Récit épistolaire du fiston nouveau résident à Madagascar.
Lexique
La crevette : surnom donné par ses potes en raison de sa maigreur, adolescent. Aujourd'hui la crevette est devenue gambas mais a conservé son surnom
Vazavha: surnom donné au continentaux par les malgaches
Apie : sa chienne
Nouvelles d’un vazaha, chapitre 1
Salut à tous ! Et surtout
merci à tous ceux qui ont demandé de mes nouvelles.
Et oui, la crevette est
arrivée à bon port. La vie semble bien agréable ici. C’est un autre monde mais
tellement de simplicité ! Bon, à peine arrivé à l’aéroport et je passe déjà à
la caisse : il manquait soi-disant un papier pour Apie et j’ai donné mon premier
« pourboire » pour éviter la quarantaine. Résultat : allègement de 50 € !!
Mais tous les malgaches ne
sont pas les mêmes. Ma petite malgache, Nelly, m’avait organisé une petite
récupération par des amis à elle. En fait, une amie d’enfance, Dia, et son
chéri Patrick, un « zhanatan », c’est-à-dire un étranger né à Madagascar. Lui a
été très objectif et m’a dit à quoi je devais faire attention, puis Dia
régulait… De quoi prendre un max d’informations. De samedi à mercredi, je suis
resté à Tana hébergé chez eux, gracieusement. J’ai fait mon marché tout seul,
les malgaches parlent mieux français que les espagnols ! Et ils rendent la
monnaie même lorsque tu penses qu’il n’y en a pas. Bon premier contact avec la
population. Puis Apie s’est fait des amis : au bout de 2 jours, tous les
enfants du quartier la connaissait. Ensuite, premier contact avec la faune
locale : une araignée de la taille de ma main, heureusement elle était dehors.
Après ces quelques jours,
arrivée à Morondava mercredi, 12 heures de route pour faire 600 kms : c’est un
bon timing. Accueil par Nelly, hébergement toujours gratuit chez sa sœur (je
précise car il faut leur reconnaître ça: l'hospitalité). Là aussi tout le monde
parle français, ça aide. Apie ne devait pas rester avec nous puis finalement sa
sagesse l’a emportée. Elle nous sert de gardien, préviens quand il y a des gens
qui arrivent, elle est nourrie au riz et aux restes, plus de croquettes. Ça n’a
pas l’air de la déranger, qu’est ce qu’elle bouffe !
Accueil apéro : j’avoue, je
ne tiens pas aussi bien l’alcool que les malgaches. Mais que le rhum arrangé
est bon ! Nous avons des poules, il y a des cochons chez le voisin, des zébus
dans le parc où je promène Apie… bien sûr, tout le monde en liberté ! Le seul
problème, ce sont les déchets, il y en a partout, c’est dommage. Mais je suis
quand même entouré de cocotiers, de manguiers, beaucoup de plantes grasses, des
espèces de yukas plus grands que moi…
Pour aller en ville, il y a
le « bajaj », espèce de pousspouss motorisé à 3 roues et à 60 centimes la
course pour faire 4-5 kms. La nuit, autre point négatif, il vaut mieux éviter
de sortir, à cause de l’insécurité. Rien de bien méchant, à part que tu peux
rentrer chez toi à poil, au sens propre, sauf s’ils te laissent le slip ! mais
je ne préfère pas essayer.
Pour se laver, eau froide
de rigueur, ça saisi au début mais que ça fait du bien, car il fait très chaud,
30-35 °. Apparemment, il va faire froid dans 2 mois : 25°… Heureusement, il
fait frais la nuit. Demain, j’irai à l’océan, à 10 min max de chez nous en
Bajaj.
Pour faire la nourriture,
c’est tout au barbecue ! Mais pas de sarments, que du charbon. Poisson,
viandes, légumes, tout y passe. Mais on s’adapte, c’est même moi qui ai fait la
cuisine hier : patates, poivrons, oignons, paprika, poulet. Apparemment, ils
ont aimé. Petite précision : le poulet a été acheté vivant…c’est donc Nelly qui
s’est occupé de son cas, j’ai filmé…problème : c’est normalement aux hommes de
faire ça, il va donc falloir que je m’y colle un de ces jours…
Pour acheter de la bière
fraiche, il y toujours une « gargote » ouverte, même à 22 heures, c’est comme
chez « Hassan Céhef », celui qui veut travailler travaille, celui qui ne veut
pas va se coucher… D’ailleurs, la ville est très vivante. Il y a une route
principale sur laquelle se trouve la plupart des commerces toujours plein de
monde, c’est une belle cacophonie entre les pousspouss à vélo, les bajaj, les
4x4, les taxis brousse, les motos, les quelques blancs qui font les malins en
quad… et les piétons sur la route. Tout se gère au klaxon, c’est spécial mais
relativement discipliné. Puis les routes secondaires sont généralement
composées de logements.
Dernière chose : le
délestage. D’un coup, tu n’as plus de lumière ou plus d’eau. Alors on
s’organise, réserves d’eau et bougies !
Ce pays est difficilement
descriptible, mais j’ai l’impression de retrouver la France rurale de notre
jeunesse, quand nous allions chez les grands parents à la campagne le week end
ou l’été. On prépare les animaux nous même, on se lave au bol, il y a toujours
du monde à la maison, les portes sont ouvertes, ça chante, ça rigole… il manque
juste la bouillotte de mamie au fond du lit. Mais c’est pas grave !
Ça fait du bien de
retrouver un peu d’humanisme, le goût du vivre simple. C’est ce que je
cherchais donc tout va bien !
Voilà,
désolé de faire long mais je voulais essayer de vous faire voyager un peu,
j’espère avoir réussi ! La bise à tout le monde.