Dernier Train pour Busan // De Sang-Ho Yeon. Avec Gong Yoo, Kim Soo-Ahn et Yu-mi Jeong.
Proposé hors compétition au Festival de Cannes 2016, Dernier Train pour Busan est un OVNI du genre. En effet, ce n’est pas le film de zombies habituel, et il partage pas mal de liens avec Diary of the Dead (2007) de George A. Romero. Impossible d’ailleurs de ne pas penser à ce dernier rien que pour le côté huis-clos. Mais bien entendu, le film ne s’arrête pas à la référence que l’on peut imaginer. C’est un film à grand spectacle, un grand film de genre qui ose tout et qui ne se permet vraiment aucune limite. Sans laisser de répit au spectateur, le film enchaîne les scènes de combats avec les zombies, parsemé de quelques moments d’émotion brillamment interprétés. C’est un blockbuster sans nécessairement en être un pour autant. Il sait associer l’intelligence que demande un tel film avec quelque chose de vif et détonnant. Par moment, le film sait aussi insuffler une bonne dose d’humour qui est elle aussi la bienvenue afin de respirer entre deux séquences assez fortes, que cela soit en termes gores ou en termes un peu plus émouvantes.
Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...
Sang-Ho Yeon est une révélation que je ne m’attendais pas du tout à voir. Je sais pertinemment que les films de zombies sont assez rares au cinéma et surtout rarement réussis. Le dernier en date, World War Z (dont je me souviens en tout cas) était une calamité assez monstrueuse. Ici, le film est intelligente et même prodigieux. La mise en scène du réalisateur sait trouver les bons angles afin de cadrer parfaitement les personnages et de donner l’impression que ce train, qui ne peut s’arrêter à aucune gare à cause du virus, est en train de mener tout le monde dans une sorte de précipice. Le film respecte même le précepte de base du film d’horreur en éliminant un certain type de personnages et en laissant un certain autre type de personnages en vie. Dernier Train pour Busan est aussi une critique sociale de la Corée du Sud (même si pas suffisamment acide pour autant). Il y a une vive critique des gens qui s’en mettent plein les poches sur le dos de pauvres citoyens mais c’est aussi un récit apocalyptique intéressant sur l’instinct de survie et ce qu’il pourrait probablement nous faire faire dans ce genre de situations.
Dernier Train pour Busan n’est donc pas le film de zombies typique que l’on pouvait probablement attendre. Ajoutez à cela un casting cinq étoiles de personnalités coréennes que je ne connaissais pas du tout et qui ont su me bluffer du début jusqu’à la fin. Parfois, ce sont même ceux qui dialoguent le moins qui s’en sortent le mieux, grâce à quelques très jolies séquences fortes (notamment les larmes d’une jeune fille sur fond d’une chanson folklorique). Les grandes scènes s’enchaînent et les révélations par la même occasion (d’où vient ce virus ?). La façon dont le film sait parsemer son histoire de choses et d’autre m’a fasciné du début à la fin sans jamais me faire décrocher. Durant près de deux heures de film on est pendu au film alors que l’on ne s’y attend pas nécessairement. Dernier Train pour Busan est ainsi probablement l’un des (le ?) meilleurs films de l’été. A certains moments on pense même à Snowpiercer (l’une des plus belles révélations de ces dernières années au cinéma pour moi) ou encore The Walking Dead pour le propos et le côté zombies. Le cinéaste coréen est voué à un bel avenir (et c’est tout ce que je lui souhaite).
Note : 10/10. En bref, un sans faute estival. Brillant.