Ces chercheurs décrivent cette faille comme un bug dans le firewall qui protège le cerveau contre la maladie de Parkinson et comme un virus (informatique) qui va propager des fibrilles mortelles d’un neurone à l’autre. En révélant le responsable, un gène d’activation des lymphocytes 3 (LAG3) qui favorise la propagation de ces agrégats ou fibrilles de protéine α-synucléine, ils identifient aussi une cible prometteuse pour ralentir la progression de la maladie. Des conclusions, présentées dans la revue Science, qui confirment l’importance de cet axe de recherche autour de la protéine α-synucléine.
Les scientifiques de la Johns Hopkins University School of Medicine (Baltimore) montrent ainsi in vitro que des neurones (noyaux en bleu) contenant des protéines LAG3 (vert) vont développer ces fibrilles toxiques (EN rouge). Et, chez la souris, les chercheurs montrent aussi qu’ils peuvent réduire la progression des agrégats toxiques d’α-synucléine en les privant génétiquement du gène LAG3. LAG3 apparaît avec ces travaux comme un médiateur clé dans la transmission de protéine α-synucléine anormale entre les neurones.
Quel est le processus ? La protéine α-synucléine anormale dans les neurones peut endommager la protéine α-synucléine normale, ce qui favorise la formation d’agrégats supplémentaires. Ces agrégats passent ensuite d’un neurone à l’autre tout comme un virus informatique se déplace, sur le même réseau, d’un ordinateur à l’autre.
· In vivo, l’équipe de la John Hopkins utilise une forme synthétique de ɑ-synucléine anormale pour induire des symptômes de la maladie chez la souris normale ou privée de gène LAG3 -donc incapable de produire la protéine.
– Les souris normales qui ont reçu l’ɑ-synucléine, développent rapidement les symptômes de la maladie dont des troubles du mouvement, une réduction de la force de préhension, une diminution des neurones dopaminergiques…
– Les souris privées de LAG3 ne montent aucun symptôme de la maladie.
· In vitro, la même expérience est également concluante : lorsque des fibrilles de ɑ-synucléine sont ajoutées à des neurones extraits des 2 types de souris, dans le cas des neurones normaux, la protéine est rapidement transmise aux cellules voisines, en revanche ce n’est pas le cas avec des neurones de souris privées de LAG3.
Des anticorps qui bloquent l’activité de LAG3 ? De telles molécules sont actuellement testées dans des essais cliniques comme une forme d’immunothérapie du cancer. Ici, les scientifiques montrent que les neurones traités avec les anticorps se comportent comme des neurones privés de LAG3. Ils constatent une diminution remarquable de la transmission des fibrilles aux neurones voisins. L’action délétère de LAG3 peut donc bien être bloquée par ces anticorps.
Bref, une voie très prometteuse pour ralentir voire stopper la progression de la maladie de Parkinson.
Source: Science 30 Sep 2016 doi: 10.1126/science.aah3374 Pathological α-synuclein transmission initiated by binding lymphocyte-activation gene 3
Plus de 200 étudessur Parkinson