Morgane // De Luke Scott. Avec Kate Mara, Anya Taylor-Joy et Toby Jones.
Luke Scott a demandé à papa s’il pouvait faire un film et il lui a donné de l’argent. Sympa le papa. Il a même été demandé à papa une actrice de son écurie : Kate Mara que l’on a vu dans le film de papa Seul sur Mars. Sur un scénario de Seth W. Owen (Peepers), inconnu au bataillon, Morgane se rapproche un peu d’Ex Machina (sorti l’an dernier avec en tête Oscar Isaac) mais en beaucoup moins bon. Il est bien de tenter des choses et surtout de laisser Luke Scott tenter de faire ses armes. Après tout, les frères Scott (oui, sans mauvais jeu de mots) ont bien réussi leur carrière même si tous leurs films ne sont pas des chefs d’oeuvre alors pourquoi pas ne fils de Ridley ne pourrait pas avoir sa propre part du gâteau. Il a dû être biberonné aux plateaux de cinéma durant sa plus tendre enfance, il a du voir papa bouger sa caméra et puis maintenant que c’est un grand garçon, il s’est lancé. L’opération Morgane n’était pas la plus complexe qu’il soit et le twist final est bien trop prévisible mais cela reste une belle tentative, une proposition qui reste tout de même proche de l’univers SF de son père. On parle ici d’intelligence artificielle et surtout des dangers que cela pourrait être. On a déjà vu tout cela avec Ex Machina dont le twist était sacrément mieux troussé.
Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors Morgane, à l'origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable…
Mais arrêtons les comparaisons. Commençons par parler des bons points de Morgane. Le premier c’est Kate Mara. Elle est fabuleuse. J’adore cette actrice depuis plusieurs années maintenant et elle continue de me surprendre. Sa façon d’être froide dans ce film colle parfaitement avec l’ambiance que cherche à créer Luke Scott. Si on ne peut pas lui enlever une chose à ce jeune premier c’est sa direction d’acteur qui reste plutôt solide. Anya Taylor-Joy, notre humanoïde est elle aussi au poil de même que le reste du casting, de Rose Leslie à Michelle Yeoh en passant par Jennifer Jason Leigh (la pauvre !) et Paul Giamatti. En somme, il n’y a que de bons éléments là dedans et ils sont tous très bien utilisés. Cependant, le scénario est trop étroit et ne laisse jamais échapper l’essence même du récit. De ce fait, on se retrouve avec un film un brin enfermé dans son écrin qui pourrait être beaucoup plus mais comme par pudeur ne l’est jamais. En jouant le presque huis clos, Morgane aurait pu justement créer la même atmosphère de folie qu’avait réussi à créer Ex Machina mais jamais cela ne fonctionne réellement. Certaines scènes sont efficaces, aidées par de belles chorégraphies (les scènes de combats légèrement robotique c’est parfait, d’autant plus que deux femmes au combat c’est toujours mieux que deux hommes).
Ainsi, Morgane fait aussi l’erreur de saccager une partie de son histoire afin de se concentrer sur des anecdotes. Durant une bonne partie de la première partie du film, la mise en scène se fait rapidement ressentir et le spectateur commence légèrement à pioncer dans son coin. Il est bien gentil Luke Scott mais il aurait sûrement fallu contrebalancer le côté ultra light du scénario par des séquences originales et envolées qui auraient pu donner une vraie ambiance à l’ensemble. Je sais bien que c’est un petit nouveau mais il a encore des tas de choses à apprendre de son papa avant de lui ressembler professionnellement. En espérant que son prochain film soit de bien meilleure facture.
Note : 4.5/10. En bref, une belle tentative qui pèche par un scénario trop light et un manque cruel d’audace.