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L'homme a longtemps réussi son "lobbing" et présenté une face d'une belle image de sa politique. Trompe-l’œil? L’opposition rwandaise dénonce sa politique qu’elle juge répressive et antidémocratique, mais elle a du mal à le remplacer. Paul Kagame est aujourd'hui imperturbable. Comment fait-il pour rester maître sans rival fort au "pays des mille collines"?
Le grand public le découvre dès les premiers jours de la guerre d'octobre 1990. Puis, lors des négociations d’Arusha, entre sa rébellion et le régime du président Habyarimana. Ce chef de guerre impose son point de vue sans y être physiquement présent. C’est encore lui qui porte le flambeau du FPR à sa victoire militaire de juillet 1994. Il devient vice-président du pays et à la fois ministre de la Défense. Enfin en 2000, il devient président de la République en même temps que disparaît le poste de vice-présidence. Pendant près de deux décennies, ses principaux alliés et grandes puissances mondiales le considéreront comme l’homme providentiel d’un pays qui a tant souffert à cause de la guerre, des massacres et du génocide. Même en prenant leurs distances à son égard, les Occidentaux ne sont pas catégoriques. Ils se demandent s'il existe une alternative crédible.
Paul Kagame a la force militaire incontestable puisqu’il dispose d’une armée, des services de police et de renseignement bien équipés. La présence de l’armée et de la police rwandaises dans les opérations de maintien de la paix, ou de secours à l’étranger est plus que remarquable: au Soudan, en République Centrafricaine, au Mali, en Haïti. Le Rwanda a marqué des points à ce sujet. Kagame s'y appuie quand il est critiqué sur le plan des droits de l'homme et du manque d'ouverture de l'espace politique dans son pays. En effet, autoritaire, le général Kagame est réellement l'homme fort du pays depuis 22 ans, même si sa présidence date de 2000. Incontestable, il n'hésite pas à mettre en prison mêmes ses anciens amis ou proches collaborateurs comme il le fait pour ses opposants politiques quand ils ne sont pas contraints de s'exiler.
Le 5 octobre 2016, le Parlement européen a interpellé le président Kagame sur l’affaire Mme Victoire Ingabire, opposante en prison depuis 2010, d'autres opposants en prison comme Déo Mushayidi, et sur la dégradation des droits de l'homme au Rwanda, dans une résolution (2016/2910 RSP). Depuis deux décennies, des citoyens rwandais opposés au régime disparaissent dans de conditions mystérieuses, parfois horribles.
De Seth Sendashonga assassiné à Nairobi jusqu’à Patrick Karegeya tué à Johannesburg, en passant par Théoneste Lizinde, André Kagwa Rwisereka, Assinapol Rwigara, et bien d’autres. Ses opposants sont donc pourchassés même à l'extérieur du pays. Les grandes puissances dont les États-Unis d’Amériques et le Royaume-Uni ont maintes fois menacé de sanctions le régime de Kigali, mais sans résultats palpables.
En août 2014, la justice sud-africaine a condamné quatre personnes dans la tentative d’assassinat en 2010 contre le général Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’État major rwandais, devenu dissident, et en exil en Afrique du Sud depuis 2010. Selon RFI (Radio France Internationale), le juge avait estimé que la tentative d'assassinat avait des motivations politiques et qu'elle émanait "d'un certain groupe de personnes du Rwanda".
Le général Paul Kagame est un homme hors du commun. Après avoir pris le pouvoir par les armes en 1994, c'est lui qui avait installé Laurent-Désiré Kabila à la tête de la RDC (République Démocratique du Congo), en 1997. Et pour preuve, c'est son bras droit, le général rwandais James Kabarebe qui était devenu le chef d’État major de Kabila cette année-là. Comment ne pas le qualifier de fort, cet homme qui vit, survit et résiste aux charges les plus graves et les plus lourdes jamais mises sur le dos d’un chef d’État depuis la deuxième guerre mondiale?
En effet, le "mapping report" (rapport d'experts de l'ONU publié en 2010) accuse les soldats rwandais d'avoir une grande responsabilité dans les massacres d'environ six millions de personnes, en RDC, entre 1993 et 2003. Ce rapport précise qu'une cour compétente pourrait qualifier de génocide ces massacres. A Kisangani, l'armée rwandaise et ougandaise s'étaient affrontées, faisant plusieurs victimes, ce qui avait entaché les relations ougando-rwandaises.
Actuellement, les relations entre Paul Kagame et Pierre Nkurunziza du Burundi sont plus que tendues. Les deux pays s'accusent d'abriter et de soutenir des opposants armés. Il y a deux ans, les tensions avaient aussi émergé entre le président rwandais et Jakaya Kikwete de la Tanzanie. Ce dernier lui avait proposé de négocier avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), et cela avait suscité un grand courroux de Kagame. Bref, durant ses 16 ans au pouvoir, Kagame n'aura pas connu d'excellentes relations avec ses quatre voisins.
Sur le plan des infrastructures, un pas a été franchi. Beaucoup de constructions dans le domaine du bâtiment, les routes, la propreté; la capitale Kigali est enviée par les touristes. La rapidité et la facilité d’accès aux différents services, sont déjà en cours. Ces réalisations sont louables et les Rwandais en sont fiers. On parle de la croissance économique du pays. Cependant, tout ou presque est entre les mains du FPR, parti au pouvoir, à travers son entreprise commerciale "Crystal Ventures".
En plus, selon France 24, les autorités rwandaises ont manipulé les dernières statistiques officielles sur la pauvreté. Par ailleurs, actuellement la population, particulièrement celle de l'Est du pays souffre d'une famine aggravée par le manque d'une bonne planification dans le domaine agricole. La gestion du budget est aussi sujet à caution, puisque le rapport de 2015 fait état d'un détournement de plus de 200 milliards de francs rwandais, soit près de 1/6 du budget annuel. Le bilan du président Kagame sur ses 16 années de pouvoir est donc plus que mitigée au moment où il a modifié la Constitution pour briguer un troisième mandat.