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Les Locavores débarquent

Publié le 07 juin 2008 par Alainlaufenburger

6juin44 Dans un pur esprit de recueillement, je vous ai épargné ce sujet hier, alors que nous fêtions le 6 juin, date mythique s'il en est. Il y a 64 ans, les Forces Alliées de l'opération Overlord étaient probablement entrées à Sainte Mère Eglise. Pour ce qui nous concerne aujourd'hui, ce sont les Locavores qui ont débarqué. J'en parle à ceux qui ne lisent le Monde que de temps en temps mais aussi pour faire écho à l'un de mes cochons truffiers préférés qui lui a blogué dérechef sur le sujet.
De quoi s'agit-il ? D'une idée devenue mouvement et en passe de devenir mode donc n'en doutons pas promise à une extinction certaine mais à durée de vie probablement longue. Bien sûr l'idée est née aux Etats-Unis et ils en ont fait une fenêtre sur la Toile, www.locavores.com. Tremblez ME Leclerc et autres Carroufs et Wal Mart, le Locavore va devenir votre cauchemar. C'est parti de San Francisco, normal, et cela se répand partout. A la vitesse de l'Internet. Parce qu'évidemment il n'y a pas que cette idée à l'oeuvre, il y a aussi le prix du baril, la conscience carbonne qui en découle et le pauv'paysan qui n'en finit plus de voir ses revenus siphonnés dans le circuit de la grande distribution. Si vous voulez devenir locavore vous-même, c'est simple : vous prenez Google Maps, positionné sur votre bled, vous mettez un cercle d'un rayon de 160 km autour et vous mangez ce qui vient de là et de nulle part ailleurs. Parce que vous voulez manger des fruits et légumes de saison, parce que vous êtes devenus conscients de la finitude des ressources pétrolières ou que vous en avez ras la pompe des prix qui augmentent et que la présence de tomates sans goût tout au long de l'année a fini de vous faire passer à l'action. Vous êtes bons comme la romaine : vous voilà locavore.

De l'anecdote on est sans doute passé à quelque chose de plus massif (l'idée révolutionnaire se diffuse, devient comportement pour muter en courant sociologique etc.). La preuve ? Le mot est entré dans le dictionnaire de référence (New Oxford American Dictionary) en 2007 et Business Week en fait un papier, en ligne certes, "l'essort des Locavores : comment le mouvement "nourriture locale" à travers les villes américaines est en train de changer l'agriculture et la distribution alimentaire". Les fans de clichés anti-US vont s'en payer une bonne tranche : nos amis découvrent les marchés locaux. 50% de plus qu'il y a 5 ans, pas

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moins de 4 692 recensés en 2006 par le Ministère de l'Agriculture pour un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars. Cela touche même la restauration, surtout collective dans les grandes entreprises qui ne veulent pas rester à la traîne du développement durable. De plus en plus de cafétérias s'approvisionnent le plus localement possible. Et on vient de nous seriner dans notre bel hexagone d'un début de recul des ventes des hypers de périphérie : en cause, le prix du carburant !
Circuits courts, ventes directes, beaucoup de petites exploitations revivent, la plupart en bio comme par hasard. D'ailleurs, les "locavores" n'hésitent à se trouver plus efficaces pour l'environnement que les seuls bios : faites le calcul vous-même, produire de la fraise en bio au fin fond de l'Espagne est une catastrophe carbonique pour la planète. En France, nous avons les AMAP depuis un certain temps, aux US les CSA (Community Supported Agriculture organizations) fonctionnent sur le même principe. 1800 fermes ont créé des CSA alors qu'elles n'étaient que 400 en 2000.
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Reste une lamentation générale : que consommer dans une région qui ne produit que pas grand chose en fruits et légumes durant un hiver qui peut durer six mois ? Ou dans les mégapoles d'aujourd'hui (qui ne vont pas rétrécir d'ici 15 à 20 ans) ? Même Libé sans mêle aujourd'hui : "Bien manger c'est trop cher" à la une ! Si je trace mon rayon de 160 km autour de Bordeaux, je peux encore me délecter du chasselas de Moissac, du foie gras de Sarlat, de l'asperge de Blaye, de la marée de La Rochelle ou limite du Piment d'Espelette. Adieu choucroute, Champagne et abricots du Roussillon ? Flûte, le vert écolo va nous ramener au marché noir et à la Résistance. Je suis bleu.

En photo (Getty-Business Week), www.flyingpigsfam.com : Michael Yezzi et Jennifer Small ont créé un élevage de porcs dans l'Etat de NY. Ils ne connaissaient rien au cochon. Mais à bon groin, rien d'impossible.


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