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Holy Wood, portrait fantasmé de Marilyn Monroe - la chronique

Publié le 25 août 2016 par 7bd @7BD
Couverture Holy Wood, portrait fantasmé de Marilyn Monroe de Redolfi chez La boite à bulles
Titre: Holy Wood, Portrait fantasmé de Marilyn Monroe Auteur : Tommy redolfi Editeur : La Boîte à bulles Année : 2016 Page : 256 Prix : 32€ Résumé : La jeune Norma Jean Baker arrive dans une ville étrange, répondant au nom d'Holy Wood. Elle veut percer en tant qu'actrice mais cette ville curieuse semble gérée par des gens tout-puissants, répondant au nom des Wilcox, qui décident de la destinée des habitants, même de ceux fraîchement arrivés. Et peu leur importe les désirs des uns et des autres... Mon avis : Tout est annoncé avec le titre de cette histoire étrange « Holy Wood, Portrait fantasmé de Marilyn Monroe ». Effectivement, si on retrouve les étapes clés de la vie de Marilyn, de son arrivée à Los Angeles jusqu'à sa mort, les faits sont déformés par la vision artistique de Tommy Redolfi. Si vous connaissez bien la vie de cette star trop tôt disparue, vous retrouverez semé comme autant de cailloux blancs des noms, des personnages, des images clés. Sinon, ne vous inquiétez pas, vous prendrez l'histoire telle qu'elle est, et ne vous attachez pas à discerner la vérité de l'imagination. Car plus qu'un portrait fantasmé, ce récit est une allégorie, une métaphore, et Tommy Redolfi nous plonge dans ce bois carnivore, ce bois qui dévore les hommes comme des proies, ce bois dirigé par des gens sans pitié ni respect.
Et peu importe de relire la fable du loup et du chaperon rouge, car l'auteur saupoudre ce récit d'éléments bouleversants qui surgissent au fur et à mesure de l'histoire, donnant encore un autre regard sur ce personnage principal. La couverture donne le ton : Si Marilyn irradie de lumière dans un décor sombre et semble briller de mille feux, on réalise vite que cette lueur semble bien pâle, la rendant presque fantomatique. Alors que le rideau rouge nous présente un spectacle, ce rouge sang n'augure rien de bon, tout comme les veilleuses qui éclairent la scène. Et le décor de forêt vert sombre derrière l'héroïne semble bien plus oppressant qu'apaisant. L'histoire est découpée en trois chapitres imposants donnant un très volumineux recueil. On pourrait s'attendre à un découpage comme « l'arrivée, la montée, la chute » mais il n'en est rien. L'histoire nous présente une jeune fille qui chute avant même d'être arrivée au sommet. La chance qui lui sourit nous apparaît à nous lecteurs, comme source de bien des ennuis et la fragile Norma Jean Baker ne peut nous laisser de marbre. On se prend ainsi à souhaiter qu'elle remonte dans le bus et reparte dans son pays natal. Le personnage de Marilyn est très attachant et sa complexité est vraiment bien rendue, nous réservant des surprises jusqu'à la fin, que l'on connaît pourtant déjà. Tout autour d'elle rôdent des personnages dont les intentions, souvent malhonnêtes, les rendent peu attachants. Et parois, au détour d'une allée, au hasard d'un taxi, une rencontre saine, presque trop belle pour être honnête. On s'interroge, on se méfie, bien plus que Marilyn. Et du coup, l'angoisse est bien amenée. Car le choix d'une réalité déformée permet de jouer avec les codes. On sent vite que le monde de Holy Wood ne fonctionne pas normalement. Des appels bizarres, des visages angoissés, des rencontres inattendues, rien qui n'est fait pour nous mettre à l'aise. Cette ville indéchiffrable, dont certains personnages ne sont que les tentacules, est l'antagoniste de Marilyn, même si la jeune fille ne s'en rend pas compte ! Page de Holy Wood, portrait fantasmé de Marilyn Monroe de Redolfi chez La boite à bulles Tommy Redolfi adopte un style graphique bien particulier pour nous présenter ce récit opaque. Ses graphismes coupés au couteau, où les personnages sont stylisés mais semblent porter leurs rides, les traits anguleux de leur visage comme autant de blessures. Et où Marilyn tranche par ses rondeurs et sa peau lisse. Ce dessin dur prend place dans des décors mélangeant des intérieurs tout aussi hachés, ou des grands espaces soit tranquilles soit mystérieux. Ces décors qui savent s'effacer pour laisser soudain la place à des nappes de couleur, où ressort un accessoire, un personnage. Tommy Redolfi part sur une base réaliste pour ces lieux et soudain, des traits hachés, ou alors totalement estompés, semblent les effacer, les incruster dans quelque chose de plus vaste, de plus informe. Ce qui rajoute à l'atmosphère pesante de l'histoire. L'auteur, également dessinateur donc, pousse même son style vers un dessin enfantin, mais d'enfants en colères, abandonnant la couleur pour le noir et blanc et des esquisses sauvages. Bien sûr, narrativement, tout cela a un sens, on s'enfonce un peu dans la tête des personnages et je ne vous en dirai pas plus... La composition et les cadrages nous offrent parfois de très belles planches. Un car sous la pluie, un plongeon au fond de la piscine, une double page où le décor se résorbe pour ne laisser plus flotter qu'un teinte pâle, marquant le fait que Marilyn sombre. Il faut lire cette BD car c'est un voyage envoûtant et magique que vous ferez, loin d'une énième biographie dessinée consacrée à Marilyn Monroe. Une histoire complète qui prend son temps, au graphisme tranché et si il vous fallait une raison de plus, la voici : le magnifique opus joliment relié, avec un papier épais de qualité, que nous offre l'éditeur la Boite à Bulles. Un beau recueil pour une belle œuvre qui ne dépareillera pas dans votre bédéthèque ! Un tome qu'on prend plaisir à tenir en main et à parcourir, jusqu'à ce que le plaisir magique du livre cède la place à l'inquiétude latente de l'histoire... Zéda face à un mythe... Holy Wood, portrait fantasmé de Marilyn Monroe - la chronique David  Inscrivez vous à notre newsletter :

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