La Cicatrice. Voilà un roman bouleversant dont on garde toujours en mémoire l'histoire. Tellement qu'elle est triste, réaliste et touchante. Un roman devenu un classique dans les ouvrages pour adolescents; une histoire sur la difficulté de se sentir différent quand on est jeune, un roman sur l'intolérance.
Qui est Bruce Lowery; un auteur dont on parle peu finalement ?
Né en 1931 dans le Nevada, il fit ses études aux Etats-Unis et en Europe où il obtint à Paris une licence en lettres et un diplôme de journalisme. Bien qu'Américain d'origine, il a écrit ses œuvres en français avant de les traduire dans sa langue natale, l'anglais. La Cicatrice, son premier roman, écrit en 1960, reçut le Prix Rivarol en 1961 et le Prix de l'Académie française en 1962.
Il raconte l'histoire de Jeff, raillé par ses camarades à cause de sa "cicatrice", qui sombre peu à peu dans une coupable solitude. Malgré la critique qui dénonça une œuvre "où les enfants ne sont que des bourreaux ayant soif de cruauté ", La Cicatrice est son roman le plus achevé.
Bruce Lowery est mort en 1988.
Ce roman nous présente le drame bouleversant de cet enfant, différent des autres et rejeté par eux. Plus il cherche à sortir de sa solitude, plus il s'y enfonce, car le monde de l'enfance est aussi celui de la cruauté, inconsciente mais féroce. L'histoire de Jeff ne se raconte pas car elle est si vraie qu'il faut la lire, c'est-à-dire la vivre.
- Dis, maman, lui demandai-je, Dieu est bon, n'est-ce pas ?
- Alors, si Dieu est bon, pourquoi m'a-t-il fait ma cicatrice ? Ainsi le petit Jeff s'interroge et interroge les autres sans trouver de réponse
Les parents de Jeff, 13 ans, et de Bubby, 6 ans, viennent de déménager. Leur arrivée dans une nouvelle ville cause de nouveau des problèmes d'intégration pour Jeff. Sa "cicatrice", qui le fait rapidement surnommer "Grosse-Lèvre", le rend objet des railleries de ses nouveaux camarades à l'école.
Isolé, sans ami, Jeff passe son temps à s'adonner à la philatélie et joue avec son petit frère, qui lui voue une admiration et un amour sans bornes. Toutefois, sans véritablement savoir s'il est motivé par de la pitié ou de la sympathie, Willy fait entrer Jeff dans le cercle de ses copains. Durant les vacances de Noël 1944, il l'invite chez lui, et lui montre sa propre collection de timbres. Mais pris d'une pulsion incontrôlable, Jeff lui "vole" (mot que lui-même n'acceptera jamais) ses plus beaux timbres. Parvenant à échapper à une fouille au moyen d'un chantage affectif qui lui devient vite odieux, Jeff rentre chez lui pas très convaincu de la gravité de son acte.
S'ensuit alors pour Jeff un rapide changement de personnalité. Contraint au mensonge, il rejette ses parents et Bubby, qui ne comprennent plus ses réactions. L'affaire du vol s'ébruite à l'école, ce qui augmente encore la grossièreté des mensonges que doit employer Jeff pour se couvrir, accusant Willy de mentir lui-même.
Sur les conseils de M. Sandt, vieil allemand que personne ne visite, mais seul "ami" de Jeff avec qui il partage la passion des timbres et de la numismatique, Jeff essaye de trouver un moyen d'avouer son crime. Involontairement d'abord, puis avec la plus vive conviction, il parvient à faire porter le vol sur les épaules de Ronald, camarade sûr de sa culpabilité. Mais ce retournement de situation n'est pas pour rasséréner Jeff, qui reste très méfiant et garde des relations difficiles avec tous.