Quelques années après avoir lancé la saga Hunger Games au cinéma, le réalisateur Gary Ross change complètement de registre avec Free State of Jones, un biopic somme toute classique lorgnant régulièrement vers le drame et le documentaire.
Un mélange des genres qui aurait pu constituer la bonne idée du long-métrage s’il n’avait pas été aussi maladroit. Si les images d’archives et les textes explicatifs qui agrémentent le récit ont le mérite d’insuffler une véritable valeur pédagogique au film, ils peinent en effet à poser clairement, et rapidement, le contexte de l’histoire. Même reproche pour l’aspect biopic qui, pas aidé par une installation laborieuse et un montage illisible, ne parvient jamais à décrire efficacement l’histoire dans l’histoire. Un défaut regrettable puisque tout l’enjeu du film résidait, à mon sens, dans la mise en lumière de ce pan relativement méconnu de la guerre de Sécession. En outre, le récit parallèle sur la généalogie des Knight, qui nous propulse plusieurs décennies plus tard lors du procès de l’un des descendants de Newton, n’apporte rien de significatif au film, si ce n’est davantage de longueurs. Fort heureusement, la partie dramatique, bien que convenue, demeure nettement plus satisfaisante. Même si l’émotion n’explose jamais véritablement, l’empathie que suscite le personnage de Matthew McConaughey suffit effectivement à maintenir l’intérêt.
Un Matthew McConaughey qui constitue d’ailleurs l’un des rares motifs de satisfaction du long-métrage. Dans un rôle, il est vrai, assez proche de ce qu’il a pu faire ces dernières années, l’acteur oscarisé délivre effectivement une performance remarquable. Totalement habité, il incarne avec charisme et conviction cet homme prêt à tout pour défendre sa liberté. Sans lui, Free State of Jones n’aurait finalement que très peu d’intérêt. Sa présence à l’écran est telle qu’il éclipse d’ailleurs largement les personnages secondaires. On appréciera néanmoins les prestations plutôt convaincantes de Gugu Mbatha-Raw et surtout Mahershala Ali. Dans un océan de seconds rôles insipides, ils sont les seuls à émerger un tant soit peu. Côté réalisation, Gary Ross reste globalement dans son style de prédilection, à savoir une mise en scène nerveuse au plus près des comédiens. Et si celle-ci s’avère plutôt efficace la plupart du temps, elle ne transcende toutefois jamais le film. D’autant plus que les parties les plus académiques du récit se révèlent tout de même relativement statiques et accentuent du coup les longueurs, particulièrement nombreuses durant près de 2h20.En conclusion, malgré une histoire passionnante et un Matthew McConaughey totalement habité, qui constitue certainement l’un des principaux intérêts du long-métrage, Free State of Jones se révèle donc être un biopic brouillon. Pas aidé par un montage illisible et un mélange des genres bancal, le film manque cruellement d’ampleur. Décevant !