Gilles Granereau, Yves Durand-Raucher et Olivier Postel-Vinay
Samedi 24 septembre 2016
9 heures
A l'hôtel Sourcéo de Saint Paul-Lès-Dax, ce matin du 7e Week-End de la Liberté, organisé par le Cercle Frédéric Bastiat, avec le concours de
- l'ALEPS
- l'ASAF
- Contribuables Associés
- l'Institut Coppet
- l'iFRAP
- l'IREF Europe
- Students For Liberty - France
est consacré à l'environnement
Gilles Granereau
Le dit "Réchauffement climatique" à l'épreuve des faits.
Gilles Granereau, auteur de L'affaire climatique, se présente: je suis un connard, au sens où l'entend Nathalie Kosciusko-Morizet... Il rappelle en effet qu'il ne fait pas bon, de nos jours, être climato-sceptique ou climato-réaliste (j'en sais quelque chose pour avoir reçu nombre de commentaires injurieux sur mon blog avant la COP21, que, par charité chrétienne pour leurs auteurs, je n'ai pas publiés...).
Bonjour l'intolérance !
Si, dans le Grand Journal de Canal+, le 5 octobre 2015, la candidate à la primaire de la droite et du centre a traité les climato-sceptiques de connards, Corinne Lepage, le 8 novembre 2015, dans l'émission Agora de France Inter, a dit : Il va falloir tenir un registre très précis de tous ceux qui se seront prononcés et qui auront agi dans un contexte climatosceptique, pour que, dans quelques années, ils portent la responsabilité au moins morale de ce qu’ils auront fait.
Sur i-Télé, le 10 septembre 2015, sur le plateau d'Olivier Galzi, François Gemenne , à bout d'arguments, a littéralement agressé Serge Galam: Il faut que vous vous rendiez compte à un moment donné de la débilité, et de la stupidité de vos propos.C’est quand même incroyable, en 2015, de sortir encore des propos comme ça ! Comment osez-vous ?
Obama, un grand démocrate, a lancé une chasse aux sorcières contre les deniers, les négationnistes, sur son site de Président des Etats-Unis d'Amérique:
97% des scientifiques du climat sont d’accord que le changement climatique est réel et causé par l’Homme, et affecte les communautés dans toutes les régions du pays.
Pourtant, un trop grand nombre de nos élus nient la science du changement climatique. Avec leurs alliés de pollueurs, ils bloquent les progrès dans la lutte contre le changement climatique.
Trouvez les négationnistes près de chez vous et appelez-les dès aujourd'hui!
L'ONG Awaaz, lors de la COP21, a placardé à Paris des affiches avec la photo de criminels climatiques, tels que Chris Horner, avec la mention WANTED...
En matière de climat, la science est-elle établie? Il suffit déjà de comparer la courbe de température moyenne du globe au cours du temps telle qu'elle figure dans le premier rapport du GIEC en 1990 à la fameuse, et controversée, courbe de hockey de Michael Mann, qui apparaît par la suite...
Pour ce qui concerne le CO2, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'y a pas corrélation entre la courbe de sa teneur et la courbe de la température moyenne au cours du temps. La teneur en CO2 continue d'augmenter tandis que la température moyenne marque un palier depuis 1990, si l'on excepte la hausse de 2015-2016, due à El Niño...
Si l'on se réfère aux relevés des satellites, la hausse des océans est de 3.3 mm/an et de 1.15 mm/an selon le marégraphe de Brest. Rien à voir donc avec ce que l'on entend ici ou là sur la montée des eaux.
Hormis les pics de 1992-1996 et de 2002-2004, la fréquence des tempêtes n'est pas plus grande que par le passé. D'ailleurs, c'est un indice probant, les assureurs n'ont pas eu à indemniser davantage de sinistres depuis 2004...
Si les glaces ont baissé en Arctique jusqu'en 2007, elles se sont stabilisées depuis. Dans l'Antarctique, elles sont toujours restées stables...
En conclusion: l'augmentation de la teneur en CO2 n'explique pas les variations climatiques et les phénomènes extrêmes ne croissent pas.
Alors RCA (réchauffement climatique d'origine anthropique)? Ou influence des médias, des lobbys, ou encore des politiques?
François de La Rochefoucauld disait sagement:
Il vaut mieux employer notre esprit à supporter les infortunes qui nous arrivent qu'à prévoir celles qui nous peuvent arriver.
Yves Durand-Raucher
Le fiasco des énergies dites renouvelables.
Yves Durand-Raucher, Ingénieur des Ponts et Chaussées Honoraire, souligne que la sémantique employée n'est pas innocente. On parle ainsi en français de parcs d'éoliennes, de fermes éoliennes et en allemand de Stahlwald... Mais, c'est pour mieux mentir:
- Premier mensonge: les éoliennes sont écologiques. Or elles fonctionnent pas intermittence et ont besoin de centrales d'apport, émettrices de CO2.
- Deuxième mensonge: les éoliennes sont tout le temps actives. Or, quand le vent est trop fort, il faut les arrêter pour éviter qu'elles ne se cassent; quand est le vent est trop faible, elles ont besoin de soutien énergétique.
- Troisième mensonge: les énergies renouvelables permettent d'alimenter des milliers de foyers. Quand on parle de puissance, on parle de puissance théorique maximale, fonctionnant 24h/24; on ne parle pas de puissance effectivement délivrée. C'est ce qu'exprime le facteur de charge qui est le rapport de la seconde à la première. Il est de:
- 0.26 pour l'éolienne terrestre
- 0.33 pour l'éolienne marine
- 0.14 pour le solaire (qui, par définition, ne fonctionne pas la nuit...)
D'autre part quand on parle de desservir les habitants, on exclut le chauffage. Or il représente la moitié de la consommation énergétique...
Il faut donc diviser le nombre d'habitants réellement desservis par ces énergies par un facteur 5 ou 6...
- Quatrième mensonge: les énergies renouvables seraient issues d'une technique jeune (c'était vrai en 1980 ou 2000), indispensables pour sauver la planète (!), qu'il faudrait aider par des subventions (l'électricité produite serait facturée 2 fois et demie le prix d'aujourd'hui pour l'éolien terrestre, 4 fois pour l'éolien marin et encore plus cher pour le solaire).
Ces subventions sont payées au moyen d'une taxe, la contribution au service public de l'électricité, qui figure au dos des factures d'électricité. Son taux est de 16% et pourrait passer à 25 ou 30%. Elle représente 8.5 milliards € par an, TVA comprise... versés aux promoteurs.
Cinquième mensonge: les machines seraient installées seulement dans des zones dites favorables. Or tout le territoire est déclaré favorable hormis les abords des grandes villes et des très gros bourgs...
Sixième mensonge: les machines ne créent pas de nuisances à plus de 500 m des habitations. C'est oublier le bruit lancinant que font les pales toutes les trois secondes, les clignotants visibles la nuit à 20 km de disatnce et le fait que les habitations proches deviennent invendables... (en Allemagne les éoliennes sont disposées à une distance de 10 fois leur hauteur, soit à 1500 m).
Septième mensonge: l'arrivée de ces machines seraient une chance pour la commune...
Huitième mensonge: l'industrie des énergies renouvelables serait créatrice d'emplois stables et pérennes. Toutes les machines proviennent d'Allemagne ou du Danemark... De plus, qui aura envie de faire du tourisme dans des régions enlaidies par ces forêts d'acier?
Neuvième mensonge: les machines seraient démantelées en fin de vie. Au moindre problème, en réalité, les machines sont abandonnées par les promoteurs. C'est le propriétaire du terrain qui devient responsable de l'éviction de la machine... sans en avoir les moyens.
Conclusion: il n'y aura plus de douce France: ce sera un trou financier, une estafilade sur le visage de la France...
Olivier Postel-Vinay
L'environnement: problèmes publics, solutions privées?
Olivier Postel-Vinay, directeur du magazine Books, donne d'abord un exemple qui va compléter les exposés précédents sur le climat et sur les énergies renouvelables. C'est celui de la norme européenne de la teneur en nitrate dans l'eau de boisson, qui ne doit pas dépasser 50 mg/l.
Aujourd'hui, d'après tous les experts, cette norme n'a aucun sens. On peut boire tout le nitrate qu'on veut: l'organisme en fait son affaire. Il n'y a donc aucune raison médicale de maintenir cette norme impérative. D'ailleurs on mange du nitrate dans les légumes et les fruits...Et les cellules du corps produisent des nitrates...
Or cette norme est intouchable. Elle s'impose dans tous les Etats européens aux producteurs d'eaux, aux médecins. C'est un bon exemple des aberrations auxquelles peut conduire l'action publique en matière de sécurité sanitaire.
Olivier Postel-Vinay invite à réfléchir sur les mots employés dans la question à laquelle il lui a été demandé de répondre, à commencer par le mot environnement. Le mot environnement est un mot piégé. On a tendance à penser que c'est la nature.
Ainsi il y aurait d'un côté la nature et l'homme de l'autre. La nature comprend pourtant non seulement les végétaux et les animaux mais aussi les hommes eux-mêmes. Et le sens de l'environnement mériterait d'être élargi et comprendre les institutions créées par l'homme et le progrès technique...
Le progrès technique est certes créé par l'homme, mais il est devenu en quelque sorte une force indépendante de l'homme, qui se nourrit d'elle-même et que l'homme ne peut qu'espérer canaliser. Il fait, ô combien, partie de notre environnement comme l'exposé sur les éoliennes l'a montré.
Séparer l'homme de la nature, ou de son environnement, est par conséquent une dichotomie dangereuse, destinée à brouiller les cartes.
Le mot privé a au moins deux sens très différents: c'est d'une part ce qui est relatif à l'individu et à son autonomie, c'est d'autre part la distinction entre les activités privées et les activités publiques. Il faut ajouter que certaines entreprises privées sont problématiques à l'égard aussi bien de la sphère privée que des pouvoirs publics.
Bastiat aurait eu beaucoup à dire face à ces mammouths que sont Google, Facebook etc. qui sont des quasi monopoles particulièrement imposants par ... leur nouveauté et leur aspiration à l'hégémonie.
Deux prix Nobel d'économie, George Akerlof (2001) et Robert Shiller (2013) ont publié en 2015 un livre, Phishing for Phools, dont le titre pourrait être traduit par La pêche aux poires... Ils y mettent en cause la main invisible d'Adam Smith: les entreprises qui gagnent sont celles qui réussissent le mieux dans la pêche aux poires.
Les poires, ce sont les consommateurs qui sont atteints par la publicité et le marketing, mais aussi les pouvoirs publics qui se laissent séduire par les entreprises qui les courtisent en y consacrant des sommes considérables: c'est la notion de lobby.
Du point de vue d'Olivier Postel-Vinay, la vraie dichotomie est à faire entre la personne privée et les forces qui cherchent à l'encadrer, que ces forces soient d'origine publique ou privée. Ainsi fait-on, dans l'exemple des éoliennes, accepter par le consommateur des surcoûts pour sauver le climat.
Alors se pose la question de l'expertise, comme on l'a vu dans les cas du réchauffement climatique ou dans celui des éoliennes. Quels experts faut-il croire? Comment distinguer le vrai du faux? Comment séparer le bon grain de l'ivraie? L'expertise est une question fondamentale.
Olivier Postel-Vinay trouve Frédéric Bastiat trop optimiste, et trop naïf, parce qu'il porte trop haut les facultés de discernement des individus, même s'il reconnaît qu'ils ne sont pas toujours capables de voir que l'organisateur, c'est-à-dire l'Etat, n'est pas infaillible.
Les psychologues s'intéressent à ce qu'ils appellent les biais cognitifs. Indépendamment des intoxications et des émotions, il y a toutes sortes de biais qui transforment notre perception de la réalité. On a tendance, par exemple:
- à enjoliver le passé (c'était mieux avant!),
- à occulter l'avenir prévisible (je peux fumer tant que je veux, je peux m'endetter lourdement).
- à surévaluer des événements récents (c'est le syndrome du requin: une attaque exceptionnelle de requin devient un risque considérable d'être attaqué par un requin)
- à voir dans les éléments que nous percevons la confirmation de ce que nous pensons (c'est ce que les Américains appellent l'effet de silo)
Compte tenu de tout ce qui précède, Olivier Postel-Vinay est hésitant pour répondre à la question posée. Il cite une interview d'Emmanuel Macron, qui a travaillé à l'Etat et dans le privé, au cours de laquelle il dit (c'est un homme politique):
Je crois dans la place de l'Etat. Dans notre histoire, l'Etat tient la France, tient la nation.
Je crois toutefois qu'il faut moins d'Etat dans la société et dans l'économie. A vouloir sur-réguler l'Etat s'est affaibli et s'est transformé en étouffoir. On a longtemps considéré que l'Etat devait se substituer à la société pour agir et que la norme protégerait le faible selon la philosophie de Lacordaire. Ce n'est plus vrai dans un monde ouvert. Quand la norme sur-réglemente, elle entrave. Elle empêche la liberté d'entrer dans de nombreuses maisons, y compris celles des plus pauvres.
Les énergies renouvelables sont des fonctions de production de l'énergie très décentralisées, au plus près du terrain.
Contre la prétention des hommes politiques à imposer leurs projets à la société, comme dirait Frédéric Bastiat, contre la pêche aux poires, qui joue un rôle central dans la société, Olivier Postel-Vinay se demande: Que nous reste-t-il? Que pouvons-nous faire? Et il répond: Très franchement, je ne sais pas.
Il termine tout de même par une note optimiste: Une voie intelligente consiste à trouver moyen de développer notre culture de l'esprit critique, développer les moyens de l'exprimer, afin de tendre à exposer au grand jour ce qu'on ne voit pas.
Francis Richard
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