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Quand Fatiha Daoudi répond à Edwy Plenel

Publié le 24 août 2016 par Micheltabanou
Qui est Datiha Daoudi? En quoi sa voux serait-elle autorisée pour évoquer le Burkini et répondre à Edwy Plenel and Co? Fatiha Daoudi est docteure en science politique, diplômée de l'Université de Grenoble Alpes. Licenciée en droit privé et titulaire d'un master en droits de l'Homme et libertés publiques, elle a orienté ses recherches sur le vécu des populations des frontières algéro-marocaines depuis leur fermeture en 1994.
Elle est chercheure associée au Centre Jacques Berque de Rabat et auteure d'études et de rapports.
Elle est également militante des droits humains, membre de plusieurs associations et experte en genre et en droits humains auprès d'organismes internationaux.


Voilà pour les préliminaires de présentation le CV de cette femme exemplaire et qui issue de la culture musulmane est bien à même de réagir aux différentes affaires dites du Burkini que certains veulent minimiser ou réduire à une simple mode vestimentaire bien éloignée de l'application stricte d'une contrainte machiste et religieuse.
Voici à cet effet son texte paru sur le site du Huffington en réponse au négativisme du très médiatique Edwy Plenel. Du nectar et de l'intelligence à savourer et surtout quand c'est une femme libre qui s'attaque à un pilier du machisme et de la complaisance anti-féministe. Elle met en brèche cette idée que le Burkini serait un compromis entre modernité et foi défendue par Olivier Roi, dont par ailleurs j'apprécie nombre de ses ouvrages, mais qui en la matière ne fait pas la différence entre être d'une part un homme et d'autre part un spécialiste de l'islam et d'être une femme vivant au jour le jour dans son corps une culture religieuse qui le nie ou le réduit à un interdit.
" Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre
A vous entendre pérorer sur la liberté vestimentaire des femmes musulmanes, confortablement installé dans une démocratie centenaire dont les institutions sont solidement ancrées et où les libertés individuelles sont sacralisées, je sens mes cheveux se dresser sur ma tête non voilée et la colère m'envahir.
Vous dites que le burkini est un vêtement comme un autre alors que le terme lui-même est un carcan pour les femmes puisqu'il veut dire un mélange entre la burqa (voile total) et le bikini, vêtement de plage. Il ressemble à s'y méprendre à une combinaison de plongée sous-marine avec en plus une capuche qui couvre la tête. Imaginez ce qu'éprouve une femme ainsi couverte, sous le soleil!
Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre et je sais de quoi je parle puisque je suis une femme de culture musulmane et vivant dans un pays, le Maroc, où l'islam est religion d'Etat. Pays où les droits des femmes ont évolué vers plus de liberté grâce aux femmes qui se sont battues becs et ongles pour que leur voix soit entendue et leur place dans l'espace public reconnue et qui continuent leur lutte encouragées par une volonté politique même si le gouvernement actuel est à majorité islamiste.
Cependant, leurs droits ne sont pas à l'abri d'une régression par ces temps où la pratique de l'islam est plus une ostentation qu'une dévotion.
Quand, Monsieur Plenel, vous comparez le burkini à la soutane en parlant de la sacro-sainte liberté individuelle, vous oubliez une chose importante c'est que la soutane est un habit porté par des personnes qui font de la religion une profession et bien entendu ne doivent aucunement être discriminés même lors de la séparation de l'Église et de l'Etat.
A l'opposé, le burkini n'est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C'est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes sur les plages qui sont sensés être des lieux de villégiature et de détente. Par ce genre de vêtement, le corps des femmes est entravé afin, parait-il, de ne pas mettre sans dessus dessous la libido masculine!
Qu'une personne qui a votre audience dans les médias français et francophones, affirme que le burkini est un vêtement dans lequel une minorité se cherche et qui est une mode passagère me choque car vous oubliez que les musulmans ne sont pas une minorité, l'islam étant la deuxième religion de France et que par conséquent le burkini pourrait y constituer un danger pour les femmes toutes confessions confondues.
D'autre part, votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes vivant dans les pays musulmans qui auront vite fait de légitimer cette entrave au corps féminin et toute autre en s'appuyant sur votre notoriété!
Je ne sais pas si vous en avez connaissance mais, dans ces pays musulmans, nos mères portaient, dans les années soixante, le maillot sur les plages et leurs corps profitaient librement du soleil avant qu'il ne se résume à leur entrejambes. De nos jours, nombreuses sont les femmes qui évitent de porter le maillot à la plage de peur d'être agressées par les fous de la religion qui ne sont en fait que de simples obsédés du sexe.

Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre. Il fait partie d'une stratégie qui si elle est encouragée par des avis permissifs finira par arriver à son but final: interdire l'espace public aux femmes!"


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