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"Je dis le silence car le silence n'est pas le silence.
Je veux dire: le silence n'est pas l'absence de bruit,
ni l'oblitération de la parole;
de même, la paix c'est autre chose que l'absence de guerre.
De même, le silence de la mer n'est pas le silence de la pensée ni le silence de l'action.
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On fait silence comme on fait du bruit, c'est un acte.
Quelquefois on prend le silence comme on prend la parole.
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Il n'ya pas de lumière qui ne soit découpée par de l'ombre. Il n'y a pas de musique qui ne soit désignée par du silence et qui ne se déploie dans le silence.
De même, on dessine la neige avec de l'encre noire que une feuille blanche.
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Le silence est le temps de la pensée, du retour sur soi,
de l'aller vers l'autre.
Ceux qui ont peur du silence ont peur de la pensée.
Ceux-là emplissent sans cesse notre silence de leurs bruits insignifiants.
Faisons silence en nous-mêmes, et leur bruit dérisoire mourra et la pensée joyeuse se déploiera.
Le silence est le temps de la résonance. Les mots sont de longue vie à ceux qui les aiment et ils ont besoin d'un long temps pour que leur sens fasse trace en nous.
De même, une immobilité chaude et vibrante est le temps de la résonance des gestes.
Seul le vide peut-être rempli.
Laisser du vide dans les mots et les sons pour qu'ils soient remplis de sens et de chaleur
.../..."
Michel Thion- extraits de: "Traité du silence"-Voix d'Encre
illustration Anne Weulersse
"Et si je vous disais que même au milieu d'une foule
Chacun, par sa solitude, a le cœur qui s'écroule
Que même inondé par les regards de ceux qui nous aiment
On ne récolte pas toujours les rêves que l'on sème
Déjà quand la vie vient pour habiter
Ces corps aussi petits qu'inanimés
Elle est là telle une déesse gardienne
Attroupant les solitudes par centaines…
Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes
La main de l'autre emmêlée dans la nôtre
Le bleu du ciel plus bleu que celui des autres
On sait que même le plus fidèle des apôtres
Finira par mourir un jour ou l'autre
Et même amitié pour toujours trouver
Et même après une ou plusieurs portées
Elle est là qui accourt pour nous rappeler
Que si les hommes s'unissent
C'est pour mieux se séparer
Cette mère marie, mère chimère de patrie
Celle qui viendra nous arracher la vie
Celle qui, comme l'enfant, nous tend la main
Pour mieux tordre le cou du destin
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes
Car, tel seul un homme, nous avançons
Vers la même lumière, vers la même frontière
Toujours elle viendra nous arracher la vie
Comme si chaque bonheur devait être puni
Et on pleure, oui on pleure la destinée de l'homme
Sachant combien, même géants, tout petits nous sommes"
Pierre Lapointe