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Sonia Rykiel, l’envolée d’une audacieuse

Publié le 15 septembre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Sonia Rykiel est née le 25 mai 1930 à Paris. Véritable autodidacte, elle met les pieds dans l’univers de la mode en s’unissant à Sam Rykiel en 1954, qui tenait lui-même une boutique de prêt-à-porter dans la capitale. La vie la prédestinait sans doute déjà à une carrière de styliste. Elle est l’initiatrice du "rykielisme": un mouvement féminin fondé en 1968 à Saint-Germain-des-Prés à Paris. "Il prône la libération des femmes par la sensualité, l’intelligence et l’irrévérence. Le rykielisme, c’est la liberté d’être soi-même, c’est un mode de vie, chic et décalé".

Dès 1960, la styliste impose sa signature dans la sphère parisienne. C’est lorsque Sonia tombe enceinte qu’elle réalise à quel point il devient difficile de s’habiller. Elle se décide plus tard à créer un pull à son image, un tricot moulant dans lequel elle serait à l’aise, belle et élégante. La pièce baptisée "Poor boy sweater" se retrouve en Une du magazine Elle et le succès est immédiat. Le pull d’inspiration masculine aux manches oversize, à porter sans soutien-gorge devient en peu de temps l’emblème de la maison Rykiel. Viennent s’ajouter à cela les rayures dont elle devient la spécialiste, et les strass sur des coupes fluides et masculines, révolutionnaires pour l’époque. "L’imposture de la mode", comme elle aimait à se qualifier créée sa maison en 1968, rue de Grenelles à Paris. La "démode" ou comment prendre la mode à contre-courant devient son précepte: ce sont les vêtements qui doivent s’adapter aux femmes et non le contraire. Sonia Rykiel impose sa griffe de manière assez évidente, aussi bien auprès des parisiennes que des modeuses du monde entier. Un style classieux et déglingué, androgyne et sexy qui prône la libération de la femme et l’expression de son corps.

Ses créations audacieuses représentent une femme libre, insolente à une époque où les pantalons, les jupes sans ourlets et les coutures apparentes détonnent dans un paysage mode féminin aux standards stricts. "Comme je ne savais pas car je n’ai jamais appris, j’ai fait autrement, j’ai fait à ma manière: pas d’ourlets, des pulls à l’envers, pas de doublure, des superpositions…" disait-elle. Véritable icône de la rive gauche, l’humour et la malice la caractérise et cela se perçoit jusque dans ses défilés jamais austères toujours empreint de gaité et d’humour, où sourire et fantaisie règnent en maitres. La maison Sonia Rykiel développe la marque avec des lignes hommes, enfants, chaussures, accessoires et même parfums. Son travail acharné au sein de l’industrie lui vaut de devenir en 1973, vice-présidente de la Chambre syndicale du prêt-à-porter.

Artiste dans l’âme, Sonia Rykiel n’a eu de cesse de démontrer son côté pluridisciplinaire, de l’illustration à l’art décoratif. Passionnée de lettres, elle s’essaie à l’écriture aussi, sans jamais perdre de vue la mode. Elle publie seule ou en co-signature "La Collection" (1989), "Les lèvres rouges" (1996), "Casanova était une femme" (2006), ou encore "N’oubliez pas que je joue" (2012). Elle confiait: "Je n’ai jamais pu démêler la littérature de la mode, ça fait partie de la même histoire". Elle a inspiré le monde du cinéma aussi avec notamment le premier rôle du film de Robert Altman "Prêt-à-porter".

Son parcours et ses réalisations ont été récompensés à plusieurs reprises: en 1996 Officier de la Légion d’honneur, en 2008 Commandeur de la Légion d’honneur, puis Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 2012. Fin des années 90, à l’instar de sa mère avant elle, la maladie de Parkinson la frappe sans crier gare. Cette maladie neurologique dégénérative, "p. de P.", comme elle l’appelle ("putain de Parkinson"), la transforme irréversiblement petit à petit. Pourtant la "reine du tricot" a réussi à garder le secret pendant près de 15 ans. C’est seulement en 2012 dans son ouvrage "N’oubliez pas que je joue" qu’elle dévoile au grand public ce mal qui l’accable. "Je serai jeune longtemps, je ne me laisserai pas happer par la vieillesse, je me battrai, me transformerai, (…) je deviendrai un symbole". Comme promis, la créatrice se sera battue jusqu’à son dernier souffle et a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la mode.


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