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Critique Ciné : Juste la fin du monde (2016)

Publié le 23 septembre 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Juste la Fin du Monde // De Xavier Dolan. Avec Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Nathalie Baye.


On ne peut pas enlever à Xavier Dolan sa capacité à mettre en scène des images fortes qui savent marquer le spectateur. Que cela soit au travers d’une séquence d’émotions ou même d’une chanson. S’il y a bien des scènes dont on se souvient des films de Xavier Dolan, c’est la scène de sexe sur « Noir Désir » de Vive la Fête dans J’ai tué ma mère, la scène sur « Le Temps est Bon » d’Isabelle Pierre dans Les Amours Imaginaires, la scène sur « Les moulins de mon coeur » dans Tom à la Ferme, les scènes sur « On ne change pas » de Céline Dion ou encore « Experience » de Ludovico Einaudi dans Mommy, et j’en passe. C’est quelqu’un qui sait toujours marquer l’esprit de son spectateur avec un titre qui nous rappelle forcément quelque chose. Pour Juste la Fin du Monde ce serait « Dragostea din Tei » le fameux titre culte d’O-Zone. Cette scène avait déjà fait parler (pour la chanson) à Cannes et j’étais curieux de découvrir le moment. S’il n’est probablement pas le meilleur moment du film, il fait partie de ces instants capturés où l’on a l’impression de vivre quelque chose avec les personnages. Récompensé d’un Grand Prix au dernier Festival de Cannes, le film mérite sa récompense. C’est soigné, léché, interprété de façon brillante par son casting et l’on ressort de ce film chamboulé, déchiré, bouleversé.

Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.
Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.

Le sujet de ce film est compliqué dans le sens où Juste la Fin du Monde joue énormément sur les sous-entendus, sur ce que l’on ne dit pas. Dans cette famille, Louis revient comme l’enfant prodige qui n’avait pas vu sa famille pendant douze ans. S’il revient c’est bien pour quelque chose. Si le pourquoi nous est énoncé dans l’introduction du film, ce n’est finalement pas ce qu’il y a de plus important. On nous fait des effets d’annonce, et le rythme vient justement de ce moment où il doit parler mais qui ne vient pas. Inspiré d’une pièce de théâtre, Xavier Dolan épouse alors le style brillamment. Nous sommes en huis clos dans cette maison de campagne et même quand on sort, on reste enfermés dans une voiture. Xavier Dolan parvient à imposer de façon brillante son regard sur les choses. Il a une vision originale, bien à lui, qu’il parvient à insuffler dans chacun de ses films. Ensuite, nous ne pouvons enlever à Xavier Dolan sa direction d’acteur qui est tout bonnement brillante. Nathalie Baye brille en long et en large dans son rôle. On a l’impression qu’il n’y a plus d’actrice, plus de maquillage, et que l’on voit cette mère de famille qui tente de rassembler toute sa famille et qui a bien du mal à recoller certains morceaux.

Brille aussi Vincent Cassel (Mon roi). Si certains pourront lui reprocher d’avoir souvent le même rôle, c’est un rôle qui lui colle à merveille. De même que Léa Seydoux que l’on a l’impression de redécouvrir ici. Loin est l’époque où elle était la petite star tête à claques de La vie d’Adèle. L’actrice nous permet de la redécouvrir autrement. Quant à Marion Cotillard, je suis toujours aussi fan de cette actrice. Je sais qu’elle a ses détracteurs mais en femme soumise elle brille elle aussi. Gaspard Ulliel incarne beaucoup de choses lui aussi au travers de son manque d’expressions diverses. C’est le garçon triste qui ne sait pas comment dire à sa famille une chose terrible sur lui. Son regard devient rapidement magnétique (notamment lors de la scène avec sa mère dans la cabane quand cette dernière lui dit qu’il a les yeux de son père), son regard sensuel et son visage torturé entre le sourire qu’il tente de garder pour garder les apparences. Finalement, Juste la Fin du Monde est un film étonnant qui brille comme Xavier Dolan sait très bien le faire. On en veut plus de ce cinéma original inspiré.

Note : 9/10. En bref, on peut se reconnaître facilement dans cette famille et les apparences qu’elle tente de garder. C’est bouleversant et déchirant. Brillant.


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