La mise en oeuvre du « tout concurrence » et le règne des marchés ont des conséquences calamiteuses sur notre industrie dont la part dans le P.I.B est passée en une quinzaine d'années de 20 % à 12 %, détruisant des pans entiers de notre industrie et des centaines de milliers d'emplois. Des fleurons de notre industrie ont ainsi disparu, Péchiney, Alcatel, Alstom, sans mentionner les sous-traitants. Ce désastre industriel, dû en grande partie au dogmatisme de la politique économique de l'Union européenne et à la démission des Gouvernements, est d'autant plus inadmissible que nombre d'Etats de la planète ont des politiques industrielles protectrices de leurs marchés et de leurs entreprises, et conduisent pour certains, de surcroît, des politiques industrielles très offensives.
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Pour affronter une concurrence mondiale exacerbée, il est temps de sortir des dogmes et d'abandonner toute naïveté. Nous devons mettre en place une politique industrielle active pour protéger nos emplois, nos entreprises dans des secteurs stratégiques, à fort potentiel, et partant notre indépendance nationale. Cette exigence impose de nommer un Ministre de l'Industrie et de la Prévision économique, de pleine compétence, indépendant du Ministre de l'Economie et des Finances, et de créer une Agence de la prévision pour arrêter les choix de nos investissements en synergie avec les industriels, les syndicats, les experts et l'Etat. Elle suppose de donner à l'Etat les moyens de s'opposer à toute prise de contrôle de nos entreprises par des entreprises étrangères même si elles apparaissent avec un faux nez européen.Il nous faut appliquer fermement la règle de la réciprocité dans le droit des entreprises. Il n'est pas admissible que nos entreprises ne puissent pas être propriétaires dans certains Etats alors que les sociétés et les nationaux de ces mêmes Etats acquièrent librement des biens immobiliers sur le territoire national ou s'y installent sans être obligés de constituer des sociétés conjointes avec des Français. S'agissant de la question de l'extraterritorialité, si la loi Sapin II sur la transparence, en voie d'être adoptée, qui crée une Agence anticorruption est un élément de rééquilibrage important dans la guerre économique ouverte par les Américains, il nous faut cependant encore renforcer la loi dite de blocage de 1968 pour faire face à l'imperium juridique des Etats-Unis. La question de l'inadaptation de l'euro à notre économie et ses effets pénalisants pour notre compétitivité devra, enfin, être posée. Nous devons de toute urgence élaborer une nouvelle politique industrielle, ce qui exige une refondation de la politique économique de l'Union Européenne, en mobilisant nos partenaires européens, fût-ce au prix d'une crise ! C'est là plus qu'un défi, c'est une nécessité de survie pour la France et l'Europe.
A propos de l'auteur : Jacques Myard est député des Yvelines (LR), maire de Maisons-Laffitte et président du Cercle Nation et République