Sortir les chômeurs du carcan juridique du travail, leur permettre de conclure des contrats de travail avec l’employeur de leur choix, aux conditions de leur choix, et au salaire qu’ils jugent acceptable, est la manière la plus simple, la plus rapide et la moins coûteuse pour permettre à des milliers et des milliers de chômeurs de trouver un emploi. Le chômage est une urgence nationale qui doit être traitée avec la plus grande urgence. Pour aider, les chômeurs laissez-les travailler!
En février 2011, le Trésor national a publié un rapport intitulé « Relever le défi du chômage des jeunes: les options stratégiques pour l'Afrique du Sud ». Le document a donné lieu à la création d’une subvention à l'emploi des jeunes. La conclusion du document de travail contenait ce terrible avertissement: « Le problème du chômage des jeunes est aigu, la moitié des 18 à 24 ans sont au chômage et leurs chances de trouver un emploi sont beaucoup plus faibles que pour les chômeurs âgés. Sans expérience, les jeunes ont peu de chances de trouver un emploi. Ceci est un problème économique majeur et la mise en place d’une subvention peut paraître un gaspillage de ressources potentiellement productives. En outre, le chômage conduit à la pauvreté, la criminalité, la violence, le désengagement politique et l'affaiblissement de la cohésion sociale. Donc il ne peut être négligé.
Ce document a été publié il y a 5 ans et aujourd’hui, la moitié des 18 à 24 ans sont toujours au chômage. Au total, plus d'un tiers de la main-d'œuvre potentielle est au chômage et la situation ne s'améliore pas. Ce n’est pas un refus de travailler qui maintient près de 8,2 millions de personnes au chômage en Afrique du Sud, ce sont seulement les barrières réglementaires à l'entrée sur le marché du travail. Imaginez la différence si, lorsqu’un chômeur frappe à la porte d’employeur potentiel, il était brutalement exempté des lourds obstacles législatifs et réglementaires !
Des cadres novateurs pourraient être mis en place dans ce sens en libérant, par exemple pendant 2 ans, les chômeurs des contraintes légales relatives à leur emploi. Une sorte de «certificat d’exemption du demandeur d’emploi » (JSEC) qui les autorise à conclure des contrats de travail écrits selon les termes qui sont acceptables pour les deux parties. Avec de tels certificats en leur possession, les détenteurs de JSEC pourraient négocier avec les employeurs et décrocher les meilleures offres d'emploi qu'ils peuvent trouver. Pendant deux ans, ils seraient libres de se déplacer, s’ils le souhaitent, d'un emploi à un autre jusqu'à ce qu'ils trouvent celui qui leur convient le mieux. Après deux ans de liberté contractuelle, la plupart devraient être solidement installés dans des emplois réguliers avec toutes les protections offertes par la Loi sur le travail (LRA).
Il suffirait de dispenser les chômeurs des tracas de la législation du travail et de leur offrir la liberté de décider eux-mêmes des conditions d'emploi jugées acceptables pour eux. Il est temps de répondre à l'appel « Laissez-moi juste travailler » ! Les demandes de certificats d'exemption JSEC devraient être entièrement volontaires. Toute personne qui ne voudrait pas négocier avec les employeurs ne serait pas obligée de postuler. Les municipalités pourraient gérer la demande et la délivrance de ces certificats pour les rendre facilement accessibles partout.
Un contrat écrit entre l'employeur et un chômeur titulaire JSEC serait obligatoire et les employeurs pourraient être contraints par les inspecteurs du travail de produire une copie du contrat ainsi qu'une copie certifiée conforme du certificat d'exemption pour la vérification de la légalité du contrat de travail. Les petites entreprises seraient les employeurs les plus probables des détenteurs des JSEC. Si le gouvernement se méfie des conséquences de la mise en œuvre d’un tel concept, il pourrait le tester d’abord dans une localité pour en évaluer l’impact.
Nos lois du travail, trop strictes, ne donnent un niveau élevé de sécurité qu’à ceux qui ont déjà un emploi, mais elles privent de travail un grand pourcentage de personnes actuellement sans emploi. Les restrictions régulant la résiliation des contrats de travail (notamment les dispositions de licenciement) et le salaire minimum obligatoire, représentent sans doute les obstacles les plus redoutables. Les employeurs potentiels, en particulier les petits employeurs, sont terrifiés à l'idée de commettre une erreur de recrutement en étant ensuite contraint de garder un employé qui ne correspond pas à leurs attentes.
Les jeunes qui quittent l'école ne peuvent plus plaider auprès d'un employeur, comme ils le faisaient avant la promulgation de la loi sur les relations de travail (Labor Relations Act, LRA) : « S'il vous plaît donnez-moi une chance et je vais vous montrer ce que je peux faire. Je vais travailler dur, et si vous n’êtes pas satisfait de mon travail, dites-moi, et je vais partir! Laissez-moi juste travailler ». Il est clair que 8,2 millions de personnes sans emploi auraient souhaité être autorisées à prendre de telles décisions à propos de leur propre vie, surtout les 1,5 millions de chômeurs âgés de 15 à 24 ans qui sont embourbés dans le désespoir du chômage.
La proposition des JSEC offre au gouvernement l’option de donner la liberté contractuelle aux chômeurs tout en maintenant les lois en vigueur protégeant les emplois déjà existants. Dans de nombreux pays, les petites entreprises ayant peu d’employés sont exemptées de certaines lourdeurs de la législation du travail d’autant qu’elles sont les premiers pourvoyeurs d’emplois pour les travailleurs inexpérimentés. Toutefois, les syndicats sont opposés à ce qu'ils appellent un marché du travail «à deux vitesses».
Il suffirait pourtant de tenter ! C’est une idée novatrice et audacieuse qui mériterait d’être expérimentée.
Eustace Davie, Directeur exécutif du The Free Market Foundation. Article initialement publié en anglais par la Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 7 septembre 2016.