(… enfin, j’espère !)
La démarche est inédite, le nombre impressionnant, le dossier particulièrement épais et solide, crédible, factuel, étayé. On a souvent relayé ici plus souvent qu’à notre tour les nombreuses affaires de violences policières que le gouvernement, et tout particulièrement son ministre de l’intérieur, et pour cause, s’obstine à minimiser, voir à nier malgré l’évidence. On a aussi pointé du doigt l’un des facteurs aggravants qui peut expliquer en partie pourquoi, en plus d’une hiérarchie incompétente aux consignes floues qui profitent au pire, les forces de l’ordre avaient peut-être intérêt à casser du gauchiste, de l’anar, du Toto… si ce n’est de l’arabe ou du black. Aussi est-ce avec une satisfaction non dissimulée que j’apprends que le collectif « Stop violences policières » a choisi de rendre public le contenu du dossier de la saisine du défenseur des droits, mercredi 14 septembre, à la veille d’une nouvelle manifestation d’ampleur contre la loi El Khomri. Le défenseur a confirmé que son pôle « déontologie de la sécurité » s’était emparé du dossier. (source). Une instance qui s’était déjà saisie du cas de Romain D., grièvement blessé le 26 mai après le jet d’une grenade de désencerclement par un policier… et qui en portera les séquelles pour le restant de ses jours.
source104 témoignages, une quarantaine anonymes et 68 manifestants de manière nominative. La plupart sont parisiens, certains viennent de Rennes, Nantes, Lille ou Marseille. Un cameraman de 57 ans a eu le tibia fracturé par un tir de grenade lacrymogène, une militante de 40 ans a récolté un coup de matraque et quatre points de suture, une autre proteste contre le fait d’avoir été retenue pendant trois heures place de la Concorde par le cordon de CRS, avant d’être copieusement aspergée de gaz lacrymogène… Tous racontent à leur manière ces quatre mois de contestation sous haute tension…
Témoignage de la mère d’Arthur (jeune homme de la photo ci-dessus) :
« J’ai eu le sentiment qu’il y a eu un usage complètement disproportionné de la force de la part des forces de l’ordre, et j’ai été très choquée. Vu mon âge j’ai déjà vu des manifs avant, j’ai participé à quelques unes, et l’ambiance bon enfant des manifs a complètement disparu. Pour moi des gamins qui se font taper dessus à 15 ans alors qu’ils font leurs premières manifs je trouve pas ça normal et on les conduit à se révolter et à pas respecter les forces de l’ordre et la justice française et je trouve cela grave. »
Le ministre de l’Intérieur, suite à cette médiatisation à laquelle il ne s’attendait probablement pas, tant il apparait pris au dépourvu (hé, hé…) a fait savoir qu’ « À chaque fois qu’il y a des policiers dont les agissements ne sont pas conformes à ce que sont les principes de droit et l’usage proportionné de la force, il y a systématiquement des sanctions ». Interrogé sur le nombre précis de policiers sanctionnés, Bernard Cazeneuve a déclaré qu’il communiquerait un chiffre « dans les heures qui viennent ». (source)
J’attends… (Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ? ). 3 heures déjà… Je ne lâcherai pas l’affaire.