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Le chanteur Corneille explique comment il a survécu au génocide

Publié le 11 octobre 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Dans ce livre, il dit tout… Il pointe du doigt même les assassins de sa famille en 1994 à Kigali. Pour lui, ce sont les soldats du FPR (Front patriotique rwandais), au pouvoir aujourd’hui.

Sur sa page Facebook, Corneille déclare: "dans ce livre, j’écris noir sur blanc ce qui ne se dit pas facilement en chanson. Tout ce qu’il faut deviner entre les rimes. J’y raconte un "moi" plus complexe que celui que j’ai chanté". Corneille Nyungura décrit sa vie, sa vision sur les différents événements qui ont affecté son existence, son enfance (entachée par l’abus sexuel par sa tante à l’âge de six ans), ses peines, sa joie, ses questionnements sur le génocide et les massacres au Rwanda.

En 1994, pendant le génocide, son père, sa mère, ses deux frères et sa petite sœur sont tous assassinés par des hommes en armes. Corneille n’avait jamais été clair au sujet des auteurs du massacre. Dans ce livre, il affirme qu’il s’agit bel et bien des soldats du FPR. Lui qui était en cachette dans la même maison où le drame s’est produit, a tout entendu; les questions posées à son père et les réponses. A cette époque, les tutsis étaient pourchassés et tués par des extrémistes hutus partisans du régime du président Habyarimana. Les bourreaux surnommaient les tutsis "cafards".

Un soldat demande au père de Corneille: "Cachez-vous des cafards ici?" Le père répond: "Non, non, au contraire, nous sommes de fervents supporters du régime dont le président vient d’être assassiné". Corneille explique que c’est à ce moment-là, qu’ils ont commencé à tirer, et que c’est l’échange verbal, entre son père et les militaires, qui lui permet de découvrir leur identité. C’est par miracle que les assassins ignorent qu’il était là, en cachette, derrière un canapé. C’était le 15 avril 1994. Par la suite, Corneille se réfugie au Congo voisin, et finira par être accueilli en Allemagne dans une famille amie de ses parents. Il a pris son temps, progressé dans sa carrière de chanteur, mûri, et fondé sa petite famille. En 2011, il a pris la plume, parce qu’il se disait que ses deux enfants avaient droit à la vérité sur ce qu’il a connu comme joie de vivre, mais aussi les souffrances endurées. Il ajoute qu’il n’a pas voulu masquer pourquoi ils n’avaient ni grand-père paternel ni grand-mère. Corneille précise: "En démarrant ce récit, je savais que les pages du génocide et du massacre de ma famille au Rwanda, en 1994, m’attendaient. Je savais qu’écrire cette douleur passée, c’était mettre des petites cuillerées de pili-pili sur la chair encore fraîche d’une plaie que je voulais à tout prix croire fermée. Et, sur le chemin de la rétrospective, j’ai trouvé d’autres plaies, vives, brûlantes."

Ce long recul, lui a certainement été indispensable pour renouer avec son histoire et ses racines. D’après l’éditeur, Xo, "c’est un récit poignant, porté par une écriture d’une rare poésie, d’un artiste, mais surtout d’un homme, à la recherche de sa vérité. Chanteur de R'n'B Corneille est né le 24 mars 1977 en Allemagne, où ses parents faisaient leurs études. Son père était tutsi et sa mère était hutue. Parmi toutes les chansons qui évoquent son histoire, "Parce qu’on vient de loin" et "Seul au monde" ont bouleversé le public. Actuellement, Corneille vit au Canada et déclare avoir toujours peur de retourner au Rwanda.

* Corneille: "Là où le soleil disparaît", Paris, Xo, autobiographie, 2016, 330 pages.


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