The Kettering Incident // Saison 1. 8 épisodes.
BILAN
D’une série australienne, il ne faut pas toujours attendre grand chose. Après les deux premiers épisodes plutôt solides que The Kettering Incident nous a offert, je continue de reprendre foi en leurs séries. L’histoire de départ de The Kettering Incident est déjà suffisamment originale alors que l’héroïne, Anna Macy, se réveille en Tasmanie. Elle réside à Londres et elle ne sait pas du tout comment elle s’est retrouvée là bas. On semble entrevoir la référence à quelque chose de très conté, ce qui dans un sens me plaît. The Kettering Incident prend donc un chemin différent de ce que l’on avait pour habitude de voir avec ce registre thriller-esque tout droit venu de nos voisins scandinaves. Si visuellement la série reste très sobre et colle parfaitement à l’esprit d’un The Killing et comparse, le scénario est truffé de bonnes idées. Il n’y a rien de réellement nouveau dans ce récit et pourtant, il fonctionne du début à la fin. Les révélations s’enchaînent et viennent alors parsemer le film de belles petites trouvailles. Il faut dire que l’héroïne colle parfaitement au rôle qu’on lui donne. Son regard un peu perdu et son teint assez avare en expressions permet de rappeler aussi ce que le silence peut imposer par moment dans un récit.
Le silence peut parfois dire beaucoup plus que tout un tas de dialogues perdus dans des ressorts narratifs qui n’ont aucun sens. De ce fait, on retrouve pas mal de choses qui font le succès d’autres séries, se reposant plus sur l’émotionnel conduit par le silence et le vide narratif, plutôt qu’autre chose. C’est un choix qui est audacieux car il faut savoir équilibrer ces moments avec le sentiment que l’histoire avance petit à petit. Afin de ne pas tout nous raconter tout de suite, l’histoire se concentre sur les errances de l’héroïne, sur le questionnement intérieur de cette dernière sur ce qui s’est réellement passé. C’est donc une sorte de métaphore narrative que The Kettering Incident utilise pour reproduire ce que vit son personnage. Cela permet alors de nous impliquer d’avantage dans le récit et de nous baigner dans une atmosphère qui sort un brin des sentiments battus et rebattus par tout un tas de séries auparavant. Surtout que le creux de cette série, et donc si silence, permet de mieux s’imprégner des décors et de ce qui entoure le personnage. Terrence Malick, que j’apprécie énormément au cinéma, utilise énormément le silence afin de marquer émotionnellement son spectateur, en pensant (à raison) que l’image est plus forte que tout le reste.
Certes, The Kettering Incident n’est pas mise en scène par le réalisateur américain mais elle a des astuces séduisantes au fil des épisodes afin de nous faire ressentir quelque chose. Au fil des huit épisodes, nous pouvons parfois avoir l’impression que l’on se moque un peu de nous mais ce que réussi à faire The Kettering Incident c’est à nous introduire à un monde étrange tranquillement, en prenant des pincettes pour ne jamais déstabiliser le spectateur qui l’a déjà probablement été au départ avec le silence constant (ou presque). C’est là que l’onirisme prend le pas sur tout ce qu’il y a de plus réaliste dans le monde moderne que l’on connaît. C’est intelligemment dosé, d’épisodes en épisodes, afin de ne jamais tomber dans le trop plein. Anna, notre héroïne, ère, comme si elle attendait que la réponse qu’elle cherche lui vienne. C’est séduisant de se plonger parfois dans le vide et le plongeon que l’on fait dès les deux premiers épisodes s’avère être un voyage différent à la fin que l’on a envie de refaire dans une saison 2 qui, je l’espère, sera commandée. Comment ne pas être séduits non plus par le générique qui brille de milles feux du début à la fin. Je n’en attendais pas moins de sa part et c’est bien là ce qu’il y a de plus séduisant dans The Kettering Incident.
Note : 7/10. En bref, un voyage étrange parsemé d’idées.