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Critique Ciné : Chouf (2016)

Publié le 06 octobre 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Chouf // De Karim Dridi. Avec Sofian Khammes et Foued Nabba.


Ce que je trouve dommage avec Chouf c’est que le film soit aussi prévisible car l’idée est bonne, on nous plonge dans un quartier chaud de Marseille où la drogue et les petits caïds règnent en maître. Mais derrière tout cela, si l’histoire est bonne et que Karim Dridi s’en sort très bien, l’issue narrative est trop prévisible à mon goût. C’est donc sur l’enrobage que Chouf se concentre. Le film nous offre alors une vision rugueuse des choses, de la façon dont fonctionnent les réseaux et comment un petit étudiant d’école de commerce à Lyon va parvenir à gravir les échelons aussi rapidement en donnant des petits conseils. A certains moments, le drame est tellement fort que l’on a l’impression d’être dans un documentaire. Le film n’a pas froid aux yeux, surtout pas de tuer des personnages du début à la fin. La drogue, les armes, tout cela se fait présent jusqu’au bout du film dont la conclusion, certes prévisible, reste malgré tout intéressante. Chouf nage alors entre le documentaire mais aussi le polar. Ce n’est pas un film sur un quartier comme les autres. Karim Dridi a voulu faire quelque chose de différent ici et cela se ressent.

Chouf, ça veut dire "regarde" en arabe. C'est le nom des guetteurs des réseaux de drogue de Marseille. Sofiane, 24 ans, brillant étudiant, intègre le business de son quartier après le meurtre de son frère, un caïd local. Pour retrouver les assassins, Sofiane est prêt à tout.
Il abandonne famille, études et gravit rapidement les échelons. Aspiré par une violence qui le dépasse, Sofiane découvre la vérité et doit faire des choix.

Il injecte alors dans Chouf des tas d’éléments narratifs séduisants. Comme le personnage de Sofiane qui est notre porte d’entrée dans l’univers du film. C’est la parfaite porte. Le garçon est intelligent, sait observer et être gentil avec les gens tout en asseyant rapidement ses ambitions : celle de venger son frère. La violence c’est le lot de ces quartiers. Le réalisme du film est tel que dès que le film tue un personnage, la sensation est étrange. Car Chouf n’est pas dénué d’un certain humour qui fait toujours mouche, toujours bien placé au bon moment afin de nous faire oublier la noirceur du monde qui nous entoure. Cependant, le monde est tellement sombre que le drame rattrape toujours l’humour. On passe donc du rire à l’horreur en quelques secondes. C’est face aux réussites de Chouf que l’on oublie facilement la fin facile qu’il nous propose. J’aurais presque préféré que la révélation finale soit un peu moins simple et que le film complexifie le tout jusqu’au bout. On nous dépeint le monde des réseaux de drogue de ce quartier de Marseille comme quelque chose qui fonctionne de façon archaïque mais rien de neuf n’arrive au bout quand on regarde de plus près l’histoire principale.

Finalement, Chouf connaît le monde qu’il raconte, ce que l’on pourrait appeler une « no-go zone » comme dirait Fox News, mais Karim Dridi veut le rendre accessible et prend alors le personnage de Sofiane pour nous familiariser avec ces cités dont il est difficile de sortir. Si ce film est le troisième d’une trilogie que le réalisateur a initié il y a près de vingt ans, on espère une nouvelle plongée dans les quartiers chauds de Marseille.

Note : 8/10. En bref, malgré l’issue prévisible, le film mérite largement d’être vu pour son côté documenté et sa montée en puissance du début à la fin.


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