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Romstorie : Montreuil, les Roms Zéro like

Publié le 16 octobre 2016 par Blanchemanche

#roms #Montreuil


  • 15 OCT. 2016
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  • PAR JACQUES DEBOT
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  • BLOG : ROMSTORIE : LA VIE DES ROMS ET DES GENS DU VOYAGE

Dans l’ouvrage de Gérard Davet et Fabrice Lhomme " Un président ne devrait pas…" François Hollande confie aux journalistes : "Les élus de gauche et du Parti communiste dans le 93 nous disent en privé, il faut nous débarrasser des Roms". Les élus de gauche en sont arrivés là, ils en sont à demander au président de la République d’organiser le bannissement des populations, le nettoyage ethnique…

Romstorie : Montreuil, les Roms Zéro like

L’élimination par étape est un procédé efficace pour se débarrasser des Roms. A Montreuil, les premières mesures de répression ont cheminé à bas bruit, tandis qu’on préparait l’opinion publique avec une communication détaillée sur les sinistres occasionnés, les risques encourus et la souffrance des riverains. Dès lors, il convenait de se montrer compréhensif, attentionné, protecteur avec les riverains qui avaient tant souffert, protecteur même avec ces Roms qui risquaient leur vie dans les incendies. Le processus d’élimination était en marche.L’exaspération des riverains est un prétexte. Ceux qui ont organisé la mise à la rue, l’abandon puis le harcèlement des familles roms de Montreuil sont les élus communistes et divers gauche de la Mairie de Montreuil. Et ceux-là avaient en tête un but bien précis.Tout n’a pas exactement marché comme prévu quand à la fin du mois de juillet, l’expulsion du lieu de vie où résidaient treize familles de Roms Boulevard de la Boissière à Montreuil a suscité des réactions auxquelles la mairie ne semblait pas s’être complètement  préparée. Après de longues journées de silence, l’équipe municipale a fini par publier un rapport, demandé à la hâte aux services du logement en pleine période de vacances, un inventaire des mesures sociales en matière de logement dont la plupart remontaient à l’équipe municipale précédente, mais d’où ne ressort vraiment rien d’exceptionnel pour une ville de 100 000 habitants. Ce rapport avait au moins une utilité  politique, il permettait de présenter un bilan et surtout de noyer toute discussion sous les éléments de langage.Nous y apprenons qu’en six ans,  de 2010 à 2015 dans le cadre de la « MOUS Roms », la ville et ses partenaires ont permis à environ quatre-vingt familles roms d’accéder à une solution de logement durable, soit en moyenne treize familles par an, un peu plus d’une famille par mois. En permettant à une famille par mois d’accéder à  un logement social avec le concours de l’Etat et du département, peut-on raisonnablement espérer la résorption à moyen terme de l’habitat insalubre ? http://www.montreuil.fr/outils/actualites/article/communique-suite-a-la-decision-de-justice-dexpulser-les-roms-du-hangar-insalubre-et-dangere/On peut tranquillement accuser les Roms de n’importe quoi. Cette mesure d’expulsion était une bonne mesure m’a-t-on répondu, étant donné que ce hangar squatté était tenu par un marchand de sommeil, rom lui-même. En mettant fin à cette situation intolérable le maire de Montreuil protégeait les Roms des méfaits de leur semblable.Pourtant, les marchands de sommeil, tenanciers d’établissements délabrés en banlieue parisienne, auxquels le 115 permet d’afficher complet 365 jours par an, ne semblent pas poser de problème de conscience aux autorités, sans doute parce qu’ils sont payés par le contribuable, et qu’on a peut-être pris de soin de vérifier qu’ils n’étaient pas roms.Vers la mi-septembre, après des semaines d’errance, de mobilisation, de tables rondes, on finissait enfin par grappiller quelques nuitées dans ces hôtels requis pour l’hébergement d’urgence, mais dont la configuration n’est pas prévue pour accueillir des familles. Les élus écologistes de Montreuil, lesquels parlent à l’oreille de la Ministre du Logement n’ont pas manqué de claironner par un communiqué modeste et triomphant leur implication pour obtenir ce résultat que les familles on accueilli avec une circonspection légitime quand on connait la suite de l’histoire.De son côté, le Parti communiste en profitait pour fracasser le député de la circonscription Razzi Hamaddi (socialiste), tandis qu’en retour la section locale du Parti socialiste envoyait depuis Facebook des volées de bois vert aux communistes. Razzi Hamaddi, toujours sur Facebook,  promettait qu’on allait voir du bon, du solide, du concret, de l’humain et du généreux dans les heures à venir. J’ai attendu quarante-huit heures pour lui rappeler ses promesses sur un ton courtois, j’ai regardé encore sa page quelques jours et ne voyant rien venir j’ai fini par renoncer. Il est regrettable qu’une demande adressée à un député reste sans réponse, mais un autre détail encore plus navrant est apparu au cours de cette affaire.Le 13 septembre 2016, la section du Parti socialiste de Montreuil communiquait dans Facebook avec des mots auxquels on pouvait souscrire en parlant du drame social et humain des treize familles roms expulsées et à ce jour en errance dans les rues de Montreuil. Or, depuis plus d’un mois cet écrit stagne sur Facebook dans l’indifférence totale, sans un seul commentaire, sans une seule appréciation. Chez les militants socialistes de Montreuil, c’est zéro like pour les Roms, on n’en a rien à foutre des Tsiganes.https://www.facebook.com/notes/parti-socialiste-de-montreuil/stop-aux-pol%C3%A9miques-inutiles/530038330524472On a fait à Montreuil ce que l’on fait partout maintenant pour se débarrasser des Roms en les intégrant dans le scénario de la fable ésopique du renard et de la cigogne. La commère pour se revancher du goupil l’invite à se régaler d’une viande qu’elle lui sert en un vase à long col et d’étroite embouchure où le renard ne peut évidemment rien attraper et devra  rester sur sa faim. Le vase d’étroite embouchure, c’est la proposition inacceptable, le dilemme, le corner.Chacun sait que ces hébergements d’urgence, pour lesquels on a recours à des hôtels de dernière catégorie, ne conviennent pas aux familles qui ne peuvent pas y cuisiner (c’est-à-dire manger chaud), recevoir, résider en journée. On a envoyé des familles dans des hôtels situés à plus d’une heure de trajet de Montreuil, sans tenir compte des enfants scolarisés, des emplois qu’occupaient les parents, des liens entre les familles, etc.Ces offres inadaptées, ces résidences lointaines, ces vases d’étroite embouchure n’étaient pas des mesures charitables, elles faisaient partie d’un « contrat d’insertion ». Il fallait en passer par cette offre, en accepter les inconvénients et les contraintes pour entrer dans un processus d’insertion mal défini, en passer par là pour que chantent d’hypothétiques lendemains. On vous exile au diable vauvert et cet exil est la condition incontournable pour vous intégrer demain dans cette bonne ville de Montreuil d’où on vous a chassé avec un bulldozer et où des populations mille fois moins maudites que les Roms patientent déjà depuis des années sur une liste d’attente pour obtenir un logement social.La mairie de Montreuil n’a pas su accompagner les initiatives de la jeune et courageuse Liliana Hristache de l’association Rom Réussite qui a pétitionné, parlementé, montré son sérieux, sa détermination, son courage, qui s’est engagée nuit et jour pour tenter de dénouer cette situation infernale. Par son expérience professionnelle, Liliana connait les contraintes d’une municipalité, ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Par ses origines familiales et son engagement elle est entendue, écoutée par les familles roms. Dans cette situation de crise, plutôt que persévérer dans les méthodes brutales, c’était le moment d’innover, de permettre une sortie de crise acceptable et c’était possible avec la médiation de Liliana Hristache. Quel gâchis ! Les familles ont rompu ce « contrat » incompréhensible et sont revenues vivre, vaille que vaille, survivre à Montreuil où pour certaines, elles résidaient depuis dix ans. Etant donné qu’elles avaient rompu le « contrat d’insertion », la préfecture pouvait dès lors faire pleuvoir les OQTF, les obligations de quitter le territoire français. Les Roms étaient éliminés, bannis.Juliette Keating avait entièrement raison. Elle a tenu de jour en jour dans son blog de Médiapart une chronique précise du déroulement de ces longues semaines d’errance, de désespoir et de harcèlement qui ont abouti aux solutions « finales », les OQTF. Dès le départ, elle a su percevoir le processus d’élimination, le processus de banissement mis en œuvre à Montreuil. Elle a tenu bon, malgré les attaques violentes dont elle a fait l’objet. Les faits rapportés par Juliette Keating sont d’une exactitude absolue. Son blog, tel un journal de route constituera pour les historiens, les sociologues un document source de première main, un témoignage irremplaçable sur la vie et les misères des Tsiganes au vingt-et-unième siècle, à Montreuil près de Paris, en France.Dans l’ouvrage de Gérard Davet et Fabrice Lhomme « Un président ne devrait pas…», paru ces jours-ci aux éditions Stock, le Président de la République a confié aux deux journalistes que "les élus de gauche et du Parti communiste dans le 93 nous disent en privé, il faut nous débarrasser des Roms" … Ils en sont là ces élus de gauche qui demandent au Président de la République d’organiser le nettoyage ethnique. Ils en sont là, et en même temps, ils ont un plan B.Depuis un an, depuis le 20 octobre 2015, entre les grandes municipalités dirigées par les Communistes de Montreuil, Ivry, Stains, Saint Denis, La Courneuve, Champ sur Marne etc. qui se trouvent être des villes concernées par les implantations de bidonvilles et le Préfet de Région Ile de France, Mr Carenco, c'est le bras de fer, c'est un violent rapport de force au sujet de la question rom.Au cours de la conférence sur les campements illicites en Ile de France, tenue en préfecture de Région le 20 octobre 2015, Philippe Bouyssou, maire PCF d’Ivry, rappelait que le 115 était asphyxié, que le Samu social était débordé et que la seule solution durable pour résorber les bidonvilles consistait à construire des villages d’insertion, refaire ce qu’on avait fait à Orly quelques années auparavant. Et pour ce faire, mobiliser les fonds européens…Or, le Préfet Carenco dans sa Proposition de stratégie régionale pour les campements illicites en Ile de France, rendue publique le 17 février 2016, ne va pas vraiment dans le sens des municipalités. Depuis cette publication du 17 février 2016, c’est le conflit ouvert entre les municipalités et  le préfet de Région. Le Parti Communiste au mois de juin 2016 a consacré une partie de son 37ème congrès à notre petit peuple rom et au préfet Carenco, lequel a fait l’objet d’une attaque virulente et d’un communiqué pas vraiment charitable pour demander son dessaisissement et pour exiger que « le rendu des groupes de travail se fasse sous l’autorité d’un ministre de la République et non d’un préfet sujet aux dérapages. » http://congres.pcf.fr/77019Cette guerre ouverte a sans doute des raisons compréhensibles quant à la volonté et au besoin de trouver de l’argent afin de construire du logement social. Néanmoins, dans les communications du Parti communiste relatives aux Roms,  celle de la conférence d’octobre 2015, celle du Congrès en juin 2016, celle que l’on peut lire sur le site de la Mairie de Montreuil  en date du 14 septembre 2016, on voit apparaitre et réapparaitre avec insistance cette demande pour construire des villages d’insertion.http://www.montreuil.fr/outils/actualites/article/des-solutions-de-relogement-pour-les-familles-du-250-boulevard-de-la-boissiere/ C’est peut-être là qu’il faut aller voir, qu’il faut demander des éclaircissements, c’est le détail auquel il faut probablement rester attentif, c’est le fonctionnement et les financements d’un village d’insertion qu’il faut déchiffrer (ça brasse beaucoup d’argent) quand on veut essayer de comprendre le blocage de la mairie de Montreuil, son attitude inflexible, son refus de négocier la moindre tolérance à l’égard des Roms depuis le 28 juillet 2016, soit quelques semaines seulement après le 37ème congrès.Ces municipalités dirigées par des élus communistes auraient-elles grand besoin de ces villages d’insertion pourvoyeurs d’emploi, de travaux d’implantation, à un moment ou des nombreux chargés de missions communistes tout à fait capables de travailler dans la médiation, le conseil, le coaching, le management sont au chômage depuis les pertes importantes  aux dernières municipales ?Et pour remettre du carburant dans les rouages, aurait-on pris les Roms en otage ? C’est peut-être là qu’il faut rechercher l’origine de la chicane et du malheur qui en découle. Une partie de la réponse pourrait être contenue dans l’article de Jérémie Lamothe paru dansLibération le 18 janvier dernier   : http://www.liberation.fr/france/2016/01/18/montreuil-nouveau-maire-vieilles-recettes_1427279Voilà ce qui se passe à Montreuil et qui pourrait se reproduire à maintes reprises dans les villes dirigées par les élus communistes en Ile de France car ils en sont là, les Marx brothers.https://blogs.mediapart.fr/jacques-debot/blog/151016/romstorie-montreuil-les-roms-zero

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