Dans la lignée du très bon Du Sang et des Larmes, déjà avec Mark Wahlberg, Peter Berg délivre avec Deepwater un nouveau film de grande qualité, tant sur le fond que sur la forme. Le scénario prend effectivement le temps d’installer ses personnages et parvient brillamment à vulgariser le fonctionnement d’une plateforme pétrolière, tout en exposant aussi clairement les différentes décisions qui ont mené à la tragédie. Un choix particulièrement judicieux puisque si les conséquences du drame du 20 avril 2010 sont encore bien ancrées dans toutes les mémoires, les causes de la catastrophe sont en revanche assez méconnues. En parlant de conséquences, on pourra bien sûr regretter que certains aspects de la tragédie, dont la dimension écologique par exemple, ne soient pas abordés davantage mais la volonté du réalisateur de se concentrer plutôt sur le drame humain est tout à fait compréhensible. Comme dans sa réalisation précédente, malgré l’importance du sous-texte, ce sont donc à nouveau les hommes qui l’intéressent. Et à nouveau, le résultat est concluant !
Aussi intéressant soit le script, l’atout majeur de Deepwater est néanmoins sa mise en scène. Incroyablement nerveuse et immersive, elle nous plonge de plein fouet dans le récit. Un récit dont le moment fort est indéniablement l’énorme explosion de la plateforme, une des plus belles de l’histoire du cinéma, et aussi une des plus impressionnantes. Le travail effectué sur le son est remarquable et nous offre une séquence d’une rare intensité, de surcroît parfaitement amenée. Côté casting, fidèle à ses habitudes, Mark Wahlberg est irréprochable dans la peau d’un travailleur américain aussi honnête que courageux. Ce n’est certainement pas son rôle le plus marquant mais il l’endosse en tout cas avec conviction. A ses côtés, Kurt Russell, Dylan O’Brien et Gina Rodriguez renforcent joliment le sentiment de solidarité qui anime l’ensemble de l’équipage. Alors que John Malkovich s’avère, quant à lui, toujours aussi charismatique en patron arrogant qui symbolise à lui seul les dérives du capitalisme. Enfin, mention spéciale à la superbe partition de Steve Jablonsky. Juste et efficace, elle soutient magnifiquement les différents événements de l’histoire, sans toutefois prendre trop de place.En définitive, avec Deepwater, Peter Berg signe donc un film catastrophe absolument saisissant. Entre pur drame humain et véritable désastre capitaliste, le long-métrage dépeint avec brio l’une des tragédies les plus impressionnantes de ces dernières années. Une belle réussite !