Le goût amer de la déchéance

Publié le 06 septembre 2016 par Paulo Lobo
Ce n'était pas pour lui, il ne devait pas se faire d'illusions, il ne devait pas espérer quoi que ce soit. La seule chose dont il était certain, c'est qu'il avait besoin de respirer et que l'oxygène se trouvait dehors.
 La musique résonnait dans la galerie encore vide. Une musique joyeuse et ringarde, qui était certainement plaisante pour la foule des grands jours et qui mettait tout le monde dans l'humeur requise pour faire de bons achats. Lui, ça le rendait morose. Parce qu’il n’avait pas un sou en poche. Et qu’il n’avait pas la moindre idée où aller.
 Le temps et son lent écoulement. Plus il y pensait, plus ça lui donnait le vertige. Etait-il le même que celui qui avait joué sur la plage avec ses frères et sœurs, un matin de juillet 1979 ?
Cet être d’un passé révolu, qu’était-il de plus qu’une vague image, une fumée diffuse dans l’horizon enfoui de l’enfance ?
Il avait du mal à distinguer le futile de l'essentiel. Ce qu'il vivait ce matin avait le goût amer de la déchéance, surtout quand il se laissait envahir par les souvenirs des temps qui avaient été, mais il pouvait aussi le prendre comme une porte qui s'ouvrait vers des sentiers nouveaux, peut-être pas glorieux, mais certainement plus libres.