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La Révolution Islamique. Par Roger Garaudy (1997)

Par Roger Garaudy A Contre-Nuit

Conspiration contre la Révolution Islamique par Roger Garaudy
La Révolution islamique, dirigée en Iran par l'imam KHOMEYNI, ne ressemble à aucune révolution antérieure. Au cours de l'histoire il y eut des révolutions visant à changer un régime politique ; il y eut des révolutions sociales dressant des misérables contre des nantis ; il y eut des révolutions nationales dirigées, par exemple, contre un oppresseur colonialiste. La révolution iranienne contenait tout cela : elle était politique pour mettre fin à la tyrannie du SHAH; elle était sociale pour libérer les masses opprimées d'une oligarchie de la richesse ; elle était nationale pour faire revivre l'une des plus vieilles et des plus belles cultures du monde contre l'idolâtrie de l'argent qu'essayait de lui imposer, avec le SHAH, le néocolonialisme américain. Mais la révolution iranienne avait une signification inédite : elle mettait en cause et renversait non seulement un régime politique, social, et semicolonial, mais, au delà, toute une civilisation, toute une conception du monde et de la vie : contre cette religion qui n'ose pas dire son nom mais qui prétend régir, dans le monde entier, sous la direction des Etats-Unis, tous les rapports sociaux et humains et que j'appelle le "MONOTHEISME DU MARCHE", c'est à dire une idolâtrie de l'argent, le peuple iranien, guidé par l'Imam KHOMEYNI, faisait triompher, au nom de l'Islam, c'est à dire de la soumission à Dieu qui est au principe de toute foi depuis que DIEU, comme dit le Coran, « a insufflé en le premier homme de son esprit », rappelant ainsi au monde entier sa vocation première, sa vocation divine. C'est pourquoi, elle soulevait la haine de tous ceux qui privent de son sens notre vie en ne lui laissant d'autre but, sous le nom de "CROISSANCE", non une croissance de l'homme et du divin qui habite en lui, mais une croissance de la richesse pour les privilégiés, et de la misère pour les multitudes, en ne permettant aux uns et aux autres qu'un bonheur de supermarché.
Dès lors ne se firent pas attendre les tentatives d'une coalition des forces du passé contre cette nouvelle irruption de l'homme et ce rappel du message de DIEU.
Naturellement l'initiative de toutes ces calomnies et de cette hostilité contre l'Iran venait des Etats-Unis et de ses vassaux. La première coalition contre l'Iran commença par la guerre IRAK-IRAN : toutes les ressources financières et militaires affluèrent du monde entier, à l'instigation des Etats-Unis, pour éteindre le feu nouveau de la foi qui se répandait dans les masses du monde islamique tout entier. Cette première tentative échoua : les "EXPERTS ET LES STRATÈGES" avaient pourtant assuré qu'il n'existait plus en Iran, depuis la révolution, ni Etat ni Armée, et qu'en quelques semaines Téhéran serait vaincu. Tous se sont trompés car les calculs portaient seulement sur la puissance de feu et la "LOGISTIQUE" militaire, mais la foi d'un peuple n'entrait pas dans les cirguits électroniques de leurs ordinateurs. Après cet échec, une autre agression se produisit sur un autre front pour tenter d'enserrer l'Iran et la Syrie dans un étau de fer. Ce fut l'invasion du Liban par Israël, puissamment aidé par les Etats-Unis : sur 567 avions dont disposait Israël en 1982, à la veille de l'invasion du Liban, 457 provenaient des Etats-Unis, subventionnés par les dons et les prêts de Washington, le tiers du budget militaire d'Israël provenait en outre, cette année là, du Trésor américain. Cette agression nouvelle fut non seulement l'occasion, pour Israël, d'occuper, contre toute loi internationale une portion du territoire libanais et d'y installer une marionnette à leur service et une troupe permanente d'occupation, mais de formuler, dans la revue de l'Agence Juive mondiale, publiée à Jérusalem "KIVOUNIM" (ORIENTATIONS) dans le numéro 14, de 1982, sa stratégie générale fondée sur la désintégration de tous les Etats voisins, de l'Euphrate jusqu'au Nil et au delà, et dans lequel étaient visée notamment la Syrie. « L'éclatement de la Syrie et de l'Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux, doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, l a première étape étant la destruction militaire de ces Etats. Les structures ethniques de la Syrie l'exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à l a création d'un Etatchiite le long de la côte, d'un Etat sunnite dans la région d'Alep, d'un autre à Damas , et d'une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre Etat - peut-être sur notre Golan - en tous cas avec l'Houran et le nord de la Jordanie... Un tel Etat serait, à long terme ,une garantie de paix et de sécurité pour la région. C'est un objectif qui est déjà à notre portée. » Quant à l'Iran, dès le mois de décembre 1981, avant même ses carnages au Liban, ARIEL SHARON dévoilait déjà les projets d'expansion d'Israël : « Dans les années qui viennent la sphère des intérêts stratégiques d'Israël ne s'étend pas seulement aux pays arabes de la Méditerranée mais à tout le Proche - Orient, et elle doit s'étendre à l'Iran, au Pakistan, au Golfe, à l'Afrique et à la Turquie. » Il ajoutait en 1982 : « Prenez la Déclaration américaine de l'Indépendance. Elle ne contient aucune mention de limites territoriales. Nous ne sommes pas obligés de fixer les limites de l'Etat. » Depuis lors l'Iran fut constamment désigné pour cible comme responsable de toutes les formes de résistance à la domination américaine dans le monde. Comme autrefois HITLER toute "RESISTANCE" était appelée "TERRORISME". Lorsque, par exemple, lors de la deuxième invasion du Liban, en 1996, dans la zone illégalement occupée au Liban par Israël, un soldat israélien de l'armée d'occupation est tué par un résistant, SIMON PERES, dénonçant cette exécution d'un occupant par un résistant comme un acte de "TERRORISME", en prend prétexte pour commettre un "CRIME CONTRE L'HUMANITE " : le bombardement de civils, de femmes et d'enfants, à Cana dans un camp de l'ONU. Pour renforcer une coalition globale, mondiale, contre l'Iran, celui-ci fut présenté comme l'organisateur du "terrorisme" à l'échelle mondiale. A Sharm el Cheikh, lors de la conférence internationale contre le "terrorisme", SHIMON PERES, sans avancer la moindre preuve, désigna l'Iran comme responsable du "terrorisme mondial". Une illustration caractéristique de cette mauvaise foi fut l'attribution à des "agents iraniens" des deux explosions qui se produisirent à Buenos Aires, le 17 mars 1992 à l'Ambassade d'Israël, qui fit 29 morts, et le 18 juin 1994 à l'Association israélite d'Argentine, au cours de laquelle périrent 86 personnes. Dans le premier cas l'Ambassade israélienne s'opposa à l'entrée sur les lieux de tout magistrat argentin chargé de rechercher les causes. Dans le deuxième cas, s'appuyant sur la seule dénonciation d'un renégat émigré d'Iran, on reprit la thèse d'une voiture piégée à l'extérieur, excluant à priori l'explication la plus vraisemblable : celle d'un règlement de compte et d'une provocation entre factions israéliennes opposées des "travaillistes" et du Likoud. Le projet d'une coalition globale contre l'Iran fut précisé d'une manière plus systématique encore lorsque l'un des idéologues du Pentagone, SAMUEL HUNTINGTON développa, en 1994 (Dans la revue "COMMENTAIRE" n° 66) ses thèses sur " L E CHOC DES CIVILISATIONS" Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, c'est à dire pendant un demi-siècle, la politique de surarmement américain avait donné pour prétexte : la menace soviétique. C'était, au nom de la sécurité américaine, la justification d'agressions en tous les points du monde jusqu'au Viet Nam ou en Corée, de soutien à toutes les dictatures militaires en Amérique latine comme aux Philippines de MARCOS, à la protection de l'apartheid dans l'ancienne Afrique du Sud. Après l'effondrement de l'URSS i l fallait trouver un remplaçant dans le rôle du "méchant", de l'«Empire du mal» à combattre sur trois continents, et ce fut l'Islam afin qu'une menace mondiale de "terrorisme" justifie la continuation et même l'accélération de la course aux armements, et les occasions "d'intervention" économique ou militaire dans tous les points du monde, Les thèses d'HUNTINGTON sur le " CHOC DES CIVILISATIONS" constituaient la base théorique de cette nouvelle orientation stratégique. Ses conclusions sont révélatrices : « Le choc des civilizations dominera la politique mondiale. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front de l'avenir... Les guerres antérieures, écrit-il, se situaient pour l'essentiel à l'intérieur de la civilisation occidentale : c'étaient des "guerres civiles occidentales". Avec la fin de la guerre froide, la politique internationale sort de sa phase occidentale pour devenir le centre des interactions entre civilisation occidentale et civilization non - occidentale. » Dans ses conditions il montre clairement les implications de son analyse du point de vue de la politique internationale : « Limiter l’accroissement de la force militaire des États confucéens et musulmans ;… conserver une supériorité militaire en Extrême-Orient et dans l'Asie du Sud - Ouest; … exploiter les différences et les conflits entre États confucéens et États musulmans; … soutenir dans les civilisations non occidentales les groupes favorables aux valeurs et aux intérêts de l'Occident; … renforcer les institutions internationales qui reflètent et légitiment les intérêts et les valeurs occidentales et … favoriser la participation des États non -   occidentaux à ces institutions. L'Occident devra par conséquent conserver la puissance économique et militaire nécessaires à la protection de ses intérêts dans ses relations avec ces civilisations. » Voilà qui a au moins le mérite d'être clair. Quel peut être le rôle d'Israël dans la "géopolitique" ainsi conçue ? Israël a une position stratégique déterminante dans cet "affrontement des deux mondes". Le père spirituel de l'Etat d'Israël lui avait assigné, avant même qu'il n'existât, sa mission fondamentale pour créer " L'ETAT JUIF" : dans toutes ses démarches auprès des puissances occidentales alors colonialistes (Angleterre, Allemagne, Italie, Russie) son argument majeur était que si l'une d'elle était la protectrice de cet "ETAT JUIF", elle aurait non seulement un avantage décisif sur toutes ses rivales, mais cet Etat représenterait pour tous un coin enfoncé par l'Ouest, pour la pénétration coloniale de l'Occident. Il écrivait en 1895, dans son livre : " L ' ETAT JUIF" : « Pour l'Europe nous constituerions là bas un morceau du rempart contre l'Asie, nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie. » ("L' ETAT JUIF" Ed. Lipschitz. Paris 1926. p. 95) La thèse de SAMUEL HUNTINGTON rejoint exactement celle de HERZL : le " CHOC " qu'il imagine, comme avenir inéluctable de l'histoire universelle, serait, dit-il, celui d'une « civilisation judéo-chrétienne » contre ce qu'il appelle « une collusion islamo-confucéenne. » Il occulte ainsi, sous des formulations pseudo-religieuses, une réalité politique et humaine fondamentale ; en face des tentatives américaines de "mondialisation", c'est à dire de domination américaine du "monothéisme du marché" écrasant la culture de tous les peuples et le sens même de leur vie, une collaboration., s'ébauche, depuis la conférence de Pékin de mai 1996: 31 pays ont décidé de reconstituer, avec tous les moyens des techniques modernes, une nouvelle "route de la soie" dont les deux protagonistes principaux sont la Chine et l'Iran. Ce projet humain grandiose constitue l'alternative aux projets de "mondialisation" et d'hégémonie américaine : elle se donne au contraire comme objet, en désenclavant les déserts de l'Asie Centrale, de réaliser l'unité de la "Grande île" eurasiatique, dans laquelle l'Europe n'est qu'une petite péninsule de l'Asie. Au lieu d'imposer la domination d'un seul dans une destruction des cultures de tous les peuples au profit d'une "mondialisation" du marché, elle repose sur l'objectif inverse : celui d'une unité symphonique du monde où chaque peuple apporterait les richesses de sa culture, de son histoire et créerait ainsi une fécondation réciproque des civilisations. L'Iran a déjà apporté une riche contribution à ce projet en construisant le réseau ferroviaire qui va du Turkménistan à Bandar Abbas sur le Golfe Persique. La Turquie d ' ERBAKA s'efforçant de briser les liens avec Israël que ses chefs militaires lui avaient imposés, et la résistance héroique des "Hezbollah" se faisant un rempart contre la pénétration israélo-américaine au Liban participent à cette grande épopée humaine à laquelle se joignent déjà l'Inde et la Malaisie. C'est ainsi que l'avenir a déjà commencé : un avenir à visage humain et divin. La victoire de ce choix humain contre la tentative déshumanisante de la domination américaine s'efforçant d'imposer au monde son "monothéisme du marché" et son idolâtrie de l'argent, dépend des efforts responsables de chacun de nous. Le point faible de l'ennemi, c'est à dire des Etats-Unis, c'est l'économie. Ce pays, le plus riche du monde, et qui subventionne si largement son mercenaire israélien, est en même temps le plus endetté, car i l vit au dessus de ses moyens grâce à un pillage néo-colonial des richesses du monde. Il crée ainsi un déséquilibre tel que les 20 % des habitants les plus riches du monde disposent de 83 % des ressources naturellee de la planète et que les 20 % les plus pauvres en partagent 1,4 %. L'on ne saurait imaginer une gestion plus désastreuse de la terre des hommes, car ce partage odieusement inégal conduit à cette situation catastrophique : en 1996 plus de 40 millions d’êtres humains dans le monde (parmi lesquels 13 millions d'enfants, selon les données de l'UNICEF) sont morts de malnutrition ou de faim. Le "modèle de croissance" de l'Occident, imposé par les Etats-Unis, coûte ainsi à l'humanité l'équivalent de morts de UN HIROSHIMA TOUS LES DEUX JOURS. Comment inverser les actuelles dérives du monothéisme du marché qui nous conduiraient à un suicide planétaire, à la fois par l'épuisement des ressources non renouvelables de la nature, et la destruction, par la misère, des 3/4 de l'humanité ! D'abord en détruisent le mythe baptisant "DEMOCRATIE" la liberté du marché. La LIBERTE DU MARCHE c'est la liberté accordée au plus fort de dévorer le plus faible. C'est la loi de la jungle. Le marché libre c'est l'assassin de la démocratie véritable, c'est à dire du droit de chacun à participer à l'élaboration et à l'exécution des décisions dont dépend son destin, alors que le système que prétendent imposer au monde les Etats-Unis et leurs valets conduit à l'accumulation de la richesse à un pôle des sociétés et de la misère à l'autre, et, fait naître une richesse artificielle car elle ne dépend pas de la production mais de la spéculation. Dans ce système, selon les données même de la "Banque pour le développement" on s'enrichit 40 fois plus par la spéculation que par la production et les services. C'est un système fondé sur ce que le Coran appelle le "RIBA" : l'argent gagné sans travail.
Voici l'alternative pour que le XXIème siècle marque la fin de la préhistoire animale de l'homme, où, dans un monde cassé, la richesse d'une infime minorité implique la dépendance, l'exploitation ou la mort de la plus grande partie de l'humanité: 1 - La renaissance de l'unité humaine ne peut se faire, comme le fut sa rupture, seulement par la violence et les armes, mais par toutes les forces proprement humaines : de l'économie à la culture et à la foi. 2 - La faiblesse des actuels peuples opprimés est, pour une large part, due à leur division, par des oppositions et des guerres suscitées et entretenues par les actuels maîtres du monde. La première tâche est donc de mettre fin, par la négociation pacifique, à tous les conflits, qui font le jeu des oppresseurs. 3 - Refuser collectivement de payer les prétendues dettes au F.M.I. et ceci pour 3 raisons : 1° - Qui est le débiteur ? L'Occident a une terrible dette a l'égard du Tiers-monde : • Qui a remboursé au Pérou les 185 000 kilogrammes d'or et les 16 millions de kilogrammes d'argent dont l'officielle "Casa de Contratacion" de Séville, avoue le transport de 1503 à 1660 ? Et plus généralement aux Indiens d'Amérique le rapt de tout leur continent? • Qui fera réparation à l'Inde ancienne, exportatrice mondiale de textile, pour les millions de tonnes de coton enlevés aux cultivateurs à des prix de rackett, et pour la destruction de l'artisanat des tisserands indiens au profit des grandes firmes du Lancashire? • Qui rendra à l'Afrique la vie des millions de ses fils les plus robustes, déportés comme esclaves aux Amériques par les négriers occidentaux pendant trois siècles? 2°- Quelle est la cause de cet endettement ? Les pays anciennement colonisateurs avaient déstructuré les économies autochtones, en particulier en sacrifiant les cultures vivrières au profit des monocultures et des monoproductions qui en faisaient des appendices des économies de la métropole, au profit exclusif de celles-ci. De telles économies ne pouvaient assurer l'indépendance de ces pays, ni l'autosuffisance alimentaire, ni la main d'oeuvre d'industries ne correspondant pas aux besoins du pays. La dépendance a donc continué, et les emprunts devinrent inévitables. 3 0 - Ces dettes ont été remboursées depuis longtemps par les intérêts usuraires payés aux prêteurs étrangers, (par exemple l'Algérie, avec 26 milliards de dollars de dette, paye 6 milliards d'intérêts par an). Aucun redressement n'est ainsi possible. Les sommes versées à titre d'intérêts de la dette dépassent depuis longtemps son montant initial, et la prétendue "aide" est très inférieure aux paiements de ces "dettes". • Il s'agit de refuser d'être rançonnés et de payer au F.M.I. ces fausses dettes et les intérêts usuraires qui y sont liés. • De refuser également les "aides" dérisoires destinées à masquer cette injustice plusieurs fois centenaire. • De constituer, avec la suppression de la dette et de ses intérêts, un fonds de solidarité qui compensera largement "l'aide" prétendue de nos exploiteurs. 4 - De s'opposer à tous les "embargos" imposés arbitrairement, par les provisoires "maîtres du monde", aux pays qui refusent leur domination. De n'en tenir désormais aucun compte, et de commercer librement avec ceux de nos frères qui en sont frappés. 5 - D'une manière plus générale, créer un "marché commun" pour multiplier les échanges Sud-Sud entre ces pays qui détiennent 80 % des ressources naturelles du monde. • Procéder à ces échanges sur la base du troc pour ne point passer par les devises du Nord et notamment du dollar, en veillant à ce que, progressivement, pour mettre fin à la spéculation, i l n'ait plus cours en attendant de créer une monnaie commune. 6 - Ceci implique un boycott systématique des Etats-Unis et de leurs vassaux notamment d'Israël, mercenaire de l'Occident contre les cultures et contre la paix. Depuis 1967, en fait le boycott d'Israël par les pays arabes a cessé : les territoires occupées ont servi de lieu de transit pour les exportations israéliennes. Après 1975, ce fut le Liban, grâce à l'occupation de sa frontière sud sous le nom de "zone de sécurité". Déjà, dans un article de "Al-Hamischmar" du 20 mars 1991, étaient exposés les travaux du Professeur Gad Gilbert, expert du Centre d'étude stratégique Dayan, à l'Université de Tel Aviv : i l apparaissait qu'avait cessé le boycott des compagnies étrangères implantées en Israël. En ce qui concerne les exportations, dès 1980, elles s'élevaient à environ 500.000 dollars dans les pays arabes, en 1996 à plus d'un million et demi de dollars. Dans le journal israélien "Yediot Ahronot" du 25 janvier 1994, Galby Bron écrivait qu'«Israël achète 90% de son pétrole dans les pays arabes. » Les illusions créées par les "Accords d'Oslo" servirent à justifier un accroissement des échanges économiques entre Israël et quelques uns de ses voisins arabes. C'est une responsabilité personnelle pour chaque citoyen de ces pays de mettre fin à la trahision que constitue une telle aide à Israël organisée par ses trafiquants et ses dirigeants. • lutter aussi contre l'anticulture des "Tyrannosaures" et des "Terminators" d'Hollywood, comme de leurs gadgets, et de toutes les manifestations morales ou matérielles de leur décadence. 7 - Ceci implique, sur le plan politique, le retrait collectif de toutes les institutions à prétention universelle devenues les instruments de la domination d'un seul et servant de couverture à ses agressions militaires, économiques ou culturelles : O.N.U., F.M.I., Banque Mondiale, Organisation mondiale du commerce (ex G.A.T.T.), et de celles de leurs filiales qui se font, comme elles, complices d'une domination impériale du monde et d'une conception réductrice de l'homme, considéré seulement comme consommateur et producteur, mû par son seul intérêt, et renonçant à donner à l'homme un autre sens à sa vie que de travailler en esclave pour consommer davantage, quand i l n'est pas chômeur, colonisé, ou exclu. 8 - Les menaces ou les agressions contre l'un quelconque d'entre nous, seront combattues, par tous les moyens, par l'ensemble de notre communauté mondiale. 9 - Cette communauté mondiale, visant à la création d'un monde à visage humain, ne comporte aucune exclusive, ni religieuse, ni politique, car son objectif est de créer une unité non plus impériale mais symphonique de l'humanité où chaque peuple et chaque communauté apportera les richesses propres de sa terre, de sa culture et de sa foi. Le premier Bandoeng avait pour objet, dans un monde bipolaire, de refuser l'alignement sur l'un des deux blocs pour sauvegarder son indépendance. Cet idéal reste le nôtre. Mais les conditions historiques ont changé. Nous vivons dans un monde unipolaire, et nous avons à défendre nos identités, de la culture à l'économie, contre l'intégrisme niveleur des prétendants à la domination mondiale par le seul jeu d'un monothéisme du marché, c'est à dire d'une "liberté", pour les plus forts, de dévorer les plus faibles, en faisant du marché, c'est à dire de l'argent, le seul régulateur des relations sociales. Nous refusons cette vision du monde sans l'homme, d'une vie sans projet humain ni signification, et nous nous unissons pour construire un monde UN , riche de sa diversité et assuré de son avenir par la convergence des peuples et des cultures dans une foi commune, nourrie de l'expérience et de la culture de chacun, et animée par le projet commun de donner à chaque enfant, à chaque femme, à chaque homme, quelle que soit son origine et sa tradition propre, tous les moyens de déployer pleinement toutes les possibilités humaines qu'il porte en lui .
Roger Garaudy. (Juin 1997) Archives personnelles de l'auteur [NDLR: De larges passages de ce texte ont été ensuite utilisés dans"L'avenir mode d'emploi"] Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest Libellés : Roger Garaudy

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