Un charnegue
J’apprends par le journal le décès de Loulou. Il « avait l’âge de faire un mort », 95 ans, même si je ne l’appelais pas ainsi, la différence d’âge. Je me souviens de lui vendant des glaces sur la plage puis épicier au bourg : il était parti de rien, sauf ses bras et ceux de son épouse. C’était un charnegue m’avait dit mon père à qui je demandais le sens du mot que j’avais peut-être trouvé dans un roman de Robert Escarpit. Le dictionnaire gascon de Simin Palay le traduit par métis alors qu’il n’ a pas la moindre connotation biologique. Simplement, il parlait gascon et basque.
Que ne ne suis pas allé l’interroger, davantage intéressé à l’époque à « revisiter » le folklore, d’autant que j’aurais été incapable d’apprécier ses compétences en basque alors que dans les Landes il avait eu le temps de l’oublier. Il eût pourtant été intéressant de retrouver son parcours d’une langue à l’autre et de comprendre ses relations aux langues dont le français. Arriverais-je à résister à la métaphore de la bibliothèque qui a brûlé ? Je finis par m’y habituer.
Bernard Traimond