Parce qu'il n'y a pas que les Rois et les Reines dans la vie, évoquons aujourd'hui une des grandes familles des Princes de France : les Condé.
Pas de panique, je ne vais pas vous dérouler l'arbre généalogique des Condé, on est quand même là pour apprendre des p'tites choses en s'amusant, pas pour s'ennuyer à mourir...
Alors passons directement au 9ème et dernier Prince de cette illustre famille : Louis VI Henri Joseph de Bourbon-Condé.
En 1770, alors qu'il n'est que Duc d'Enghien, le jeune Louis VI Henri de Bourbon-Condé se voit offrir en épousailles Bathilde d'Orleans, sœur de Louis Philippe d'Orléans.
Mais si la jeunette a 20 ans au moment des noces et est donc parfaitement en age de faire des galipettes, Louis VI Henri n'a que 15 ans et il est jugé trop jeune pour consommer le mariage.
Bathilde est alors envoyée au couvent le temps que murisse son trop vert petit mari.
Mais le petit mari en question, qui n'entend pas se faire spolier sa nuit de noce (tu m'étonnes !) joua les preux chevalier et vint libérer sa belle en l'enlevant purement et simplement sur son fier destrier.
Après avoir gouté aux joies de la chair promise, un premier enfant nait de cette union en 1772 et la même année, Louis VI Henri devient Duc de Bourbon.
Tout cela ressemble fort au bonheur mais à y regarder de plus près, la Bathilde n'est pas facile à vivre.
Ses fréquentes disputes avec les autres membres de la cour (dont une célèbre altercation que Louis VI Henri dut solder en affrontant en duel Charles X alors comte d'Artois), ses moqueries sur la famille Condé, sa jalousie face aux adultères de son mari etc... ont vite fait de saouler le Duc de Bourbon qui la quitte en 1781.
Cette séparation lui permet dès lors d' " officialiser " sa relation avec Marguerite Catherine Michelot, une chanteuse de l'Opéra qui lui avait déjà donné une fille (une seconde naitra l'année suivante en 1782).
Et le petit couple vécu une vie de famille plutôt calme jusqu'en 1789.
Dès les premiers frémissements de la Révolution Française, Louis VI Henri comprend qu'être Duc de Bourbon ça sent pas bon et quitte le territoire avec son père et son fils direction les Pays Bas, l'Espagne mais surtout l'Angleterre.
Car c'est Outre manche qu'il rencontre en 1810 le grand amour de sa vie, celle dont il embrassera les pas, celle qu'il va aimer à en mourir : Sophie Dawes.
Alors oui ! Il a 54 ans, elle en a 20.
Oui ! Il est Pair de France et elle est servante dans un bordel(Dis donc, qu'est ce que tu foutais là Louis ?)
Mais c'est pas grave !
L'amour c'est grand, l'amour c'est beau, l'amour ça franchit tous les obstacles...
Notre french lover totally transi va éduquer sa belle jusqu'à en faire une vraie dame du monde afin qu'elle soit parfaitement à l'aise dans la bonne société quand ils rentreront en France (ce qui arrivera à la Restauration).
Mais y'a un hic !
La p'tite Sophie, elle est baronne de rien du tout, duchesse du grand vide, princesse du vent... et ça c'est pas possible pour accéder à la Haute Société.
Bah ils n'ont qu'a se marier me direz-vous !
Vous imaginez bien que les tourtereaux ont du y penser mais notre Louis VI Henri de Bourbon-Condé (toujours Duc de Bourbon, pas encore Prince de Condé à titre informatif) n'est pas divorcé de Bathilde !
Mais c'est pas grave !
L'amour c'est grand, l'amour c'est beau, l'amour ça franchit tous les obstacles...
Louis va trouver un bon parti à sa Sophie.
Et pour se faire, il présente Sophie àAdrien Victor Feuchères, un de ses chefs de bataillon, en la faisant passer pour sa fille.
Adrien Victor tombe évidemment amoureux et, pas peu fier de l'honneur qui lui était fait de pouvoir fréquenter une fille de France, en fait une honnête femme en 1818.
(Cette même année Louis VI Henri devient enfin prince de Condé, le 9ème du nom et dernier, à l'age de 62 ans.)
En bon faux papa fier comme Artaban, Louis VI Henri éleva le couple Feuchères au rang de Baron et Baronne en guise de cadeau de noces l'année suivante.
En 1822, le baron de Feuchères ne peut plus ignorer les bruits qui courent et découvre le pot-aux-roses : Non la p'tite Sophie ne fait pas " a dada " sur les genoux de son papa...
(extrait de " Le Duc d'Aumale et son temps " de R.Burnand)
Humilié, risée du tout Paris depuis 4 ans, il quitte la belle laissant toute latitude à Sophie-Bonnie et Louis-Clyde pour vivre leur amour au grand jour.
Jusqu'au matin du 27 Aout 1830, jour où fut retrouvé mort le vieux Prince de Condé en son château de Saint-Leu.
De prime abord : on pense à un suicide.
Le Prince est accroché par le cou par un double mouchoir noué de façon compliquée à l'espagnolette de sa fenêtre.
Sauf que :
1) Louis VI Henri est paralysé d'une main depuis une chute de cheval lors d'une chasse (pour faire des noeuds, c'est pas le top).
2) Ses pieds touchent le sol.
Diantre serait donc un assassinat !?!
S'en suivit une forte querelle entre les Légitimistes et les Orléanistes.
Une rumeur prétendait que le Prince de Condé envisageait de modifier son testament pour déshériter le Duc D'Aumale (fils de Louis-Philippe d'Orleans et Marie-Amelie, #Team_Orleaniste) au profit du Duc De Bordeaux (Henri d'Artois, petit fils de Charles X, #Team_Légitimiste)
Je vous passe les détails très compliqués de cette querelle de clocher mais pour résumer : les Légitimistes accusèrent Louis-Philippe d'Orleans d'avoir fomenté l'assassinat du dernier Prince de Condé avec la participation de la Baronne de Feuchères. (afin d'éviter que son fils ne soit déshérité, vous me suivez ?)
Après 4 mois d'enquête, la justice conclut bel et bien à un crime maquillé en suicide mais l'implication de la famille d'Orleans ne put être établie.
En revanche on soupçonna bel et bien la baronne de Feuchères d'être la criminelle.
Elle aurait, avec la complicité d'un prétendu jeune amant gendarme assassiné son vieil amant pour bénéficier des largesses de son testament.
C'est que l'année précédente, papy Condé avait fait d'elle son héritière à hauteur de 2 millions de francs ainsi que la propriétaire de ses châteaux et propriétés de Saint-Leu, Taverny, Enghien, Montmorency, Mortefontaine et Écouen. (rien que ça !)
Mais là encore, faute de preuve, on ne pu statuer sur la culpabilité de la Baronne qui tomba en disgrâce et rentra en Angleterre.
Bon.
C'est bien beau tout ça mais ça ne nous dit pas comment le corps de Louis VI Henri de Bourbon-Condé, Duc d'Enghien, Duc de Bourbon, dernier Prince de Condé se retrouva pendu à sa fenêtre, ni pourquoi je vous parlais de pratiques SM dans le titre de cet article !
C'est que la théorie qui prévaut aujourd'hui (et la plus probable) pour expliquer ce qu'on appelle " l'énigme de Saint-Leu " est que le Prince avait une sexualité quelque peu déviante et avait recours la strangulation pour atteindre l'orgasme.
Ça aurait donc été son savoir faire en la matière qui aurait permis à Sophie Dawes de s'attacher durablement les faveurs du Prince de France (on se souvient de sa jeunesse au bordel).
Le prince aurait donc " simplement " succombé à une séance plus poussée qu'à l'habitude. (Notez bien qu'en 1830, il avait quand même 74 printemps au compteur le bonhomme !)
Séance que la Baronne de Feuchères aurait maladroitement tenté de maquiller en suicide pour ne pas être inquiétée. (Raté !)
Finalement, la véritable " Enigme de Saint-Leu " c'est : " simple accident ou vrai assassinat ? "...
... Et ça en revanche... On ne saura jamais...