Magazine Séries

The Get Down (2016) : cacophonique

Publié le 21 août 2016 par Jfcd @enseriestv

The Get Down est une nouvelle série de 12 épisodes mise en ligne depuis la mi-août sur le site de Netflix. L’action se découle dans le Bronx dans les années 70 alors qu’un groupe de jeunes aspire à la célébrité dans le domaine de la musique en plein essor du disco. Création de Baz Luhrmann, cette comédie musicale nous casse assez rapidement les oreilles : la mise en scène a beau être l’une des plus soignées pour ce genre de série, on a rapidement le sentiment d’être gavé après un pilote interminable et cacophonique. Quant à la trame narrative, autant elle s’en va de tous bords tous côtés, autant son originalité laisse à désirer.

The Get Down (2016) : cacophonique

Bling-bling extrême

Le personnage principal est Ezekiel Figuero (Justice Smith) dont les parents ont été assassinés alors qu’il était encore enfant, mais il faut avouer qu’en ces années, la violence est plutôt banalisée surtout dans ces quartiers de New York, littéralement à la dérive. Toujours est-il que l’adolescent à un don extraordinaire pour l’écriture, mais n’ose pas partager avec autrui ses poèmes par peur d’être ridiculisé. Ce n’est seulement qu’après sa rencontre avec Shaolin Fantastic (Shameik Moore), un enfant de la rue qui fait des graffitis à couper le souffle qu’il acquiert finalement de la confiance en soi. Ensemble, ils décident de poursuivre leur art : Shaolin en tant que DJ et Ezekiel dans l’écriture de la musique. Ce dernier est amoureux fou de Mylene Cruz (Herizen F. Guardiola) qui rêve de devenir l’égale de Donna Summers, mais son père pasteur lui interdit formellement de se donner en spectacle, sauf dans son église bien entendu. Qu’à cela ne tienne, grâce à son oncle Francisco (Jimmy Smith), un impresario au second épisode se déplace pour l’entendre chanter et tombe aussitôt sous le charme. En même temps, ces protagonistes font la découverte la nuit d’une véritable fauve urbaine où l’on se déhanche sur le rythme du disco tandis que les propriétaires des plus grandes boîtes se déclarent la guerre. Et en arrière-plan, on a des magnats de l’industrie de la construction qui ont bien l’intention de passer un coup de balai dans ce Bronx en ruines et habité par la racaille.

S’il y a un domaine que Netflix n’avait pas encore exploré, c’est bien la comédie musicale. Et qui de mieux que Baz Luhrmann (Romeo + Juliet, Moulin Rouge!, The Great Gatsby, etc.) pour prendre l’affaire en main. On reconnaît bien la patte du producteur /réalisateur ici avec sa flamboyante mise en scène dotée d’un budget de 120 millions $ pour la première saison : un record pour Netflix (alors que Vinyl d’HBO se déroulant dans la même décennie avait coûté 100 millions $ pour 10 épisodes). Costumes, recréation d’époque dont les immenses boîtes de nuit à la Studio 54; tout y est pour charmer nos yeux au point où tout ce bling-bling vient ombrager considérablement la narration et dès lors, les failles ne tardent pas à apparaître.

The Get Down (2016) : cacophonique

C’est d’abord la durée des épisodes qui pose problème : 92 minutes rien que pour le pilote (la durée d’un film) et environ 60 minutes pour les épisodes subséquents, c’est beaucoup trop pour le genre d’intrigues que l’on nous offre. Au début, la scène impliquant un vol de disque durant laquelle Shaolin et Ezekiel finissent par faire connaissance est interminable sans raison apparente (un bon 20 minutes), tout comme la soirée dans la boîte de disco qui ne fait qu’accumuler les plans superficiels et qui aurait facilement pu être réduite de moitié.

Les comédies musicales en général ne sont pas reconnues pour la finesse de leurs intrigues et The Get Down ne fait pas exception à la règle : la jeune fille des ghettos qui souhaite devenir une star n’a rien de bien novateur. Le fait qu’elle soit fille de pasteur et que le disco ait la réputation de corrompre les mœurs nous rappelle Footloose (1984) tandis que l’amour interdit entre un Noir et une Hispanique nous fait tout de suite penser à West Side Story (1961). Enfin, toutes ces scènes où l’on voit deux producteurs spéculer sur l’avenir de Mylene et le fait de s’associer ou non avec des plus grands ressemble à une reprise de Vinyl dont on n’avait pas nécessairement envie de se rappeler. Dans les deux premiers exemples, les histoires pour le moins simplettes étaient néanmoins rehaussées par la beauté des chorégraphies et des chansons (de véritables vers d’oreilles), ce qui est loin d’être le cas avec la nouveauté de Netflix. Peu de chansons pour la plupart très courtes, les pas de danses sont sans cesse interrompus par des plans du décor mirobolants et d’intrigues plus que secondaires qui nous font perdre le fil.

The Get Down (2016) : cacophonique

Un drame d’opérette

Au cours de l’épisode, l’on remarquera qu’on entrecoupe les scènes de plusieurs plans d’archives du Bronx question de nous mettre dans l’ambiance. La même méthode était utilisée dans une autre série de Netflix, Narcos, mais beaucoup plus effective puisque celle-ci s’inspirant de la vie de du trafiquant Pablo Escobar; apportant du réalisme à cette fiction qui avec la narration prenait quelquefois des allures de documentaire. Avec The Get Down, il s’agit d’un habillage, sans plus parce qu’en dépit de quelques efforts pour aller en ce sens, il ne s’agit pas d’une série dénonçant les conditions assez précaires dans lesquelles vivent les minorités. En fait, on met tellement l’accent sur le contenant que dès que l’on s’essaie à dramatiser le contenu, ça tombe à plat. Le meilleur exemple est lorsqu’au premier épisode, des membres d’une bande adverse pénètrent dans la discothèque bondée dirigée par Fat Annie (Lillas White) et en guise de représailles font partir leurs mitraillettes sur une foule innocente. Pour le moment, cette trame narrative ne représente pas beaucoup d’intérêt et l’on soupçonne qu’elle a été incluse dans le scénario davantage pour son aspect cool : un hommage peut-être aux films de gangsters, mais en vue de l’actualité récente, c’est assez dérangeant.

S’il y a des abonnés de Netflix qui sont charmés par cette nouveauté, ils devront prendre leur mal en patience puisque le service de vidéo sur demande n’a mis en ligne que les 6 premiers épisodes; l’autre moitié devant être dévoilée à une date ultérieure. On a fait la même chose plus tôt cette année en divisant la saison de la comédie The Ranch… un moyen d’étirer la sauce, comme si dans le cas de The Get Down, c’était nécessaire…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jfcd 558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine