A Day in the Life » et est un expert des œuvres de Mozart. C’est également quelqu’un qui en est presque venu aux mains avec Paul McCartney.

« Paul ne remarquait pas à quel point Alan Civil était doué, a déclaré George Martin. Il jouait et Paul lui disait « Bon, okay, je pense que tu peux faire mieux que ça, pas vrai Alan ? ». Alan a presque implosé. Bien sûr, il ne pouvait pas faire mieux et ce qu’on entendait en studio était ce que vous entendez aujourd’hui sur l’album ».

Dans The Complete Beatles Recording Sessions de Mark Lewisohn, Civil est diplomate et impassible. « Pour moi, c’était simplement une autre journée de travail, la troisième session de la journée en fait, mais c’était très intéressant ». Tu parles que ça l’était.

11. Le décompte de « Taxman » a été enregistré un mois après la chanson

Les sessions d’enregistrement pour la chanson « Taxman » d’Harrison ont débuté le 20 avril. Quatre premières prises ont été enregistrées mais aucune ne contenait le célèbre décompte par lequel commence l’album. Ce début numérique de « Taxman » est un exemple de bidouillage en studio. Il a en effet été enregistré le 16 mai et ajouté au morceau alors que ce dernier était déjà enregistré. C’est en fait McCartney, qui, hors micro, compte dans la chanson.

12. Un pull-over est en partie responsable du son de batterie distinctif de l’album

La batterie de Ringo Starr fait partie des nombreuses marques de fabrique sonores de Revolver. Même s’il devait tuer le temps pendant que Lennon et McCartney développaient leurs différentes idées, Starr était toujours prêt à montrer ses talents à la batterie.

« J’ai rapproché le micro de la batterie, a déclaré l’ingénieur Emerick. Il existe une photo des Beatles arborant un pull-over en laine. Je l’ai mis dans la batterie pour étouffer le son. On a ensuite passé le son dans des limiteurs et des compresseurs Fairchild 600 ». C’est de cette façon qu’a été créé le son de batterie des Beatles de l’époque Revolver.

13. George Harrison était nul pour trouver des titres

Lorsqu’il a commencé à écrire des chansons pour le groupe, George Harrison arrivait à peine à penser à un titre à donner à ses propres compositions. Trois d’entre elles qui figurent sur Revolver, y compris « Love You To », un autre jeu de mots des Beatles (sur une mauvaise grammaire, semblerait-il), avaient pour titre originel « Granny Smith », en référence à la pomme, ce qui n’avait rien à voir avec la chanson.

Lorsque George Martin lui a demandé lors des sessions d’enregistrement comment il allait intituler la chanson qui allait devenir « I Want to Tell You », Harrison n’en avait aucune idée. « Tu n’as jamais d’idée pour tes chansons », lui a répondu John Lennon.

14. Il existait un vrai Docteur Robert

« Doctor Robert » est la première chanson des Beatles à ouvertement parler de drogue. Le docteur de la chanson est Docteur Robert Freymann, directeur d’une clinique à New-York. « J’étais celui qui gérait les pilules sur la tournée », a déclaré Lennon dans All We Are Saying de David Sheff.

Cependant, Paul McCartney a déclaré dans Many Years que cette chanson était une parodie.

« John et moi avons pensé que c’était une idée marrante : le docteur imaginaire qui vous donne de la drogue pour aller mieux. De ce que je sais, ni John ni moi ne sommes allés chez un médecin pour ce genre de choses. C’était cependant la mode, et ça l’est encore. Changez votre sang et injectez-vous des vitamines, vous vous sentirez mieux ».

15. Les bruits d’oiseaux sur « Tomorrow Never Knows » viennent du laboratoire acoustique de Paul McCartney.

Le titre de la chanson était dans un premier temps « Mark I ». Geoff Emerick se souvient de l’engouement passager de Lennon à trouver le bon son, ce qui le menait à tester certaines approches d’enregistrement singulières.

« Il a proposé qu’on le suspende au bout d’une corde au milieu du studio, qu’on mette un micro au sol, qu’on le pousse et qu’il chante en se balançant devant le micro ».

Dans Many Years, McCartney se souvient d’une autre session d’écriture : « John a sorti sa guitare et a commencé à jouer « Tomorrow Never Knows » avec un seul accord. On s’intéressait à la musique indienne. On écoutait un album indien et on se disait « Est-ce que quelqu’un a remarqué qu’il ne change jamais d’accord ? » ».

On considère aujourd’hui la chanson comme étant purement Lennonesque, mais c’était un travail d’équipe.

Les sons d’oiseaux que vous entendez sur « Tomorrow Never Knows » ont été réalisés par McCartney. Il prenait des morceaux d’enregistrements sur lesquels on entendait des guitares et des basses qui jouaient faux, des bruits de verres qui s’entrechoquent, etc. Il les assemblait ensuite en studio sur des machines à cinq pistes.

Dans la régie, George Martin et Geoff Emerick criaient, « Le son des mouettes maintenant ! » à chaque fois qu’ils voulaient un son qu’ils n’avaient jamais entendus.

Publié le: Samedi 20 Août 2016 - 02:45Source: rollingstone

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