La première saison d’American Crime était une bonne surprise. C’était une série intelligente qui parlait des problèmes d’une société américaine encore rongée par le racisme. En détruisant plus ou moins le rêve américain, John Ridley vient rappeler que derrière ce pays qui fait rêver se cache aussi des histoires compliquées. Cette année, c’est à quelque chose d’autre que s’attaque American Crime et en l’occurence c’est à la difficulté d’être soi-même. A certains moments, cette saison 2 porte sur tout un tas de valeurs différentes et complémentaires avec la saison précédente. On retrouve donc le racisme mais pas seulement. En étendant l’ensemble à l’homosexualité par exemple, American Crime parvient à parler de thèmes universels à problème avec toujours la même intelligence. J’ai préféré cette seconde saison à la première, peut-être car le héros était plus attachant que la famille de la première saison. Tout part d’une histoire de viol. On ne sait pas ce qui s’est réellement passé mais au fond le viol est un prétexte pour faire bouger tout un tas de choses de façon sous jacente. Notamment l’incapacité du jeune héros à parler de sa sexualité (a t-il été d’accord pour coucher avec cet autre garçon ou non ?). Avec des twists étonnants (et peut-être un peu surréalistes de par certains égares), American Crime devient addictive.
La série qui autrefois parler de sujets de société se mue en même temps en quelque chose de complètement différent. L’ambition est présente un peu de partout et John Ridley ne se laisse pas avoir par certaines facilités. Le propos est ainsi beaucoup plus fort, notamment quand il s’agit de parler des différences. Car au delà de la race ou encore des différences sociales, American Crime veut parler à tout le monde. L’une des révélations (si l’on peut parler de révélation) de cette saison c’est probablement Lili Taylor qui incarne la mère du jeune Taylor Blaine (incarné par un Connor Jessup plutôt convaincant). American Crime devient donc rapidement cette année l’histoire d’une mère qui se bat pour son fils, jusqu’au point de non retour. La série examine également à sa façon les conséquences qu’une histoire de viol peut avoir sur un lycée, sur la ville, et sur la petite société tranquille qui vient d’être ébranlée. Tout le monde semble fermer les yeux, faisant monter une pression sous jacente avec pertinence. L’un des épisodes les plus frappant est probablement l’épisode 8 composé de témoignages de victimes réelles et de proches qui ont vécu des tragédies que la série tente de dépeindre. John Ridley veut prouver que l’Amérique ferme les yeux sur beaucoup trop de choses et n’est finalement pas si accueillante que ça.